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ISRAEL - PALESTINE

Les dessous du dernier bain de sang à Gaza : contrer une offensive de paix palestinienne

Dimanche 18 janvier 2009, par Norman Finkelstein

Les spéculations sur les raisons du dernier carnage perpétré par Israël depuis le 27 décembre 2008 se sont focalisées sur les prochaines élections israéliennes. La chasse aux voix a sans doute été un facteur déterminant dans cette « société à la spartiate » (Sparta-like society, ndt) animée par « la vengeance et la soif de sang » [1], pour laquelle tuer des arabes est très populaire (des sondages pendant la guerre ont montré que 80-90% des juifs israéliens étaient en faveur de celle-ci) [2].

Mais comme le journaliste israélien Gideon Levy l’a fait remarquer dans Democracy Now !, « Israël a entrepris une guerre très similaire...il y a deux ans [au Liban], alors qu’il n’y avait pas d’élections. » [3]

Quand des intérêts cruciaux sont en jeu, les élites au pouvoir en Israël déclenchent rarement des opérations de grande envergure pour des gains électoraux très minimes. Il est vrai que la décision du 1er Ministre Menachem Begin de bombarder le réacteur iraquien Osirak en 1981 était une manœuvre électorale, mais les enjeux stratégiques dans l’attaque sur l’Iraq étaient très minces ; contrairement à la croyance répandue, Saddam Hussein n’avait pas entrepris de programme d’armement nucléaire avant le bombardement [4]. Les motifs fondamentaux de l’attaque israélienne sur Gaza se trouvent ailleurs :

(1) dans le besoin pour Israël de restaurer sa « force de dissuasion », (2) dans la menace que représente une nouvelle « offensive de paix » palestinienne.

Le « souci principal » d’Israël dans cette attaque est ―comme le rapporte, en citant des sources israéliennes, Ethan Bronner (correspondant du New York Times au Moyen Orient)― de « rétablir sa force de dissuasion » parce que « ses ennemis n’ont plus aussi peur de lui qu’avant, ou n’ont pas aussi peur qu’ils le devraient. [5] » Préserver sa capacité de dissuasion a toujours pesé lourd dans la doctrine stratégique israélienne.

C’était, par exemple, la raison principale du déclenchement de la première attaque d’Israël contre l’Egypte en juin 1967. Pour justifier le massacre à Gaza, Benny Morris écrit que « beaucoup d’israéliens sentent... que les murs se rapprochent... comme ils ont pu le ressentir au début de juin 1967. [6] » Il n’y a pas de doute que le peuple israélien a dû se sentir menacé en juin 1967, mais ―comme Morris le sait très certainement― les leaders israéliens n’ont, eux, connu aucune inquiétude. Le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait déclaré le détroit de Tiran fermé à tous les arrivages israéliens.

Mais Israël n’utilisait pratiquement pas le passage (à part pour faire passer de l’huile, dont il avait de très larges réserves) et, de toute façon, Nasser, sur le terrain, n’avait pas renforcé le blocus.

Des bateaux traversaient librement le détroit quelques jours après l’annonce de sa fermeture. Il est important d’ajouter qu’après enquête, des agences du renseignement américain avaient concluent que les égyptiens n’avaient aucune intention d’attaquer, et que dans le cas improbable où ils le feraient, seuls ou en collaboration avec d’autres pays arabes, Israël n’aurait aucun mal ―selon les mots mêmes du président Lyndon Johnson― « à leur botter le cul » (« whip the hell out of them »).

Le 1er juin 1967, le commandement du Mossad déclara à des officiels américains qu’il n’y « avait aucune différence entre les USA et Israël sur le plan des renseignements militaires et de leurs interprétations. [7] »

La menace pour Israël était plutôt la prise de conscience grandissante des pays arabes, insufflée par le nationalisme radical de Nasser et amplifiée par son acte de défiance en mai 1967, qu’ils n’auraient plus à suivre les ordres israéliens. Par conséquent, le Commandant Divisionnaire Ariel Sharon a assuré aux membres du cabinet israélien qui hésitaient à attaquer qu’Israël était en train de perdre « sa force de dissuasion... notre arme principale ―la peur de nous » [8]. Israël a donc déclenché, en juin 1967, une guerre « pour restaurer la crédibilité de la force de dissuasion israélienne » (Zeev Maoz, analyste stratégique d’Israël) [9].

