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MAROC

Redynamisation du mouvement associatif

Plate forme du Forum marocain des alternatives Sud (FMAS)

Lundi 14 mai 2007

I. CONTEXTE

Diminué par une conjoncture économique défavorable, mais aussi et surtout par une gestion catastrophique des biens publics, le Maroc accepte l’application de programmes d’ajustements structurels imposés par le Fond monétaire international et la Banque mondiale. L’impact négatif de ces réformes sur la population donne lieu, durant les années 1981, comme partout ailleurs où le PAS a fait ses ravages, à des émeutes à travers le pays.

Ce n’est qu’à la fin de cette décennie, sous des pressions internes et externes que le régime est mis devant la nécessité d’initier des changements allant dans le sens d’une démocratisation des structures et des moyens de gestion du secteur public.

Cependant l’héritage économique et social est lourd. Que l’on prenne, comme critère d’évaluation, la nourriture ou l’enseignement, l’infrastructure sanitaire ou le produit intérieur brut par habitant, le Maroc se situe largement derrière l’Algérie et la Tunisie, l’Egypte et la Syrie : il est classé au 124ème rang sur 174 pays.

Les statistiques sur la population de 2001 annoncent 29 millions d’habitants dont 50,8 % sont des femmes, 52, 4% des citadins et 35% les moins de 15 ans. Cette population de jeunes reste une donnée démographique importante et met le Maroc devant des défis permanents en matière d’emploi, de logement et de satisfaction des besoins essentiels. Le chômage atteint 20% sur l’ensemble du pays avec 30% chez les moins de 25 ans et une incidence plus forte chez les femmes. Les retombées sociales du PAS restent aujourd’hui encore très lourdes. Le poids de la dette externe mais également interne est très important et entrave fortement tout investissement public. Le prélèvement qu’il constitue sur le budget de l’état ( 30%) avec les 50% du budget de fonctionnement et les 15% destinés aux coûts de compensation des denrées alimentaires de base, réduisent à 15% la part réservée à l’investissement et à l’amélioration des indicateurs sociaux, ce qui est très peu devant les défis à relever .

C’est ainsi que 1/3 de la population vit au dessous du seuil de pauvreté. La population vulnérable avoisine les 50 % et le milieu rural abrite 70% des pauvres, qui s’en remettent principalement à une agriculture de subsistance de faible productivité. Plus des deux tiers des ruraux n’ont pas accès à l’eau potable, et plus des trois quart ne disposent pas d’électricité. Plus nombreux sont encore les ruraux qui n’ont pas accès aux soins de santé, et 3 % seulement bénéficient d’une couverture sociale.

De fortes disparités sont enregistrées entre les différentes régions, entre les milieux urbain et rural, entre les différentes classes sociales et entre les hommes et les femmes. Dans les domaines de l’éducation, de l’alphabétisme, de l’eau de réseau et de l’électrification rurale, la zone rurale la plus avantagée n’atteint pas le degré d’accessibilité relevé dans la zone urbaine la plus défavorisée.

Enfin, la situation des femmes est plus que préoccupante, elle est révoltante : statut juridique, mortalité maternelle, violence, analphabétisme, etc. Bref, une vulnérabilité critique qui confine les femmes dans un statut de demi citoyenne.

Cependant, il faut relever un progrès relatif dans le cadre de l’intérêt qui vient d’être manifesté à l’encontre du milieu rural, intérêt exprimé à travers la mise en oeuvre de réalisations dans le domaine de l’infrastructure et des services sociaux.

De la même manière, des efforts sont consentis dans le domaine de la lutte contre l’exclusion sociale bien qu’il faille relever leur insuffisance et les limites de l’approche adoptée ne servant pas vraiment le développement.

La volonté politique de démocratisation affichée au plus haut niveau de l’Etat est manifestée par la batterie de réforme de lois, de politiques, mises en place depuis l’arrivée du gouvernement d’alternance : charte de l’enseignement, code des libertés publiques, code électoral avec l’introduction de dispositions positives en faveur de la représentativité féminine, code du travail, recomposition du CCDH, Charte communale, etc.

