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Le mouvement démocratique palestinien retient son souffle

Vendredi 9 septembre 2005, par Pierre BEAUDET

Depuis l’évacuation des colons israéliens de Gaza, il règne ici en Palestine une athmosphère un peu bizarre. Wait and see, c’est ce que la plupart des gens pensent, y compris le chef de la principale opposition démocratique du pays, le docteur Mustafa Barghouti.

C’est ce médecin bien conu pour ses activités de développement social qui a surpris tout le monde en janvier dernier en remportant 20% des suffrages lors des élections présidentielles, par ailleurs remportées par le successeur désigné de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas (Abou Mazen).

Pour Barghouti, le retrait de Gaza ouvre deux scénarios possibles, l’un vers l’aggravation de la situation actuelle, l’autre vers une possible reprise du processus de paix. Certes le Premier Ministre Ariel Sharon ne cache pas ses objectifs. Le retrait de Gaza est commandé par un souci tactique d’abandonner un territoire ingouvernable ou la résistance palestinienne, malgré les efforts énormes de l’armée israélienne, n’a jamais capitulé. Et d’autre part, en bénéficiant d’une image de l’homme qui a remis la paix sur les rails, Sharon peut espérer rebâtir la réputation internationale d’un gouvernement qui a détruit, assassiné, mis à terre la société palestinienne. Avec cela, Sharon espère bien sûr consolider son pouvoir dans les sables mouvants de la politique israélienne et surtout consolider la mainmise sur la Cisjordanie.

Selon M. Barghouti, le plan inclut l’annexion de plus de 50% des territoires occupés et le fractionnement des territoires palestiniens en mini cantons ou bantoustans. Ce n’est pas nouveau, car c’est le rêve poursuivi par les diverses administrations israéliennes depuis 1948. Sharon pense qu’il vient de franchir une étape vers cela.

Pour les Palestiniens, les choix sont difficiles. « Tout le monde veut respirer et avoir un répit » explique Refaat Sabbah, l’animateur d’une ONG palestinienne qui travaille dans l’education. « Les gens sont prêts à donner un certain bénéfice du doute à Abou Mazen s’il parvient à améliorer la vie quotidienne et à faire accepter par les Israéliens un minimum de compromis. » Bien des gens sont cependant sceptiques par rapport à l’autorité palestinienne, après les désastres successifs des dernières années. De plus, Abu Mazen qui n’a pas l’aura de Yasser Arafat pourrait être débordé par des éléments enclins à la collaboration avec l’occupant, dont le redouté et redoutable Mohamed Dahlan, qui contrôle une partie importante de la bande de Gaza. « Il est financé et armé à pleine capacité par les Etats-Unis et par Israël » affirme M. Barghouti. « Si on le laisse aller, il pourrait installer une dictature féroce ».

Mais les obstacles devant lui sont nombreux, notamment le mouvement Hamas qui reste très populaire à Gaza et maintenant de plus en plus en Cisjordanie. En plus d’avoir la réputation de combattants, les militants de Hamas apparaissent pour beaucoup de gens comme un projet qui fait contraste avec la corruption prévalente dans l’autorité palestinienne. « Mais la majorité des Palestiniens », estime Barghouti, « ne sont pas d’accord avec leur projet intégriste et autoritaire. Il y aussi un sentiment que les actions armées contre les civils israéliens en plus d’être moralement inaceptables ont des effets politiques très désastreux ».

Dans les prochains jours et les prochaines semaines, le nouvel agenda politique se définira. Ou bien vers la régréssion et de nouveaux conflits. Ou bien vers la négociation. Facteur important, l’administration américaine, infatigable dans sa défense d’Israël, a manifesté son impatience devant les manoeuvres de Sharon pour agrandir les colonies de Cisjordanie tout en indiquant aux Palestiniens qu’ils devaient céder du terrain et surtout éliminer le Hamas. Effet collatéral de l’enlisement américain en Irak, cette évolution pourait jouer relativement en faveur des Palestiniens. « Mais fondamentalement », selon M. Barghouti, « la balle est dans notre camp. Il faut construire un mouvement de masse, démocratique, civil et non violent contre l’occupation, mettre l’opinion mondiale devant le fait et encourager des actions concrètes en faveur de la paix ».
C’est ce médecin bienconu pour ses activités de développement social qui a surpris tout le monde en janvier dernier en remportant 20% des suffrages lors des élections présidentielles, par ailleurs remportées par le successeur désigné de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas (Abou Mazen).