L’expulsion de l’armée d’occupation israélienne par le Hezbollah en mai 2000 a posé un problème majeur à la force de dissuasion israélienne. Le fait qu’Israël ait subi une humiliante défaite, célébrée à travers le monde arabe, a rendu une nouvelle guerre presque inévitable. Israël a planifié sa revanche presque immédiatement après, et, à l’été 2006, y a trouvé un prétexte dans la capture par le Hezbollah de deux soldats israéliens (beaucoup d’autres on été tués au combat) que le mouvement islamique proposait d’échanger contre des prisonniers libanais enfermés par Israël. Et, bien qu’Israël ait fait intervenir sa force aérienne et se soit préparé à une intervention terrestre, il a encore connu une cinglante défaite.

Un analyste militaire, bien que pro-israélien, a néanmoins conclu que l’ « IAF (Force Aérienne Israélienne), la branche de l’armée qui était autrefois capable de détruire une flotte adverse en quelques jours, s’est non seulement montrée incapable d’arrêter les tirs de roquettes du Hezbollah, mais s’est également trouvée dans l’incapacité de lui infliger assez de dégâts pour en empêcher un rétablissement rapide », et qu’« une fois que les forces terrestres sont entrées sur le territoire du Liban, elles n’ont pas réussi à prendre les positions fortes du Hezbollah, même celles proches de la frontière » ; qu’ « en termes d’objectifs israéliens, les soldats enlevés n’avaient été ni récupérés, ni relâchés ; les tirs de roquettes du Hezbollah n’ont jamais été stoppés, et sa force de frappe à longue portée n’a pas été détruite... ; et les forces israéliennes ont été fortement ébranlées et diminuées par un adversaire capable et bien équipé » ; et que « plus de troupes, et une force terrestre plus importante, auraient apporté un résultat différent, mais qu’on ne peut se baser ni sur des faits historiques, ni sur aucun exemple pour dire que cela aurait permis une victoire décisive face au Hezbollah. » [10]

Après cette guerre, Israël brûlait de se frotter à nouveau au Hezbollah, mais n’avait aucune option militaire pour le faire. Au milieu de l’année 2008, Israël a désespérément essayé d’entrainer les USA dans une attaque conte l’Iran, qui décapiterait par la même occasion le Hezbollah, remettrait le principal challenger à sa place et rétablirait l’hégémonie d’Israël sur la région. Israël et ses émissaires non-officiels comme Benny Morris, ont alors menacé que si les USA ne les suivaient pas, « des armes non-conventionnelles devront être utilisées » et que « de nombreux iraniens innocents mourront. » [11]

Au grand regret d’Israël, l’attaque ne s’est jamais matérialisée et l’Iran a tranquillement poursuivi son chemin, alors que la crédibilité de la capacité israélienne à terroriser subissait un nouvel accroc. Il était alors grand temps de trouver une cible sans défense à éradiquer. Entrer dans Gaza, le stand de tir préféré d’Israël. Même là-bas, le mouvement islamique avec son arsenal fébrile a résisté au diktat israélien en juin 2008, obligeant même Israël à accepter un cessez-le-feu.

