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MOYEN-ORIENT

Les pays arabes accusent les États-Unis

Le Sommer de Riyad marque-t-il un tournant ?

Jeudi 29 mars 2007, par Pierre BEAUDET

L’Arabie saoudite, le grand allié des Etats-Unis dans la région, vient de dire à Washington que le temps était arrivé de prendre des décisions. Le Sommet des pays arabes convoqué à Riyad a conclu ses délibérations sur une dénonciation explicite de la politique américaine dans la région, tant sur la question irakienne que sur le conflit en Palestine. Une fois n’est pas coutume …

Cette prise de position pourrait briser l’immobilisme de la région face aux crises majeures qui la traversent. Le roi de la Jordanie, un autre fervent appui des Etats-Unis, a évoqué les violences meurtrières en Irak, qualifiant la présence militaire des Etats-Unis d’"occupation illégitime". "Nous, leaders de la nation arabe" devrions faire l’objet du "vrai blâme", a-t-il jugé. "Nos constants désaccords et le rejet de l’unité ont fait perdre confiance en notre sincérité et perdre espoir à la nation arabe". Il a aussi demandé à la fin de l’embargo financier contre les Palestiniens.

L’initiative de paix arabe, élaboré à Beyrouth en 2002, a été remise sur la table. Ce plan prévoit la reconnaissance d’Israël et une paix permanente avec tous les pays arabes en échange d’un retrait de l’Etat hébreu des terres conquises en 1967. Il appelle aussi à l’établissement d’un Etat palestinien avec Jérusalem Est pour capitale et à une "solution juste" concernant la question des réfugiés palestiniens. Le gouvernement israélien de M. Olmert a aussitôt rejeté cet appel.

Des motivations contradictoires

Pour les pays arabes, la crise qui ne cesse de s’aggraver dans la région est explosive. L’été dernier lors de l’agression israélienne contre le Liban, les pays arabes dont l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie ont appuyé sans le dire cette agression dans l’espoir que les Israéliens feraient le travail pour eux en écrasant la résistance libanaise. Mais le calcul a mal tourné. Hezbollah et son chef Hassan Nasrallah ont gagné et ils sont devenus les maîtres de la « rue » arabe. Entre-temps, l’Iran a marqué de très gros points en appuyant Hezbollah d’une part et en tendant la main à Hamas, un mouvement n’appartenant pas traditionnellement à la mouvance iranienne. Partout dans le monde arabe, en partie grâce aux relais que sont devenues les chaînes satellitaires, la population a compris qui était capable de tenir tête aux ambitions hégémoniques de Washington et de Tel-Aviv.

D’où le revirement de Riyad qui est davantage un signe de faiblesse des États concernés plutôt qu’un virage politique. Reste à voir les conséquences. De toute évidence, l’administration Bush est sur la sellette, non seulement face à ses allés arabes, mais à l’intérieur même où l’opinion publique est carrément hostile à la poursuite de la politique actuelle et où les membres du Congrès, pour des raisons électorales surtout, veulent se distancier de Bush. Le refus du compromis proposé par le plan Baker-Hamilton met le Président et ses alliés néoconservateurs dans une posture difficile.