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Minuit moins cinq à Katmandu

Lundi 3 avril 2006, par Siddharth VARADARAJAN

L’opposition anti-monarchiste qui regroupe les partis parlementaires et l’insurrection maoïste prépare une nouvelle ronde de manifestations les 6-8 avril prochains dans la capitale népalaise. Le roi pour sa part promet de traiter les manifestants comme des terroristes avec l’appui des Etats-Unis. Entre-temps, l’Inde hésite à prendre clairement position.

Par Siddharth Varadarajan

(Article traduit et abrégé de l’original publié dans The Hindu, 30 mars 2006)

Jour J

Le jour J approche pour l’opposition au régime autocratique du roi Gyanendra. Le mouvement d’opposition est lancé à la fois par les Maoïstes et l’alliance des sept partis parlementaires. La monarchie qui est isolée avertit l’opposition parlementaire qu’elle ne tolèrera pas son alliance avec les Maoïstes. Les médias proches du régime répandent des rumeurs à l’effet d’infiltrations de Maoïstes armés qui viendraient semer la terreur dans la capitale.


L’opposition est unie

Le roi Gyanendra sait que l’accord conclu entre les partis parlementaires et les Maoïstes est un pas en avant décisif pour mettre fin à l’autocratie. Pour la première fois, les deux principaux acteurs politiques exigent ensemble la convocation d’une assemblée constituante qui mettrait fin à la crise politique népalaise. Dans la déclaration commune du 19 mars, on explique que « le mouvement populaire est le seul moyen pour atteindre le but, la fin du conflit et l’établissement de la souveraineté populaire sur le Népal ». Les Maoïstes n’ont pas renoncé à la violence comme les partis et l’Inde l’auraient voulu, mais ils acceptent le principe que c’est le mouvement populaire qui détermine l’étape actuelle et non la « guerre populaire ».


Les Etats-Unis avec le roi

Le 6 avril prochain, la nouvelle alliance sera donc au premier plan avec trois jours de mobilisation de masse à Katmandu. Entre-temps, les Etats-Unis via l’ambassadeur américain sur place, James Moriarty, ont publiquement dénoncé les mobilisations et averti les partis parlementaires qu’ils en paieraient les conséquences. Pour l’Inde qui a indirectement facilité la conclusion de cet accord entre les partis et les Maoïstes, le défi est très grand.

L’Inde confrontée

Quand le roi a usurpé le pouvoir le 1er février 2005, l’Inde a adopté une ligne ferme contre le monarque tout en offrant un compromis, c’est-à-dire la restauration de la démocratie à l’intérieur d’une monarchie constitutionnelle. Les responsables indiens ont cependant affirmé à plusieurs reprises, y compris lors d’une déclaration du Ministère des affaires extérieures le 8 février dernier, qu’ils allaient défendre le peuple et non les institutions s’il fallait choisir entre les deux : « la résolution de la crise au Népal exige la mise en place d’un véritable processus de réconciliation nationale, de dialogue et de participation ». Implicitement, l’Inde estime nécessaire d’inclure dans ce dialogue les Maoïstes. Mais devant l’opposition des Etats-Unis, New Delhi hésite un peu. On ne semble pas prêt à appuyer de façon implicite le mouvement pour la démocratie et encore moins les mobilisations prévues en avril.

Défi pour les Maoïstes

De leur côté, les Maoïstes, qui contrôlent la majeure partie du pays, surtout les zones rurales, ne sont pas loin d’annoncer la prolongation du cessez-le-feu qu’ils ont imposé depuis novembre et ce, pour encourager la participation la plus large possible aux manifestations pacifiques. De cette manière, ils seraient en mesure de saisir l’initiative politique en isolant le roi et en cimentant la nouvelle alliance avec les partis parlementaires.


Accord entre les partis parlementaires et le Parti communiste du Népal (maoïste)

19 mars 2006
(extraits)

Le 22 novembre dernier, les partis parlementaires et le PCN-M ont signé un premier accord pour la paix, la prospérité et l’indépendance nationale. Par la suite, cette nouvelle alliance a totalement défait le régime autocratique lors des élections municipales du 8 février… Le but de notre mouvement est la restauration du Parlement et l’organisation d’élections pour une assemblée constituante sur la base du dialogue national. Ces élections mettront fin au conflit, rétabliront la démocratie et restaureront la souveraineté populaire et le pouvoir de l’état…

Le mouvement populaire est le seul moyen pour atteindre notre but. Nous demandons à toutes les forces démocratiques, la société civile, les groupes professionnels, les groupes marginalisés et opprimés, les médias et le public de participer à ce mouvement pacifique qui pourra restaurer la souveraineté populaire à travers les élections pour l’assemblée constituante. Nous demandons à la communauté internationale de nous appuyer pour mettre fin à un conflit armé qui perdure depuis dix ans et d’en finir avec la monarchie autocratique. Des mobilisations de masse auront lieu les 6,7,8 et 9 avril à Katmandu. Le PCN-M va ses activités militaires et s’investir totalement dans les mobilisations.

Signé par : Parti du Congrès, Parti communiste népalais (unifié marxiste-léniniste), Parti du congrès démocratique, Front populaire, Parti des ouvriers et des paysans du Népal, Parti Sadhbhawana, Front uni de la gauche, Parti communiste du Népal (maoïste).