Pendant la guerre de 2006 au Liban, Israël a ravagé la banlieue sud de Beyrouth, connue sous le nom de Dahiya, où le Hezbollah emportait un fort soutien populaire. Récemment, des officiers israéliens ont commencé à faire référence à la « stratégie Dahiya » : « nous devons pulvériser les 160 villages shiites [au Liban] qui ont été transformés en bases militaires shiites », a expliqué le Commandant en chef de l’IDF (Forces de Défense Israéliennes), « et nous ne devons faire preuve d’aucune pitié quand il est question de frapper les infrastructures nationales d’un état qui, sur le terrain, est dirigé par le Hezbollah. »

En cas d’hostilités, un colonel réserviste de L’institut Israélien d’Etudes pour la Sécurité Nationale ajoute, Israël doit « agir immédiatement, de façon décisive, avec une force disproportionnée... Le but d’une telle réponse est de sanctionner et d’infliger un maximum de dégâts qui obligeront un processus de reconstruction long et coûteux. »

Cette nouvelle stratégie serait mise en œuvre contre tous les adversaires régionaux d’Israël qui sortiraient du cadre ― « Les palestiniens sont tous Khaled Mashaal, les libanais sont tous Nasrallah et les iraniens sont tous Ahmadinejad ». Gaza était la cible principale pour la sanglante stratégie de Blitzkrieg [12]. « Dommage que cela ne ce soit pas passé directement après le retrait des collons Israéliens de Gaza en 2005 » s’est lamenté un célèbre journaliste israélien. “Si nous avions immédiatement adopté la stratégie Dahiya, nous nous serions épargnés beaucoup de tracas. » [13]

Et si pour l’instant la stratégie Dahiya n’a pas pu être employée contre l’Iran ou le Liban, tout porte à croire qu’elle a été testée sur Gaza. Les objectifs opérants derrière l’offensive sur Gaza peuvent être décelés dans les déclarations faites une fois que la guerre a été déclenchée : « Ce que nous avons à faire est d’agir systématiquement dans le but de punir toutes les organisations qui tirent des obus de mortier et des roquettes, ainsi que les civils qui leurs viennent en aide ou les cachent. » (Général de division réserviste) ; « Après cette opération il ne restera pas un bâtiment du Hamas debout à Gaza » (Chef de Section de l’IDF) ; « Tout ce qui est affilié au Hamas est une cible légitime. » (Porte Parole de l’IDF.) [14]

Alors qu’Israël avait tué 55 libanais dans les deux premiers jours de la guerre de 2006, les médias israéliens ont exultés devant la version israélienne du « shock and awe » [15] (Maarity) [16] alors que 300 palestiniens ont été tués dans les deux premiers jours de la dernière guerre. Après plusieurs jours de massacre, un analyste stratégique israélien bien informé, a observé que « l’IDF, qui a planifié l’attaque des bâtiments et des sites habités par des centaines de personnes, et ne les a pas exhorté à partir mais ont tenté d’en tuer un maximum, et ont réussi. » [17] Morris pouvait difficilement cacher sa fierté face au « très efficace assaut aérien israélien contre le Hamas. » [18] Le journaliste israélien B. Michael a été moins impressionné par le déploiement d’hélicoptères et d’avion de chasse « au dessus d’un prison géante pour tirer sur la population. » [19] ― par exemple, « 70 officiers de police pendant leur remise de diplôme, des jeunes hommes en quête d’une source de revenus qu’ils pensaient avoir trouvée dans la police et qui ont, à la place, trouver la mort. » [20]

Alors que la lumière était faite sur le massacre, les commentateurs israéliens se vantaient que « Gaza était au Liban ce que la deuxième session était à un examen ― une seconde chance de réussir, » et que cette fois, Israël avait « renvoyé Gaza dans le passé », pas 20 en arrière comme il avait été promis au Liban, mais « jusque dans les années 40. L’électricité n’est disponible que quelques heures par jour » ; qu’ « Israël a recouvré ses capacités de dissuasion » parce que « la guerre à Gaza a permis de rectifier les défauts de la guerre du Liban (2006) » ; et qu’ « il n’y a pas de doute que Hassan Nasrallah, le leader du Hamas, doit être bouleversé ces jours-ci.... Il n’y aura plus aucun arabe au monde qui pourra dire qu’Israël est faible. » [21]

