La Ramada, dans le premier anneau, a le marché le plus populeux de la ville. Là on peut obtenir depuis un paquet de vermicelles jusqu’à une mitraillette sans papiers. Où se croisent l’avenue Cañoto - zone rouge pour la commercialisation de "krack" - et Grigota se trouve le monument d’Andres Ibáñez, l’ "égalitaire", dont la tête a été coupée en 1877 pour essayer de répéter à Santa Cruz les jours de la Commune de Paris. Autour de la statue se sont réunies des milliers de personnes pour écouter le président Evo Morales, répudié par 70 pour cent des cruceños, selon une enquête de Captura Consulting. "Evo oui, Costas non", c’était le leit motiv des 20 mille paysans, indigènes et citadins recouverts de drapeaux boliviens et de ceux du Mouvement Au Socialisme (MAS). Selon la consultation, Morales serait ratifié à son poste par 59 pour cent des suffrages. Le seraient aussi le préfet de Santa Cruz, Ruben Costas ; celui de Tarija, Mario Cossio et celui du Beni, Ernesto Suarez. Ce dernier est entré hier en grève de la faim pour que le gouvernement rende aux préfectures les 30 pour cent qu’il leur a retiré de revenus de l’Impôt Direct aux Hydrocarbures (IDH).
À ce qu’il semble, celui de La Paz, Jose Luis Paredes ; celui de Cochabamba, Manfred Reyes Villa, et de Bombe, Leopoldo Fernandez - trois affiliés ou sympathisants de la Demie-lune (départements cherchant leurs autonomies), devront chercher un autre emploi. Morales a dit que "si un préfet est révoqué, je n’en mettrai pas un de manière discrétionnaire, comme le disent certains médias. Le peuple choisira dans les urnes son représentant".
Comme l’a informé le journal El Deber, Evo Morales dépassera le pourcentage des élections de 2005, quand 53,7 pour cent des électeurs l’a élu. Pour le 10 août, La Paz, où 77 pour cent lui dirait Oui, serait sa plus grande forterresse. Il serait aussi approuvé à 54 pour cent à Cochabamba ; à 67 pour cent à Potosi, et à 79 pour cent à Oruro, où il est né. Dans l’autonomique Pando, 51 pour cent approuveraient sa gestion. 41 pour cent des boliviens qui lui diraient Non se trouvent à Santa Cruz, où seul 27 pour cent l’appuierait ; 61 pour cent à Tarija, 59 pour cent à Chuquisaca (département de Sucre) et 57 pour cent dans le Beni préfèreraient avoir un autre président dans le Palacio Quemado.
Selon son expérience, le président croit qu’il peut arriver à 79 pour cent de Oui. "En 2002, ils disaient que nous allions faire 8 pour cent. Et à la fin nous avons obtenu plus de 20 pour cent. En 2005, ils disaient que nous allions avoir 32 pour cent et nous avons obtenu 54 pour cent. C’est pour cela que s’ils disent que je vais faire 59 pour cent, je crois qu’il faut l’augmenter de 20 pour cent. "
La faisabilité de ce référendum a été en doute jusqu’à vendredi, quand les neuf cours électorales (des départements) ont promis qu’elles réaliseront la consultation. Pour qu’elles obéissent, la Cour Nationale Électorale (CNE) a du changer le pourcentage avec lequel les préfets pouvaient être révoqués. Selon la loi du Congrès, les autorités partiraient s’ils obtenaient en voix négatives le même pourcentage que la victoire leur avait donné en 2005. Ainsi, le préfet de Cochabamba, Reyes Villa qui a assumé avec 48 pour cent pourrait être révoqué si 48 pour cent votait le 10 août pour le Non. Manfred était désespéré pour atteindre 53 pour cent de Oui, ce qui semblait impossible. Avec des règles aussi défavorables, plusieurs cours départementales ont évalué la loi du référendum comme "anticonstitutionnelle". La semaine passée, la CNE a décidé de modifier la loi pour que les préfets soient - dans tous les cas - révoqués ou ratifiés avec 50 pour cent plus un des votes. Par contre, pour Morales les règles sont les mêmes et il laissera la présidence seulement si 53,7 pour cent vote pour le Non.
Le cruceño Costas a 74 pour cent de soutien, selon l’enquête ; le beniano Suarez, 60 pour cent, et le préfet de Chuquisaca Cossio, 57 pour cent. Cela sera très difficile pour le préfet de La Paz, Paredes, qui n’atteindrait pas 53 pour cent ; pour celui de Pando, Fernandez (49 pour cent de Non et 48 pour cent de Oui) et pour Manfred Reyes de Cochabamba (48 pour cent de Non et de Oui). En situation semblable se trouvent les préfets pro-gouvernement de Oruro et de Potosi. Le premier, Alberto Aguilar, est aussi à 48 pour cent de Oui et de Non, le second, Mario Virreira, a 46 pour cent de Oui et 42 pour cent de Non.
À peu de rues de La Ramada, le Comité Pro Santa Cruz soutient une grève de la faim "jusqu’à ce que le gouvernement nous rende les fonds de l’IDH", a dit son président, Branko Marinkovic. Le dirigeant civique reconnaît que le référendum de dimanche "est complètement plongé dans l’illégalité". Cependant, il a soutenu : "Nous allons prendre part au vote".
Selon Morales, en 2005, la Bolivie recevait 300 millions de dollars par an pour l’exploitation des hydrocarbures. "En 2007, nous avons 1930 millions de dollars grâce à l’IDH. Ceci est une réalisation nationale. Qui ne voulait pas la nationalisation des hydrocarbures en 2005 ? Le Comité Pro Santa Cruz. Et qui était son président ?". Le public a crié : "Costas". Evo a ajouté : "Ils font la grève parce qu’ils veulent à nouveau privatiser les hydrocarbures. L’actuel président civique (Marinkovic) a le droit de faire un régime".
Sebastián Ochoa, Pagina/12, 05 août 2008.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-109058-2008-08-05.html
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