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Mobilisations contre le G-8

Résistances intactes

Dimanche 3 juin 2007

Dix fois. Dix fois depuis le G7 de Cologne, en 1998, que l’internationale citoyenne se mobilise pour faire pression sur les pays riches. Entretien ave Alexandre Polack, de l’ONG britannique Action Aid, partie prenante de la manifestation de Rostock

Faut-il repenser la confrontation habituelle sommet/contre-sommet ?

Si usure il y a, c’est surtout celle du G8. La montée de la mobilisation traduit en revanche une colère et une résistance intacte. On joue notre rôle de veille et de contrôle démocratique. On veut continuer à mettre le G8 devant ses contradictions, ses faillites. Les médias n’attendent qu’une chose : la violence. Le gouvernement allemand, lui, joue la stratégie de la peur. Mais cent mille personnes qui montrent leur visage, qui proposent, qui opposent des alternatives, c’est capital. C’est dire qu’on est autre chose que de vagues sondages qui militent pour une vraie révolte contre la pauvreté dans le monde ou s’indignent face aux dérèglements climatiques. On est la face émergée de la conscience de la société civile. Une sorte de matrice. Des réseaux et des mouvements sociaux d’Asie, d’Amérique latine, d’Afrique nous rejoignent. Et se structurent pour peser dans leurs pays. Et faire du lobbying auprès de leur propre gouvernement.

Vous avez pesé sur l’agenda, peu sur les résultats...

Cela commence à payer. Mais, c’est vrai, les promesses formulées en 2005 au G8 de Gleneagles ont été trahies. Le G8 avait promis de verser 50 milliards de dollars d’aide à l’Afrique d’ici à 2010 ? Rien qu’en 2006, il manque 8 milliards par rapport aux engagements. La France est en retard de 1,9 milliard, l’Italie de 1,8 milliard, l’Allemagne de 1,7 milliard, etc. Le G8 avait juré qu’il alimenterait le fonds mondial contre les pandémies ? Sur les 18 milliards nécessaires en 2007 pour financer les opérations, il manque au moins 8 milliards. Le peu de regain de crédibilité du G8 auprès des opinions publiques après Gleneagles est en train d’être dilapidé.

Mais le fossé entre les déclarations et les réalisations est-il quelque chose de nouveau ?

Non. Ce qui l’est, en revanche, depuis notre mobilisation, c’est l’option des G8 de prendre des engagements enfin précis, chiffrés, datés, et pas de vagues motions sur des sujets sur lesquels il n’y a pas consensus entre les grands. Lorsqu’on a rencontré le sherpa [principal conseiller diplomatique, ndlr] d’Angela Merkel, on a bien senti que le G8 cherchait à renouer avec ses vieilles lunes : la stabilité financière internationale, etc. Impossible. Sauf à faire la preuve que, définitivement, toute ébauche de gouvernance est impossible. Et que les Etats ont démissionné face à la mondialisation.