Au-delà de restaurer sa capacité de dissuasion, l’objectif principal d’Israël est de contrer la menace représentée par la modération palestinienne. Depuis trente ans, la communauté internationale a constamment supporté une résolution du conflit israélo-palestinien prônant une solution à deux États basée sur le retrait total d’Israël aux frontières de juin 1967, et une « solution juste » à la question des réfugiés basée sur le droit au retour et à la compensation. Le résultat du vote annuel de la résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies, appelée « Pour une solution pacifiste de la question de la Palestine », qui soutient ces propositions, a été, pour l’année 2008, de 164 pour, 7 contre (Israël, USA, Australie, les Iles Marshall, Micronésie, Nauru, Palau), et 3 abstentions. Dernièrement, le Hamas a fait part de sa volonté de rejoindre le consensus international.

En mars 2008 par exemple, Khalid Mishal, à la tête du Bureau Politique du Hamas, a déclaré dans un entretien :

« Il existe une opportunité de régler ce conflit autrement que comme le fait aujourd’hui Israël, soutenu par les USA. Il existe une opportunité d’obtenir un consensus national palestinien sur un programme politique fondé sur les frontières de 1967, et au sein duquel, et c’est une circonstance exceptionnelle, la plupart des forces palestiniennes, le Hamas y compris, accepte un État dans les frontières de 1967... Il y a aussi un consensus arabe sur cette question, et c’est une situation historique. Mais personne ne profite de cette opportunité. Personne ne bouge dans le sens d’une coopération avec cette opportunité. Même ce minimum que palestiniens et arabes ont accepté, a été rejeté par Israël et les USA. » [22]

Israël sait très bien que la Charte du Hamas n’est pas un obstacle insurmontable à une solution à deux États sur les frontières de 1967. « Les leaders du Hamas ont reconnu que leur but idéologique n’est pas réalisable et ne le sera pas dans un futur proche », a récemment fait remarquer un ancien dirigeant du Mossad. « Ils sont prêts et souhaitent la mise en place d’un État palestinien dans les frontières temporaires de 1967.... Ils savent que du moment où un État palestinien sera établi avec leur participation, ils seront obligés de changer les règles du jeu : ils devront prendre un chemin qui les éloignera de leurs objectifs idéologiques de départ. » [23]

Il faut ajouter que d’après une source officielle israélienne, le Hamas « s’est appliqué à respecter le cessez-le-feu » auquel il s’était engagé avec Israël en juin 2008, en dépit du non-respect d’Israël de la condition de la trêve, qui était l’allègement de l’embargo économique sur Gaza. « La trêve a été violée de façon sporadique par des tirs de roquettes et de mortier effectués par des organisations terroristes clandestines », continue la source officielle. « Au même moment, le Hamas a essayé d’empêcher ces organisations de violer le cessez-le-feu. » [24] De plus, le Hamas « souhaitait renouveler la situation de calme relatif avec Israël » (Yuval Diskin, dirigeant du Shin Bet) [25].

Le mouvement islamique avait donc prouvé qu’il tenait sa parole et qu’il méritait la confiance, ce qui en faisait un partenaire crédible pour des négociations, tandis que sa capacité à obtenir certaines concessions israéliennes (au contraire de l’exsangue Autorité Palestinienne qui se soumet à Israël sans rien obtenir en retour), renforçaient son statut au sein de l’opinion publique palestinienne. Ces évolutions représentaient un véritable désastre pour Israël.

Il ne pourra plus justifier sa négation du Hamas, et la pression internationale, en particulier des européens, ne saurait tarder à se faire plus forte pour exhorter Israël à négocier. La perspective de l’arrivée, à la tête des États-Unis, d’une administration prête à négocier avec l’Iran et le Hamas, et plus proche du consensus international pour la résolution du conflit israélo-palestinien, que certains politiques américains prônent désormais [26], exacerberait l’intransigeance d’Israël. Dans un scénario alternatif, élaboré par le leader du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah, le gouvernement américain entrant projetterait d’organiser une conférence de paix internationale réunissant « américains, israéliens, européens, et ceux qu’on appelle arabes modérés » pour imposer une résolution du conflit. Le seul obstacle est « la résistance palestinienne et le gouvernement du Hamas à Gaza », et « se débarrasser de cet obstacle branlant est...le véritable objectif de la guerre. » [27]

Dans tous les cas, Israël devait provoquer le Hamas pour qu’il rompe le cessez-le-feu, et puis le radicaliser ou le détruire, éliminant du même coup un interlocuteur légitime pour des négociations. Ce n’était pas la première fois qu’Israël se retrouvait face à une telle situation, et pas la première fois qu’Israël s’est engagé dans la provocation et la guerre pour s’en sortir.

