Conférence de presse du Quartet : des faibles d’esprit ou simplement des cyniques ?
Ce que la secrétaire d’état américaine Condoleezza Rice a réellement dit était que les membres du Comité de suivi de la Ligue Arabe, qui inclut la Syrie, seraient invités. Ce que la plupart des comptes-rendus ont omis était le fait que les Etats-Unis devaient envoyer une invitation officielle à chaque pays, y compris la Palestine. Interrogés pour savoir si la Palestine ou le Liban seraient invités, Rice et le sécrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon sont restés confus un moment, Rice répondant finalement, « nous fournirons une liste complète des invités. »
Pressés de questions sur la conférence --- comme sa date ou son ordre du jour --- Rice, Ban, l’envoyé du Quartet, Tony Blair, et leurs collègues russes et européens n’ont rien pu répondre.
Scepticisme partagé
L’Egypte et l’Arabie Saoudite n’ont rien annoncé si ce n’est leur intention de boycotter la réunion, et le Président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré qu’il serait présent seulement si les questions essenteilles des frontières, de Jérusalem, et des réfugiés palestiniens étaient traitées. Interrogée pour savoir si ces questions seraient à l’ordre du jour, la réponse du Rice était presque explicite, mais ironiquement révélatrice : « Cela vraiment ne semblerait aucunement raisonnable que les Etats-Unis invitent des membres de la communauté internationale, des acteurs régionaux, les parties elles-mêmes en cause à participer à une réunion qui ne serait pas sérieuse et serait sans contenu et n’aborderait pas les questions centrales. »
En effet, cela ne semblerait pas raisonnable du tout. Pourtant il s’avère que le Quartet prévoit justement de faire cela. Le premier ministre israélien Ehud Olmert a annoncé son désir explicite de ne pas aborder ces questions centrales, préférant à la place que de la réunion sorte une « déclaration non contraignante. » Etant donné la réticence de l’administration actuelle des Etats-unis à défier Olmert (réticence soulignée encore par le soutien de Rice à la décision d’Israël de déclarer Gaza comme « entité ennemie »), il semble peu probable que la conférence de cet automne soulève de telles questions.
Confusion sur les objectifs
En plus de cela, un certain nombre d’autres contradictions ont disparu dans la nuit de dimanche. Pas des moindres était la confusion au sujet du but de la conférence. Le but original du sommet était la paix israélo-palestinienne, mais la nuit passée, la secrétaire Rice a parue incapable de maîtriser un enthousiasme presque enfantin dans la poursuite de la paix « dans toutes les directions, » incluant les rapports israélo-syriens. Rice semblait ainsi augmenter la portée du sommet, tout en restant réticente à donner un ordre du jour précis.
Le scepticisme au sujet de ce sommet dans certains médias et cercles diplomatiques ne vient pas d’un manque d’enthousiasme pour la paix, mais d’un manque de confiance dans les Etats-Unis et les partenaires du Quartet.
Pendant la conférence de la presse de dimanche, Rice, Blair, et Ban ont semblé ne pas comprendre la réalité du milieu moyen-oriental ou ignorer obstinément la situation. La partie la plus ouvertement incohérente des plans pour le sommet est l’abscence d’un pouvoir palestinien unifié avec lequel négocier. Rice a affirmé son espoir que « l’apparition d’une idée concrète de l’état palestinien serait un facteur d’unification pour tous les Palestiniens. »
Cet engouement pour l’unité palestinienne sonne cependant creux, étant donné le refus constant des gouvernements américain et israélien à inviter le gouvernement de fait de la bande de Gaza à la conférence, ou à appeler à des négociations inter-palestiniennes. Le soutien des Etats-Unis à des entretiens bilatéraux entre le Président Abbas et le premier ministre Olmert ressemble plus que jamais à une tentative d’intervention dans la situation politique palestinienne et d’aggravation des divisions plutôt qu’à un effort sérieux pour la paix.
Promesses cyniques
Une initiative sérieuse exigerait une volonté de faire pression sur Israël et sur sa politique d’occupation. Cette volonté politique semble inexistante à l’heure actuelle. Le jour même de la conférence de presse, rapporte Ma’an news Agency, les forces israéliennes ont mené des incursions dans toute la Cisjordanie et la bande de Gaza, et le gouvernement israélien a étudié la possibilité de couper l’électricité dans tout Gaza, ce qui serait une violation flagrante de la loi humanitaire internationale. Quarante membres du Conseil Législatif Palestinien demeurent emprisonnés en Israël. Le mot « occupation » n’a pas été prononcé une seule fois durant toute la conférence de presse.
Ma’an News Agency -
[Traduction : AIO - Info-Palestine.net]