|  

Facebook
Twitter
Syndiquer tout le site

Accueil > français > Archives du site > L’arc des crises > Se tenir debout aux côtés des Palestiniens

Se tenir debout aux côtés des Palestiniens

Samedi 25 mars 2006, par Pierre BEAUDET

La catastrophe

Isolés et exclus par les politiques imposées par l’ex-Premier Ministre Ariel Sharon, les Palestiniens basculent dans la pauvreté. Plus des deux tiers des gens disposent de moins de 2 $ par jour. Le chômage dépasse 50% et un grand nombre d’enfants ne peuvent plus aller à l’école, constate l’ACDI. Les territoires sont quadrillés par l’armée israélienne et le Mur de l’apartheid qui confine les Palestiniens dans autant de prisons à ciel ouvert. Aussi en janvier lors des élections, il fallait vivre sur une autre planète pour être surpris du résultat des élections palestiniennes. 44% des Palestiniens (une grosse minorité) ont voté pour Hamas, mais surtout contre le Fatah (le parti historique de Yasser Arafat), identifié à la corruption et à l’impuissance. Les Palestiniens étaient furieux, ils étaient frustrés, mais malheureusement, leur cri du cour a été capté par Hamas.

Le non israélien à la négociation

Il y a quelques années, on rêvait de la paix. Les Palestiniens étaient prêts à céder plus de 70% de la Palestine historique en échange de ce qui leur restait à Gaza et en Cisjordanie. Il y avait une masse critique en Israël qui était prête à ce compromis, « la paix contre les territoires ». Puis tout a basculé. Le gouvernement israélien a voulu le beurre et l’argent du beurre, en accentuant la colonisation et en confinant le leadership palestinien dans un rôle de « police ». Par la suite, les kamikazes palestiniens se sont mis à tuer des innocents. Puis vint Ariel Sharon. Il a rejeté tous les appels pour la reprise des négociations. Il a ridiculisé les votes de l’ONU contre la construction du Mur et les exécutions extrajudiciaires. Il a procédé au retrait unilatéral de Gaza tout en affirmant que cette manœuvre « mettait un point final au processus de paix ». Il a accéléré la colonisation de la Cisjordanie. Et en affaiblissant son vieil ennemi, Yasser Arafat, il a préparé la victoire de Hamas. Il s’est permis tout cela parce que George W. Bush était d’accord. Le fragile édifice de la paix a été anéanti, il faut le reconstruire.

Le monde est interpellé, le Canada aussi

Sur place en Palestine, les pourparlers continuent pour mettre en place un gouvernement d’unité nationale. Explicitement, Hamas se dit prêt à jouer le jeu tout en maintenant la trêve en place depuis deux ans et qui explique, selon la police israélienne, la réduction drastique des attentats en Israël. Mais Tel-Aviv ferme la porte. George W. Bush aussi. L’Union européenne cependant refuse d’emboîter le jeu. Les Européens ne sont pas dupes, ils savent qu’ostraciser les Palestiniens ne fera que jeter de l’huile sur le feu. Ils savent aussi que la solution est claire, en conformité avec les résolutions de l’ONU : une paix juste doit mettre au premier plan la restitution des territoires occupés aux Palestiniens, ce qui comprend Jérusalem-Est où résident plus de 250 000 d’entre eux. Devant tout cela, le Premier Ministre Stephen Harper doit éviter de tomber dans le piège que lui tendent les néoconservateurs américains et les ultra-israéliens. Pour lui, c’est une occasion en or de se démarquer de ce qu’il y a de plus inacceptable à Washington. Il doit faire pression sur Tel-Aviv pour que les négociations soient reprises. Il doit maintenir l’aide au développement indispensable pour assurer en Palestine les services essentiels de santé, d’éducation, d’assistance aux démunis. Il doit s’inspirer de l’Europe et refuser d’être subordonné aux impératifs à court terme de la politique américaine. Il doit se tenir debout aux côtés des Palestiniens, sans endosser quelque violence que ce soit, de quelque côté que ce soit.