Au milieu des années 1970, le commandement de l’OLP a commencé à supporter la solution à deux États dans les frontières de 1967. En plus, l’OLP, depuis ses quartiers généraux au Liban, respectait scrupuleusement une trêve négociée en juillet 1981 avec Israël. [28]

En août 1981, l’Arabie Saoudite a dévoilé un plan de paix, que la Ligue Arabe approuva par la suite, basé sur une solution à deux États [29]. La réaction d’Israël arriva en septembre 1981, quand il accéléra son projet de destruction de l’OLP [30]. Dans son analyse de la construction de la guerre du Liban de 1982, l’analyste stratégique israélien Ayner Yaniv, notait que Yasser Arafat envisageait un compromis historique avec « l’État sioniste », alors que « tous les cabinets israéliens depuis 1967 » ainsi que les « principaux leaders » refusaient la création d’un État palestinien.

Craignant les pressions diplomatiques, Israël œuvra à saboter la solution à deux États. Il a mené des expéditions punitives « délibérément disproportionnées » contre des « civils palestiniens et libanais » dans le but d’affaiblir la « branche modérée de l’OLP », de renforcer les « adversaires radicaux » d’Arafat et de garantir « l’inflexibilité » de l’OLP. Cependant, Israël a dû choisir entre deux options claires : « un glissement politique qui mènerait à un compromis historique avec l’OLP, ou une attaque militaire préventive contre l’organisation palestinienne ». Pour briser « l’offensive de paix » d’Arafat ―selon la formulation de Yaniv― Israël s’est engagé dans l’action militaire en juin 1982.

L’invasion israélienne « avait été précédée de plus d’un an de cessez-le-feu effectif avec l’OLP, » mais après les provocations meurtrières d’Israël, la dernière ayant fait au moins 200 morts (dont 60 occupants d’un hôpital pour enfants palestiniens), l’OLP a finalement riposté, causant un mort israélien [31]. Bien qu’Israël ait utilisé la riposte de l’OLP comme prétexte à son invasion, Yaniv conclura que la « raison d’être [32] de l’ensemble de l’opération » était « de détruire l’OLP en tant que force politique capable de revendiquer un État palestinien en Cisjordanie. [33] »

Avance rapide jusqu’en 2008. La Ministre des Affaires Etrangères, Tzipi Livni, a déclaré début décembre 2008, que bien qu’Israël voulait instaurer une période temporaire de calme avec le Hamas, une trêve étendue « fait du tort au but stratégique d’Israël, renforce le Hamas, et donne l’impression qu’Israël reconnaît le mouvement. [34] » Traduction : un cessez-le-feu prolongé qui renforce la crédibilité du Hamas aurait nuit au but stratégique d’Israël de garer le contrôle de la Cisjordanie.

C’est aussi tôt qu’en mars 2007 qu’Israël avait décidé de son attaque contre le Hamas, et il avait négocié la trêve de juin uniquement parce que « l’armée avait besoin de temps pour se préparer. » [35]

Une fois que toutes les pièces ont été en place, il ne manquait plus qu’un prétexte à Israël. Le 4 novembre, alors que les médias américains avaient les yeux rivés sur les élections, Israël a brisé la trêve en tuant 7 militants palestiniens (meurtres justifiés par la discutable raison que le Hamas creusait des tunnels pour prendre en otages des soldats israéliens), en sachant très bien que cette opération aller provoquer le Hamas et l’obliger à riposter.

