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Amérique latine

Les enjeux de l’offensive de l’impérialisme et de la droite

Lundi 21 juillet 2008, par Raúl Zibechi

Dans le premier semestre de 2008 il est advenu un fort virage politique, qui a permis aux droites locales et globales, et aux multinationales, de récupérer des position et de reprendre l’offensive. Le virage n’est pas circonscrit à la Colombie bien que ce soit là son plus grand épicentre, mais il gagne des pays comme l’Argentine, la Bolivie et le Pérou, mais pour l’essentiel il affecte à toute la région.

En Colombie, si une fois il y a eu un équilibre stratégique entre les FARC et les forces armées, dans derniers mois il s’est brisé en faveur de l’État. La guérilla a perdu toute possibilité de négocier un accord humanitaire dans des conditions favorables, elle ne peut pas maintenir des offensives militaires, ni politiques, elle souffre d’un vif discrédit dans la population et déjà ne compte avec aucun allié significatif dans la région et dans le monde. Même si, le plus probable est que les FARC continuent dans cette voie, avec une capacité limitée d’initiative et avec la fragmentation probable entre ses commandements et fronts, comme le suggère le dénouement de la délivrance des 15 séquestrés.

La stratégie dessinée par le Commando le Sud et le Pentagone, et formée dans le Plan la Colombie II, n’envisage ni l’échec définitif ni la négociation avec la guérilla. Éliminer les FARC de la scène serait une très mauvaise affaire pour la stratégie impériale de déstabilisation et la recolonisation de la région andine, que Fidel Castro a défini comme “paix romaine”. Ce projet ne peut pas être réalisé sans guerre, directe ou indirecte, ou bien sans la déstabilisation permanente comme forme de reconfiguration territoriale et politique de la région stratégique qui inclut l’arc qui va du Venezuela à la Bolivie et au Paraguay, en passant par la Colombie, l’Equateur et le Pérou.

D’un côté, il s’agit de déblayer la région andine pour faciliter le négoce des multinationale actuelle (travail des mines à ciel ouvert, des hydrocarbures, une biodiversité, des monocultures pour agrocombustibles) qui suppose aussi bien l’appropriation des biens communs que le déplacement des populations qui survivent encore dans ces espaces. Nous ne sommes pas devant un capitalisme, disons, “normal”,lequel fut capable en des moments d’établir des alliances et les pactes qui ont donné une vie à l’État providence, sur la base de la triple alliance entre l’État, les entrepreneurs nationaux et les syndicats. Il s’agit d’un modèle financier - spéculatif et d’accumulation par dépossession qui substitue aux négociations les guerres et à l’extraction de plus value l’appropriation de la nature. Ou bien, un capitalisme de guerre pour les temps de décadence impériale.

Ce système assume la forme d’un capitalisme criminel ou mafieux dans des pays comme la Colombie, parce non seulement il fonctionne par la guerre et le vol, mais ceux-ci forment son noyau central, son principal mode d’accumulation. Ceci explique l’alliance étroite entre entreprises privées de guerre qui compte dans ce pays avec 2 à 3 milles mercenaires surnommés maintenant « contractuels », avec un État paramilitaire avec lequel Alvaro Uribe, prend la tête d’une alliance avec paramilitaires et des narcotrafiquants. En Colombie, trois forces ont fait face à cet ordre de choses : la guérilla, l’aile gauche du Pôle Démocratique et des mouvements sociaux. La première croit qu’elle peut arriver à terme à gagner avec les armes ou négocier avec ce nouveau pouvoir. Le Pôle sous estime rôle de Washington et des multinationales, comme des dessinateurs et des usufruitiers de l’État paramilitaire mafieux, et il surestime par conséquent les marges démocratiques. Les mouvements ont pour leur part de grandes difficultés de dépasser l’échelle locale et sectorielle et ils ne sont pas dans des conditions, pour l’instant, de s’ériger en acteurs alternatifs.

Le Plan Colombie II fut chargé de dessiner cet État militariste et dans ce moment chercha à l’affiner. Maintenant que les FARC ne représentent plus un grand risque pour ce projet, il apparaît avec clarté le but tracé sur le long terme. Loin d’ouvrir des espaces pour la négociation, comme le désire l’aile gauche, le message de derniers mois indique qu’un seul chemin : la paix ni la reddition ne garantira la vie aux guérilleros. Ou ils combattent et résistent ou l’extermination les attend, comme cela est arrivé à la fin de la décennie de 1980. Il s’agit de frapper ses noyaux territoriaux pour les déplacer jusqu’aux zones frontalières du Venezuela et de l’Equateur, où le Plan Colombie aspire à les convertir en instrument de la déstabilisation régionale.

C’est pourquoi le Venezuela et Hugo Chávez ont adopté la stratégie de réduire la tension avec le gouvernement d’Uribe. Il ne s’agit pas d’une question idéologique, comme quelques analystes le prétendent. Ce débat vaut pour les terrasses de café ou les cénacles académiques, mais il a peu d’ utilité quand il s’agit de l’avenir des objectifs d’un changement social. Si le projet impérial est consolidé, toute la région souffrira avec la polarisation, de là l’urgence de dénouer les conflits, aussi bien en Colombie qu’en Argentine et en Bolivie.

Un éventuel triomphe de Barack Obama ne modifiera pas non plus les choses. Il peut tempérer les traits les plus autoritaires de l’uribismo, ce qui explique la nervosité du gouvernement de Bogotá et son alliance empressée avec le candidat républicain. Il est certain que les plans du Commando le Sud ne dépendent pas du locataire de la Maison Blanche, et ceux-ci sont décidés à promouvoir une action intégrale dans la région qui la change en zone stable et en un rempart inexpugnable pour le maintien de l’hégémonie étasunienne à une échelle globale. Par-dessus tout, les élites impériales aspirent utiliser la force des armes pour arrêter leur décadence, ce qui passe pour la recolonisation de l’Amérique latine. Dans une période comme celle d’aujourd’hui, seule la mobilisation populaire et les voies politiques peuvent contribuer à affaiblir l’offensive qui vient du Nord.

(1) « L’heure n’est pas aux consignes mais plutôt à la réflexion, à l’analyse », a signalé Esteban Lazo, vice-président du Conseil d’Etat, devant les délégués au 8ème Congrès de l’Union des Journalistes de Cuba (UPEC). Ayant déclaré que l’unité reste une nécessité dans la lutte pour la Révolution, Esteban Lazo a bien précisé : « unité ne veut pas dire absence de débat ».

traduit par danielle Bleitrach pour http://socio13.wordpress.com/