Le Maroc se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. l’accession au pouvoir d’un gouvernement dit « d’alternance consensuelle », sous la présidence de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), et le changement de règne a créé un fort espoir dans le changement fondamental de la situation politique, économique, sociale et culturelle du pays. Cet espoir semble de plus en plus s’effilocher malgré les réalisations incontestables. C’est ainsi que :

la réforme constitutionnelle n’est toujours pas à l’ordre du jour,
Les promesses de réformes du régime juridique et institutionnel des droits de l’homme n’ont pas encore abouti,
la réforme du Code du Statut Personnel reste enfermée dans un débat et un référentiel religieux sans fin,
la répression des mouvements de contestation sociale et les restrictions arbitraires imposées aux libertés s’oriente vers un retour à des pratiques de répression (condamnation des rockers, répression féroces de mouvements sociaux, répression de manifestations contre la guerre , le retour aux enlèvements, la torture, l’atteinte à la liberté d’association, la poursuite à l’encontre des journalistes …),
la situation des libertés publiques est caractérisée aujourd’hui par la montée en puissance de logique sécuritaire, ainsi on assiste à l’interdiction de toute opinion, expression ou débat relatif aux « lignes rouges »,
la justice, pilier fondamental d’un Etat de droit reste sous influence et dépendante du pouvoir politique
la langue et les droits culturels amazighs ne sont pas reconnus sur le plan constitutionnel,
le processus de décentralisation des collectivités territoriales tarde à se concrétiser, dans la mesure où le contrôle de tutelle exercé par le ministère de l’intérieur, en particulier dans les communes, reste très lourd. Et vide la décentralisation de son essence fondamentale.

II. MUTATIONS

Les interrogations en cette période, concernent le rôle du citoyen dans le processus de mise en place d’une démocratie et le respect des droits. Du fait de la méfiance des générations nouvelles tant à l’égard des institutions étatiques qu’à l’égard des institutions politiques, la société civile, à travers une de ses émanations organisées, les associations, qui s’inscrivent dans une dynamique de lutte pour la démocratie, est appelée à réfléchir et à mettre en place une nouvelle conscience et une nouvelle pratique pour un projet social.

Les formes de participation de la jeunesse dans les quartiers, à la campagne ; la pression des associations de femmes et des droits humains sur les instances politiques, les associations de défense de l’environnement, les campagnes d’éducation au civisme, laissent espérer une nouvelle culture politique, un autre rapport à l’Etat.

Nous sommes en face de nouvelles formes de participation, d’une mutation des modes de représentation, mais aussi d’une reformulation des rapports de solidarité. et un autre rapport du citoyen au politique.

1- la centralité des droits de l’homme et des libertés publiques dans les débats politiques,. L’engagement solennel du gouvernement et du palais en faveur de la protection et de la promotion des droits humains renforce le sentiment que des progrès ont été accomplis au cours de la décennie écoulée sur un certain nombre dossiers,

2- la perception de la problématique du développement s’inscrit désormais dans une logique de partenariat et de coresponsabilité,

3- le désengagement de l’Etat comme « choix stratégique irréversible »,

4- L’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs, qui s’insurge contre l’économie de rente et qui se veut un acteur du changement social. Les acteurs économiques se disputent désormais au Maroc la prépondérance dans l’espace public, dans une logique d’ascension sociale et de recomposition de la classe dominante.

5- l’élargissement de la participation de la société civile, à travers les ONG, qui connaissent de plus en plus de vitalité.

III. ENTRAVES AU DÉVELOPPEMENT DES ASSOCIATIONS

Les mouvements sociaux démocratiques sont confrontés à plusieurs obstacles et résistances à l’édification de la démocratie,& :

1- Le makhzen comme mode d’organisation et de gestion archaïque et anti-démocratique

2- Le mouvement intégriste : il ne s’agit nullement d’un simple accident de parcours. La période est marquée par la montée des mouvements identitaires, populistes et intégristes de toute nature.. Et cette tendance n’est pas propre au Maroc. Par ailleurs, avec les attentats terroristes du 16 mai, c’est un autre seuil qui est dépassé et les crimes commis viennent apporter une dénonciation sans équivoque de leurs commanditaires idéologiques car pendant des années et en toute impunité, les prêches et les manifestations publiques, les cassettes et les opuscules distribués au sus et au vue de tous, ont appelé au crime, à l’apostasie, à l’anathème, à l’antisémitisme, à la haine et à l’intolérance. Il s’avère par conséquent extrêmement urgent pour les démocrates de s’atteler à la définition et à la concrétisation et d’un nouveau projet social politique.