Pour Barghouti, le retrait de Gaza ouvre deux scénarios possibles, l’un vers l’aggravation de la situation actuelle, l’autre vers une possible reprise du processus de paix. Certes le Premier Ministre Ariel Sharon ne cache pas ses objectifs. Le retrait de Gaza est commandé par un souci tactique d’abandonner un territoire ingouvernable ou la résistance palestinienne, malgré les efforts énormes de l’armée israélienne, n’a jamais capitulé. Et d’autre part, en bénéficiant d’une image de l’homme qui a remis la paix sur les rails, Sharon peut espérer rebâtir la réputation internationale d’un gouvernement qui a détruit, assassiné, mis à terre la société palestinienne. Avec cela, Sharon espère bien sûr consolider son pouvoir dans les sables mouvants de la politique israélienne et surtout consolider la mainmise sur la Cisjordanie.

Selon M. Barghouti, le plan inclut l’annexion de plus de 50% des territoires occupés et le fractionnement des territoires palestiniens en mini cantons ou bantoustans. Ce n’est pas nouveau, car c’est le rêve poursuivi par les diverses administrations israéliennes depuis 1948. Sharon pense qu’il vient de franchir une étape vers cela.

Pour les Palestiniens, les choix sont difficiles. « Tout le monde veut respirer et avoir un répit » explique Refaat Sabbah, l’animateur d’une ONG palestinienne qui travaille dans l’education. « Les gens sont prêts à donner un certain bénéfice du doute à Abou Mazen s’il parvient à améliorer la vie quotidienne et à faire accepter par les Israéliens un minimum de compromis. » Bien des gens sont cependant sceptiques par rapport à l’autorité palestinienne, après les désastres successifs des dernières années. De plus, Abu Mazen qui n’a pas l’aura de Yasser Arafat pourrait être débordé par des éléments enclins à la collaboration avec l’occupant, dont le redouté et redoutable Mohamed Dahlan, qui contrôle une partie importante de la bande de Gaza. « Il est financé et armé à pleine capacité par les Etats-Unis et par Israël » affirme M. Barghouti. « Si on le laisse aller, il pourrait installer une dictature féroce ».

Mais les obstacles devant lui sont nombreux, notamment le mouvement Hamas qui reste très populaire à Gaza et maintenant de plus en plus en Cisjordanie. En plus d’avoir la réputation de combattants, les militants de Hamas apparaissent pour beaucoup de gens comme un projet qui fait contraste avec la corruption prévalente dans l’autorité palestinienne. « Mais la majorité des Palestiniens », estime Barghouti, « ne sont pas d’accord avec leur projet intégriste et autoritaire. Il y aussi un sentiment que les actions armées contre les civils israéliens en plus d’être moralement inaceptables ont des effets politiques très désastreux ».

Dans les prochains jours et les prochaines semaines, le nouvel agenda politique se définira. Ou bien vers la régréssion et de nouveaux conflits. Ou bien vers la négociation. Facteur important, l’administration américaine, infatigable dans sa défense d’Israël, a manifesté son impatience devant les manoeuvres de Sharon pour agrandir les colonies de Cisjordanie tout en indiquant aux Palestiniens qu’ils devaient céder du terrain et surtout éliminer le Hamas. Effet collatéral de l’enlisement américain en Irak, cette évolution pourait jouer relativement en faveur des Palestiniens. « Mais fondamentalement », selon M. Barghouti, « la balle est dans notre camp. Il faut construire un mouvement de masse, démocratique, civil et non violent contre l’occupation, mettre l’opinion mondiale devant le fait et encourager des actions concrètes en faveur de la paix ».