« Les tunnels creusés la semaine dernière, pour, apparemment, prendre des soldats israéliens en otages, » rapporte le Haaretz mi-novembre, « ne représentaient pas un danger clair et immédiat : leur existence était connue et leur usage aurait pu être évité du côté israéliens, ou au moins, les soldats en poste à côté auraient pu, tout simplement, être éloignés du danger. Il est impossible de déclarer que ceux qui ont décidé de faire exploser les tunnels l’ont fait sans arrière-pensée. Le commandement militaire était tout à fait conscient des implications de cet acte, tout autant qu’il est clair que la politique de « l’entrée contrôlée » dans une partie étroite de la bande de Gaza mène au même résultat : la fin de la trêve. C’était une manœuvre politique, pas une décision tactique d’un commandant sur le terrain. [36] »

Après la reprise prévisible des tirs de roquettes du Hamas « en guise de riposte » (Centre d’Information du Terrorisme et du Renseignement Israélien) [37], Israël a pu entreprendre une autre invasion meurtrière pour faire échouer, une fois de plus, une nouvelle offensive de paix palestinienne.

Norman Finkelstein est auteur de 5 livres, dont Mythes et réalités du conflit Israélo-palestinien, Beyond Chutzpah et L’industrie de l’Holocauste qui ont été traduits dans plus de 40 langues. Il est fils de survivants de l’Holocaust. Plus de textes, d’articles, de vidéos sur son site internet : www.normanfinkelstein.com

Notes :

