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AFGHANISTAN

Les véritables causes du conflit

Mardi 4 mars 2008, par OXFAM International

Une étude menée par l’ONG Oxfam confirme le poids des structures tribales traditionnelles dans la société afghane, et souligne l’importance des conflits de voisinage dans les violences endémiques qui affectent le pays. Plus de la moitié des personnes interrogées préfèrent cependant s’en remettre à la justice coutumière plutôt qu’à l’appareil d’état.

La terre, l’eau et les conflits familiaux sont les principales causes de l’insécurité au niveau local en Afghanistan, d’après un rapport d’Oxfam International qui appelle à une nouvelle approche destinée à apporter la paix dans le pays.

Une étude Oxfam dans six provinces d’Afghanistan montre que 50 % des Afghans citent les problèmes de terre et 43 % les questions d’eau comme étant les principales causes de conflits. Du fait de l’importance des attaches familiales et tribales, et de la facilité d’accès aux armes, ces désaccords peuvent facilement s’envenimer et générer des violences.

L’étude d’Oxfam démontre que, bien que les Afghans voient les Talibans, les seigneurs de guerre et les criminels comme étant leurs plus grandes menaces extérieures, les désaccords sur les ressources constituent la principale cause d’insécurité dans leur vie quotidienne.

En dépit de l’importance évidente du développement de la paix au niveau local, jusqu’ici les réactions nationales et internationales à l’insécurité se sont concentrées sur le déploiement militaire, et sur un travail de haut niveau ou des initiatives politiques, plutôt que sur un travail de terrain.

Matt Waldman, conseiller en matière de politique pour Oxfam International en Afghanistan, nous dit :

« Les mesures actuelles de haut niveau, destinées à promouvoir la paix en Afghanistan, ne réussissent pas. Ceci est dû non seulement au renouveau des Talibans, mais aussi au fait que l’insécurité a des causes locales, telles que les conflits liés à la terre, à l’eau et les soucis familiaux. Dans de nombreux cas, ces conflits locaux peuvent devenir violents et mener à des conflits entre factions. »

« Bien que les querelles locales ne soient pas aussi médiatisées que les Talibans, elles génèrent l’insécurité, sont dommageables pour la qualité de vie et entravent les efforts de développement. Les groupes militants et criminels peuvent également exploiter les rivalités et conflits locaux pour renforcer leurs positions. »

L’étude d’Oxfam montre que pour résoudre leurs conflits, la plupart des Afghans se tournent vers les conseils communautaires traditionnels et tribaux, connus sous le nom de shuras. Oxfam demande à ce qu’un réseau national de projets relatifs au développement de la paix puisse travailler avec les populations et les autorités locales, les shuras - afin de mettre en place la possibilité de résoudre les conflits par des techniques telles que la médiation, la négociation et le règlement des litiges.

Les projets cherchent également à améliorer la confiance et la cohésion entre les familles, les communautés et les tribus - qui constituent les piliers de la société afghane - et à les aider à mieux s’entendre entre eux.

M. Waldman dit :

« L’étude d’Oxfam montre que les Afghans se tournent souvent vers les shuras tribales ou communales pour résoudre les problèmes locaux, mais peu de choses ont été faites pour aider les shuras à trouver des solutions justes et équitables aux conflits.

Le développement local de la paix a donné d’excellents résultats, mais il ne bénéficie qu’à une fraction des Afghans, du fait qu’il a reçu très peu de soutien au niveau international. Le pays a besoin de toute urgence d’un réseau national de projets de développement de la paix. C’est une partie longtemps négligée, mais indispensable pour atteindre la paix et la stabilité en Afghanistan. »

500 personnes, dans six provinces, ont été interrogées pour l’étude Oxfam. Il leur a été demandé quelles étaient les principales causes de conflit :

50 % ont répondu la terre
43 % ont répondu l’eau
34 % ont répondu les problèmes familiaux

(Note : les personnes interrogées pouvaient donner plusieurs raisons.)

Lorsqu’on leur a demandé quelles étaient les menaces les plus importantes envers leur sécurité :

16% ont répondu les Talibans
14 % ont répondu les seigneurs de guerre
13 % ont répondu les criminels
11 % ont répondu les forces internationales

Pour résoudre un conflit :

55 % iraient auprès d’une shura tribale ou communautaire
36 % iraient voir la police
21 % iraient voir le gouverneur du district ou une autre autorité locale

Certaines organisations vouées au développement de la paix ont mis en place des « shuras de paix » afin de promouvoir une résolution plus efficace des conflits, et de rassembler les communautés et les factions.

Dans la province de Farah, un projet de développement de la paix a contribué à résoudre un conflit datant de 25 ans qui avait provoqué la mort de huit personnes. Certains projets de construction de la paix ont également mis fin à des mariages forcés, et à des violences faites à des femmes et des enfants.

Lire le rapport (en anglais seulement) : Community Peacebuilding in Afghanistan : The Case for a National Strategy


Publication originale Oxfam