Déclaration finale - Chypre, 16-18 octobre 2007
La conférence discuta de nombre de questions, et notamment : de la situation palestinienne et ses développements, qu’ils soient proprement palestiniens, régionaux ou internationaux, en incluant la conférence d’Annapolis ; de la stratégie collective des Palestiniens face à la fragmentation forcée ; des efforts pour reconstruire les termes de référence des principes historiques réaffirmés des Palestiniens ; de la stratégie de défense globale des Palestiniens ; des stratégies médiatiques palestiniennes ; et de la coordination locale et internationale de la question palestinienne.
Les participants à cette conférence ont posé des bases qui pourraient concourir à renforcer la lutte globale des Palestiniens pour leur libération, dans chacun de ses contextes : l’occupation, le déplacement et l’exil, et les menaces sur l’existence même des Palestiniens sur les terres de 1948.
Un projet de structure organisationnelle collective et un plan d’action ont aussi été discutés, et un comité de suivi pour l’application de ce plan ainsi que pour la direction du processus adopté, a été mis sur pied.
Les conférenciers ont souligné ce qui suit :
Premièrement : sur la conférence d’Annapolis et la situation palestinienne
1 - Les conférenciers attirent l’attention sur les conséquences désastreuses de la conférence d’Annapolis, laquelle cherche à tirer avantage de la faiblesse et de la division des Palestiniens et des Arabes, pour imposer les sombres desseins régionaux des Etats-Unis et d’Israël, en particulier l’offensive contre l’Iran et contre les forces de résistance et mouvements de libération dans la région. A ce titre, nous tenons le leadership palestinien dans l’OLP et l’Autorité NATIONALE Palestinienne, pour responsables, au cas où ils se compromettraient dans quelque plan qui pourrait mener à la liquidation des droits du peuple palestinien, particulièrement le droit au retour, à l’autodétermination, à l’établissement d’un Etat indépendant et pleinement souverain.
2 - Nous attirons l’attention sur le fait que la conférence d’Annapolis, voulue par le Président étatsunien George Bush, cherche à détourner les regards de l’agression et de l’occupation israélienne, et à pousser les peuples et pays de la région vers un conflit interne entre les soi-disant « modérés » et les soi-disant « radicaux ». Elle a également pour objet de nier aux peuples la légitimité de leur combat pour disposer de leurs droits, et leur droit légitime à résister à l’occupation.
3 - Par conséquent, les conférenciers appellent la direction palestinienne à s’abstenir de participer à la conférence et à la boycotter. Dans la même optique, nous appelons les pays arabes à ne pas participer à cette conférence. Nous soulignons aussi la nécessité de lancer des campagnes populaires contre la conférence d’Annapolis.
4 - Nous appelons les Nations Unies à se dégager du Quartet international et à libérer la légitimité internationale de la tutelle hégémonique des Etats-Unis, afin de consolider cette légitimité sur la base des principes du droit et des conventions internationaux.
5 - Nous tenons la communauté internationale pour responsable du siège humiliant exercé sur le peuple palestinien. Un siège qui atteint ses sommets dans les crimes de guerre et les punitions collectives, en réponse à l’exercice de la démocratie palestinienne et à l’adhésion à ses résultats. Nous appelons la communauté internationale à lever le siège sur la Bande de Gaza.
6 - Nous dévouons notre engagement et notre fonction envers le Mouvement de Libération Nationale Palestinienne, à la reconquête des éléments de son rôle historique à l’égard du peuple palestinien dans sa totalité, où qu’il réside, éléments fondés sur l’unité du pays et du peuple, sur le caractère sacré de cette terre et de ses habitants d’origine - le peuple palestinien.
7 - Nous condamnons les luttes intestines en Cisjordanie et à Gaza, et nous appelons à un dialogue national palestinien global pour résoudre la crise et surmonter cet état de division et de fragmentation.
8 - Nous affirmons l’unité du peuple palestinien et l’unité de sa cause nationale, et nous exigeons que tout accord touchant à des questions affectant le destin national reflète la volonté générale de tous les Palestiniens et représente l’ensemble de ce peuple, qu’il vive sur ses terres - Cisjordanie et Bande de Gaza -, sur celles de 1948, qu’il soit réfugié ou dans la diaspora.
Deuxièmement : la stratégie collective palestinienne pour surmonter la fragmentation forcée, et construire des termes de références palestiniens cohérents.
A - Les relations avec le politique
Tout en soulignant la distinction entre le politique et les partis d’un côté, et la société civile et les organisations non gouvernementales de l’autre, nous mettons l’accent sur l’importance du rôle politique de ces organisations non gouvernementales, lesquelles portent au quotidien le poids de la responsabilité nationale, pour soutenir les droits de notre peuple.
En l’absence d’un rôle effectif de l’OLP en tant que cadre commun au peuple palestinien, nous assumons une double responsabilité, non seulement en créant les conditions d’une auto-organisation de la société civile, mais en assurant la protection du peuple palestinien et en maintenant ses acquis nationaux.
La situation palestinienne requiert des efforts concertés et le partage des responsabilités. A cet égard, nous appelons au dialogue et à la coopération permanente entre société civile et partis politiques organisés, toutes tendances confondues - aussi bien laïcs que religieux - sur la base de la réciprocité, de l’égalité, et de l’adoption d’une règle commune.