3- L’oligarchie financière internationale qui s’active fortement, avec l’habit du discours de la modernité et qui a été la première bénéficiaire de la privatisation, ne se contente pas de gagner de l’argent, elle veut gagner aussi la sympathie et l’appui des mouvements sociaux. C’est ainsi qu’elle engage une stratégie de récupération et de manipulation de ces mouvements pour en faire de nouveaux agents du néo-libéralisme.

4 - Les partis politiques qui s’accrochent au vieux monde et qui ne réalisent pas que nous sommes confrontés à un autre rapport du citoyen au politique. Toutefois, Il ne s’agit pas non plus que les partis de gauche se positionnent comme les nouveaux représentants des mouvements sociaux, leur porte-parole naturel ; il serait malsain que les partis de gauche tentent des OPA sur le mouvement social. Les mouvements sociaux ont, quant à eux, la responsabilité d’agir, de réfléchir et de mettre en débat dans la société leurs propositions à partir de leur terrain de luttes. Les espaces de débat, sans instrumentalisation, frilosité ni animosité, doivent se construire dans la conviction forte que l’existence de contre-pouvoir dans la société n’est nullement une menace, mais au contraire une nécessité absolue de la démocratie.

5- La fascination du pouvoir : une des faiblesses fondamentales des structures associatives ou politiques, c’est qu’elles cherchent davantage la légitimité du pouvoir que la légitimité des populations qu’elles sont censées défendre contre justement les dépassements et les exactions du pouvoir. Cette fascination du pouvoir (pouvoir politique et pouvoir de l’argent) est fragilise le mouvement de lutte pour les droits politiques, économiques et sociaux et risque à terme de vider le mouvement associatif de son apport à la construction démocratique.

6- La réflexion à courte échéance, Le local prime sur le global et le terrain devient propice au développement du populisme renforcé en cela par la carence démocratique et la pauvreté endémique.

7- Un manque de savoir faire. Ce manque d’expertise doublé de dilettantisme freinent considérablement le développement des associations et génère un type de gestion basé sur la personnalisation du pouvoir et le manque de transparence dans la gestion.

8- La faible (sinon inexistante) communication tant interne qu’externe.

9- La gestion informelle La gestion est souvent archaïque, non efficiente et non transparente. Cette situation s’explique par la faiblesse des moyens disponibles en général, par le fait que le mécène–leader de l’association fait l’essentiel de l’activité et par le fait que les connaissances en gestion (en particulier comptabilité et finances) sont rarement le fort des cadres associatifs. Nombreuses sont les associations qui s’adonnent aux pratiques courantes du secteur informel : pas de respect des lois sociales, pas de déclarations fiscales pour les employés permanents, qui restent pendant toute la durée de l’exercice de leur fonction sous la responsabilité juridique de l’institution. Cet état de fait génère la corruption des mœurs associatives et l’acceptation de la non primauté de la règle de droit.

10- L’esprit de clan et des rivalités partisanes avec sa tendance à l’hégémonie. Cette situation entrave la concertation intersectorielle et l’apport de toutes les potentialités pour la réalisation d’objectifs communs.

La stratégie citoyenne ne peut se concevoir sans la démocratie interne, sans la reconnaissance de la différence et sans l’efficacité et la transparence.

IV. ALTERNATIVES

Le mouvement associatif est confronté aujourd’hui, à trois stratégies à la fois imbriquées et contradictoires :

1- Une stratégie néo-libérale qui vise à favoriser l’inflexion vers un marché subventionné et le renforcement des mécanismes de la logique marchande où la pérennité de la structure associative est liée principalement à une culture gestionnaire .