[1] Gideon Levy, “The Time of the Righteous,” Haaretz (9 January 2009)
[2] 29 December 2008 ; http://www.democracynow.org/2008/12....
[3] Richard Wilson, “Incomplete or Inaccurate Information Can Lead to Tragically Incorrect Decisions to Preempt : The example of OSIRAK,” paper presented at Erice, Sicily (18 May 2007 ; updated 9 February 2008 ; http://www.normanfinkelstein.com/ar....
[4] Ethan Bronner, “Israel Reminds Foes That It Has Teeth,” New York Times (29 December 2008).
[5] Benny Morris, “Why Israel Feels Threatened,” New York Times (30 December 2008).
[6] “Memorandum for the Record” (1 June 1967), Foreign Relations of the United States, vol. XIX, Arab-Israeli Crisis and War, 1967 (Washington, DC : 2004).
[7] Tom Segev, 1967 : Israel, the war, and the year that transformed the Middle East (New York : 2007), p. 293, mon accentuation.
[8] Zeev Maoz, Defending the Holy Land : A critical analysis of Israel’s security and foreign policy (Ann Arbor : 2006), p. 89.
[9] William Arkin, Divining Victory : Airpower in the 2006 Israel-Hezbollah war (Maxwell Air Force Base, AL : 2007), pp. xxv-xxvi, 54, 135, 147-48.
[10] Benny Morris, “A Second Holocaust ? The Threat to Israel” (2 May 2008 ; http://www.mideastfreedomforum.org/....
[11] Le blitzkrieg (terme allemand, « guerre éclair ») désigne une offensive à vocation stratégique caractérisée par l’emploi massif de chars coopérant avec l’aviation et des unités terrestres spécialisées (ndt)
[12] Yaron London, “The Dahiya Strategy” (6 October 2008 ; http://www.ynetnews.com/articles/0,...) ; Gabriel Siboni, “Disproportionate Force : Israel’s concept of response in light of the Second Lebanon War,” Institute for National Security Studies (INSS), 2 October 2008.
[13] “Israeli General Says Hamas Must Not Be the Only Target in Gaza,” IDF Radio, Tel Aviv, in Hebrew 0600 gmt (26 December 2008), BBC Monitoring Middle East ; Tova Dadon, “Deputy Chief of Staff : Worst still ahead” (29 December 2008 ; http://www.ynetnews.com/articles/0,...) ; http://www.btselem.org/English/Gaza....
[14] Terme utilisé par les américains pour qualifier leur intervention en Iraq en mars 2003 ; littéralement « choc et terreur mêlée d’admiration », ndt
[15] Seumas Milne, “Israel’s Onslaught on Gaza is a Crime That Cannot Succeed,” Guardian (30 December 2008).
[16] Reuven Pedatzur, “The Mistakes of Cast Lead,” Haaretz (8 January 2009).
[17] Morris, “Why Israel Feels Threatened.”
[18] B. Michael, “Déjà Vu in Gaza” (29 December 2008 ; http://www.ynetnews.com/articles/0,...).
[19] Gideon Levy, “Twilight Zone/Trumpeting for War,” Haaretz (2 January 2009).
[20] Amos Harel and Avi Issacharoff, “Israel and Hamas Are Both Paying a Steep Price in Gaza,” Haaretz (10 January 2009) ; Ari Shavit, “Analysis : Israel’s victories in Gaza make up for its failures in Lebanon,” Haaretz (12 January 2009) ; Guy Bechor, “A Dangerous Victory” (12 January 2009 ; http://www.ynetnews.com/articles/0,...).
[21] Mouin Rabbani, “A Hamas Perspective on the Movement’s Evolving Role : An interview with Khalid Mishal, Part II,” Journal of Palestine Studies (Summer 2008
[22] “What Hamas Wants,” Mideast Mirror (22 December 2008).
[23] Intelligence and Terrorism Information Center at the Israel Intelligence Heritage and Commemoration Center, The Six Months of the Lull Arrangement (December 2008), pp. 2, 6, 7.
[24] “Hamas Wants Better Terms for Truce,” Jerusalem Post (21 December 2008). Diskin a dit au cabinet israélien que le Hamas renouvèlerait la trêve si Israël levait le siège de Gaza, arrêtait les attaques militaires et étendait la trêve à la Cisjordanie.
[25] Richard N. Haass and Martin Indyk, “Beyond Iraq : A new U.S. strategy for the Middle East,” and Walter Russell Mead, “Change They Can Believe In : To make Israel safe, give Palestinians their due,” in Foreign Affairs, January-February 2009.
[26] Hezbollah Secretary General Sayyed Hassan Nasrallah’s Speech Delivered at the Central Ashura Council, 31 December 2008
[27] Noam Chomsky, The Fateful Triangle : the United States, Israel and the Palestinians (Boston : 1983), chaps. 3, 5.
[28] Yehuda Lukacs (ed), The Israeli-Palestinian Conflict : a documentary record, 1967-1990 (Cambridge : 1992), pp. 477-79.
[29] Yehoshaphat Harkabi, Israel’s Fateful Hour (New York : 1988), p. 101.
[30] Robert Fisk, Pity the Nation : The abduction of Lebanon (New York : 1990), pp. 197, 232.
[31] En français dans le texte
[32] Avner Yaniv, Dilemmas of Security : Politics, strategy and the Israeli experience in Lebanon (Oxford : 1987), pp. 20-23, 50-54, 67-70, 87-89, 100-1, 105-6, 113, 143.
[33] Saed Bannoura, “Livni Calls for a Large Scale Military Offensive in Gaza,” IMEMC & Agencies (10 December 2008 ; www.imemc.org/article/57960).
[34] Uri Blau, “IDF Sources : Conditions not yet optimal for Gaza exit,” Haaretz (8 January 2009) ; Barak Ravid, “Disinformation, Secrecy, and Lies : How the Gaza offensive came about,” Haaretz (28 December 2008).
[35] Zvi Bar’el, “Crushing the Tahadiyeh,” Haaretz (16 November 2008). Voir aussi,
http://www.redress.cc/palestine/uav...
[36] Zvi Bar’el, “Crushing the Tahadiyeh,” Haaretz (16 November 2008). Voir aussi,
http://www.redress.cc/palestine/uav...
[37] The Six Months of the Lull Arrangement, p. 3.

16 janvier 2009 - Article inédit - Traduction de Florent Barat


Voir en ligne : www.info-palestine.net