2- Une stratégie social-étatique : Après le désengagement de l’Etat, les associations ont été confrontées à une logiques de dispositifs dont les conséquences ont été le plus souvent l’instrumentalisation, voire la marginalisation. Elles ont été davantage considérées comme des auxiliaires des pouvoirs publics que comme des partenaires.

3- Une stratégie solidaire et citoyenne qui vise l’émergence d’un réel contre pouvoir. Comment faire de l’acte citoyen, dans sa richesse et le respect de sa diversité, pour reprendre l’expression de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme « le droit à la résistance à l’oppression » ?. La revendication des droits se construit dans la pratique du contre pouvoir. Or, cette stratégie est d’autant plus difficile à renforcer que le mouvement associatif présente des faiblesses intrinsèques.

V. DÉFIS

La banalisation des partis rend plus forte l’actualité de la construction d’un nouvel espace politique correspondant aux avancées du mouvement citoyen et à la construction de nouvelles modalités du rapport entre le mouvement social et le politique. Les dynamiques sociales jouent un rôle important dans la construction de cet espace. le tissu associatif a réussi le tour de force :

1- d’élever la question des femmes au niveau du débat national. Un long parcours reste à faire face au viol et aux violences dont les femmes sont victimes, face au déni de leur droit à l’égalité et à l’équité,

2- de faire des dossiers des violations graves des droits de l’homme un enjeu politique qui remet en cause les fondements de l’Etat despotique et répressif,

3- de briser le carcan de la peur et du tabou au sujet de la corruption. Encore qu’à ce niveau, le risque de la banalisation reste fortement posé et le défi est de faire de la lutte contre la corruption non seulement une question d’éducation et de sensibilisation des citoyens, mais une véritable bataille contre l’impunité économique et la sauvegarde des biens publics,

4- de réaliser des projets prodigieux sur le plan économique, éducatif, sanitaire…Mais la question reste posée du comment transformer ces actions en une force de réappropriation du pouvoir par les populations . 5- d’engager une dynamique pour la protection des biens publics à la suite des scandales des détournements des deniers publics au CIH et à la CNSS…,

6- D’engager un mouvement de regroupement et de protestations des associations de défense de l’environnement. Tous ces mouvements, qu’il serait fastidieux d’énumérer contribuent à l’invention des valeurs d’émancipation et à la définition des programmes alternatifs.

Toutefois, des questions légitimes restent posés :

1- le mouvement social pourra-t-il réussir le coup de force de contribuer à l’édification d’un état de droit respectueux des droits et devoirs des personnes et des groupes et ce dans un contexte de fragmentation du champ politique et syndical ?,

2- comment penser le débat stratégique et les formes d’organisation à l’échelle mondiale ?

3- n’est-il pas urgent, dans la lignée du Forum social européen de Florence, d’ouvrir un débat sur la relation entre partis politiques et mouvements sociaux dans la perspective de la constitution d’un bloc pour la défense des valeurs démocratiques ?

4- comment construire au sein du mouvement associatif des modes de fonctionnement démocratique, des modes de régulation des enjeux de pouvoir qui soient en avance sur les partis ? C’est de cette démocratie que nous puisons notre légitimité pour un monde de coopération et non de confrontation ,

5- comment dépasser l’éclatement du mouvement associatif pour donner une réelle visibilité à un projet social et politique tout en sauvegardant notre identité et notre autonomie.

VI. MISSION, OBJECTIFS ET STRATÉGIE

1. Mission

Le « Forum des Alternatives Sud » a pour vocation première de contribuer à ériger un mouvement social démocratique, citoyen, fort et autonome. Il se définit comme une association de défense et de promotion des droits économiques, politiques, sociaux, civiques et culturels des groupes et des individus, sans distinction raciale, ethnique, linguistique, religieuse, sexuelle etc.

2. Stratégie

En tant qu’organisation non gouvernementale, le FMAS inscrit son rôle dans le combat d’ensemble pour le respect des Droits Humains et la réhabilitation de la « victime collective », des groupes en tant que tels ou la société dans son ensemble, affectés à des degrés divers par les violations des droits humains et le phénomène de l’impunité, la pauvreté, l’analphabétisme, l’exclusion sociale, politique, économique et culturelle et la privation de droit de cité etc.

La démarche du FMAS s’insère dans une perspective stratégique de planification et d’actions construites en synergie avec tous les mouvements et les acteurs concernés par la démocratie, l’équité et la justice sociale, et ce, en toute indépendance et en dehors de toute « préférence partisane ».

3. Objectifs généraux

Le FMAS visera à :

rénover les termes du débat sur le rôle du mouvement associatif pour la démocratisation de la société,
contribuer à la recherche et l’esquisse de voies appropriées et égalitaires pour un véritable partenariat avec les divers acteurs sociaux,
contribuer à la recherche et l’esquisse de voies appropriées et égalitaires pour un véritable partenariat avec les gouvernants,
mobiliser le mouvement social pour s’inscrire dans le processus global de transformation et d’édification de l’Etat de droit et de la démocratie,
contribuer à inscrire le mouvement social dans la dynamique internationale de lutte contre les effets néfastes et destructeurs de la mondialisation,
engager le mouvement social dans la mouvance internationale pour la paix,
outiller le mouvement social sur le plan de l’information et de la connaissance,
créer une synergie entre le mouvement social et le mouvement politique dans le respect de l’autonomie, de l’indépendance et des valeurs de la démocratie,
initier, appuyer et encourager toute formes d’alternatives sociales allant dans le sens de la démocratie et de la citoyenneté participative,
créer des espaces de rencontres, d’échanges et de débats pour les jeunes issus des différents secteurs sociaux (associatif, étudiant, syndical, partis politiques etc.) afin de promouvoir le rayonnement des initiatives et projets conçus pour et par les jeunes et favoriser l’insertion de la jeunesse dans les espaces de mobilisation et d’action citoyenne.

4. Moyens et modalités d’action

Tout en développant son action de plaidoyer, auprès des autorités et des acteurs politiques économiques et associatifsle FMAS œuvrera pour :

la création d’un centre permanent de formation pour les acteurs sociaux tout en militant pour la reconnaissance du statut de travail social,
la mise en place d’un centre de recherche-action sur la dynamique sociale,
la mise en place d’une structure d’intermédiation financière à même de négocier, dans le cadre d’une vision claire et dans la transparence avec les bailleurs de fonds pour le renforcement du travail de petites structures dans la proximité,
le développement d’une ligne éditoriale pour une meilleure visibilité du mouvement associatif, de l’action communautaire et un large débat conceptuel y compris une base de données sur le mouvement associatif et son poids économique et social,
le développement de synergies en direction des syndicats et des partis politiques pour agir dans le sens de la création d’espaces régionaux et thématiques pour une meilleure gestion des ressources et un plus fort impact sur les dynamiques de changement,
la conduite et la gestion de programmes d’études et d’actions de plaidoyer pour une reforme effective du régime juridique touchant le mouvement associatif en conformité avec les normes et règles du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire international et pour inciter l’Etat à mettre en place les mécanismes appropriés et efficaces de contrôle, et de prévention des violations des droits de l’hommes et des libertés fondamentales.

5. Méthodologie

En vue de l’affinement et l’approfondissement de sa réflexion et d’une plus forte pertinence de la stratégie à développer, le FMAS envisage de mener une série de rencontres. Le but de ces activités de « lancement » est d’aider à l’enrichissement et l’approfondissement de la réflexion du FMAS sur les stratégies, objectifs et modalités d’action qu’il souhaite développer à moyen terme. Elles permettront d’alimenter la réflexion, d’explorer, de prospecter et de prendre le pouls des acteurs et de l’état des lieux au Maroc en relation avec les axes thématiques de préoccupation centrale du FMAS.

Ces axes peuvent être déclinés de la manière suivante :

6. Axes de travail

6.1. Politique :

La jonction entre la réflexion et l’organisation collective en relation avec la mobilisation sociale, s’avère impérative pour repenser notre action sociale, de même que la mise en perspective internationale du mouvement social marocain devient une urgence en terme de développement de synergies et de solidarités internationales dans un contexte marqué par l’accélération du processus de militarisation et de la mondialisation néoliberale.

6.2. Réseautage et coalition

Quelques unes des entraves au rayonnement de l’action associative et de sa capacité à s’ériger en mouvement générateur de changements consistent en : une faible ouverture des acteurs associatifs les uns sur les autres, la faible communication interne et externe, ainsi que la quasi absence de projet social cohérent et global en commun. En effet, sans une vison globale et concertée des différents acteurs, les efforts de part et d’autres restent limités.

6.3. Dialogue entre les différents acteurs sociaux

Faisant face à de nouvelles formes de participation citoyenne, à des mutations quant aux modes de représentation ainsi qu’à une reformulation des rapports de solidarité, nous sommes confrontés à un autre rapport du citoyen au politique. Dans cette mouvance, le mouvement associatif doit faire une rétrospection de son parcours et réfléchir à ses relations avec les autres acteurs sociaux afin de tracer conjointement le grandes lignes des perspectives de travail en commun pour la défense des valeurs démocratiques, et ce, dans le respect de l’autonomie et des champs d’action propres à chacun.

6.4. Formation

La réflexion sur les actions de formations menées par les acteurs sociaux -mouvements associatifs, syndicats et partis politiques- au Maroc mettent en évidence la nécessité de mutualiser cette action en vue de la structurer, la professionnaliser et en assurer la pérennité.

L’apport du FMAS pourrait consister à alimenter la réflexion en vue de la mise en place d’un organe de coordination, de concertation et de consultation /Recherche-Action (experts-conseils) qui aurait comme mandat d’asseoir une structure permanente de formation visant le renforcement des capacités des acteurs de la société civile (associations, ONGs, syndicats) et des partis politiques en termes de développement démocratique participatif, planification stratégique, gestion associative, lobbying, ingénierie de projets, gestion de ressources humaines et financières, technique de concertation, de mobilisation et de communication etc.

6.5. Intermédiation financière

Afin de contribuer à faciliter l’accès au financement et défendre les choix stratégiques et l’autonomie des associations, le FMAS se propose de réfléchir sur les pistes et moyens susceptibles de permettre la mise sur pied d’une structure permanente « d’intermédiation financière » qui aurait comme mandat : le plaidoyer, la négociation et l’intermédiation auprès des institutions de financement à l’échelle locale et internationale. Il s’agirait à ce niveau d’œuvrer à assurer la pérennisation du financement des acteurs de la société civile marocaine, notamment des petites associations travaillant dans la proximité, ainsi que leur participation en tant qu’interlocuteurs et partenaires à part entière dans les choix de modèles de développement mis de l’avant.

6.6. Jeunesse

Convaincu de l’importance des échanges d’expériences et de leur effet formateur dans cette étape que traverse l’humanité et partant de l’esprit de la déclaration de Bouznika, il s’avère nécessaire de capitaliser l’expérience novatrice du Forum Social Maroc, à travers une dynamisation des alternatives sociale au niveau régionale et local.

6.7. Création d’espaces thématiques et régionaux

Face à la multiplicité d’acteurs et de concepts liés au développement, « le développement démocratique participatif » en tant que concept et vision du monde est porté aujourd’hui par peu d’acteurs, de même qu’il est approprié uniquement par une palette restreinte d’associations. En effet, les efforts sont souvent dispersés et les retombées n’atteignent pas toujours l’impact souhaité.

Partant de ce constat, il est nécessaire de renforcer des espaces de développement démocratique, de citoyenneté et de mobilisation, en vue d’influencer, d’orienter et de structurer l’action sociale au Maroc et de faire converger les efforts de telle façon à ce qu’ils se traduisent en de réels impacts et dynamiques de changements.

6.8. Etudes

Par ailleurs, et afin de garantir un meilleur ciblage des actions envisagées, deux études seront menées en préalable à l’élaboration de la stratégie d’action dans les domaines de la formation et de l’intermédiation financière.