B - La société civile et la construction d’Autorités
Le sens des responsabilités qui a dominé les délibérations de la conférence est la traduction de ce que nous, dans la société civile palestinienne, endossons la responsabilité majeure de lancer les initiatives pratiques et créatrices qui ont pour fin d’unifier les composantes de la cause palestinienne et de maintenir son essence, celle d’une lutte de libération nationale.
A ce titre nous cherchons à :
1. Reconstruire l’OLP et réformer ses institutions sur la base des principes démocratiques et nationaux palestiniens, et sur celle de la représentation populaire.
2. Construire un cadre global permanent pour la société civile palestinienne dans son ensemble, sur ses terres ou en exil.
3. Développer nos propres stratégies en lien avec les masses palestiniennes et l’effort populaire pour l’inaltérabilité et la protection des institutions.
C - Partenariats
Les partenariats comportent plusieurs facettes : renforcement et défense du développement des discours et des pressions politiques ; relance de l’empathie et de la solidarité avec la cause palestinienne, et sollicitation de la communauté internationale afin qu’elle assume sa responsabilité, qui est de forcer Israël au respect et à l’application du droit international.
A ce titre nous cherchons à :
1. Agir en lien avec la société civile arabe et sa capacité à introduire une dimension stratégique dans le mouvement palestinien, puis travailler à institutionnaliser ce partenariat.
2. Prêter attention à, et développer les partenariats et coopérations avec les sociétés civiles du Sud.
3. Développer les partenariats avec les instances donatrices qui soutiennent les droits des Palestiniens, sur les bases de l’indépendance, de l’égalité, et de la réciprocité.
4. Développer les partenariats avec les mouvements de solidarité et étendre leur champ d’action afin d’inclure tout le peuple palestinien, où qu’il se trouve.
Troisièmement : stratégies de défense et stratégies médiatiques
La probité et le poids éthique de la cause palestinienne, ainsi que l’extension de la solidarité qu’elle suscite, plaident pour une voix unitaire de la société civile palestinienne. C’est la condition première pour le développement de stratégies effectives et efficaces, influençant les parties concernées. A ce titre, nous mettons l’accent sur ceci : L’unité globale de la terre palestinienne, de son peuple et de sa cause, fondée sur les principes du droit et de la légitimité internationaux.
La nécessité de prendre en compte les causes originelles du conflit ; c’est-à-dire, l’expulsion et le déplacement du peuple palestinien en 1948, et de voir le conflit fondamentalement comme un conflit entre le mouvement sioniste, entreprise coloniale et raciste, et le peuple palestinien et son existence sur sa terre natale, terre dont il est le possesseur originel. L’adhésion aux droits nationaux inaliénables du peuple palestinien, au premier rang desquels le droit au retour, aux réparations, et à l’auto-détermination. La nécessité de travailler à la garantie des droits humains fondamentaux du peuple palestinien et à l’assurance d’une protection temporaire des réfugiés palestiniens où qu’ils se trouvent et jusqu’à ce qu’ils retournent dans leurs maisons, dont ils ont été expulsés par Israël. La nécessité de profiter et d’apprendre des expériences des mouvements de libération internationaux, dans les domaines de la défense d’une cause, du soutien à celle-ci, et de la mobilisation. La nécessité d’unifier les concepts et la terminologie utilisés dans le discours palestinien, sur les bases des constantes nationales et de la justesse de la cause, et d’enraciner ces concepts et cette terminologie dans les campagnes menées et dans les discours aux medias.
A ce titre, nous insistons sur l’adoption des stratégies et dispositifs suivants :
1. L’amplification de notre discours contre Israël afin qu’il touche l’establishment israélien dans toutes ses composantes, institutions civiles et militaires, et y compris institutions judiciaires et académiques, qui contribuent à légitimer et à appliquer les pratiques répressives israéliennes.
2. Prêter une attention extrême à la campagne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions envers Israël et ses institutions, et poursuivre les organisations paraétatiques sionistes internationales.
3. Engager des poursuites judiciaires et criminelles sur leur responsabilité, et faire pression pour annuler le statut humanitaire et les exemptions d’impôts, des organisations sionistes internationales, dont l’Organisation Sioniste Mondiale, l’Agence Juive, et le Fonds National Juif, et les considérer légalement comme des institutions coloniales et racistes.
4. Renforcer l’interaction avec les mouvements de solidarité internationale envers la cause palestinienne, d’une part, et d’autre part apporter notre soutien aux causes justes des nations de ce monde.
Les points précédents doivent trouver leur expression dans les dispositifs suivants :
La formation d’un comité de suivi et de coordination pour veiller au respect des recommandations de la conférence et à l’application de ses résolutions, ainsi que pour chercher à établir un cadre collectif à l’action civile des Palestiniens en tous lieux où ils se trouvent. La formation de comités de coordination étendus dans chaque champ d’action des Palestiniens. Cela doit inclure le nombre le plus large possible d’organisations de la société civile concernées. Le développement de partenariats et d’alliances réciproques avec tous les partis, aux niveaux local, régional et international.
Quatrièmement : le plan d’action
Il est nécessaire de mettre sur pied un plan stratégique à long terme, ainsi qu’un plan d’action immédiate et effective, afin de coordonner et activer les efforts de la société civile dans la défense des droits du peuple palestinien, sur les bases de la complémentarité et d’un travail englobant plusieurs axes.
De manière à réaliser cet objectif, le comité de suivi émanant de cette conférence, adoptera les résolutions, recommandations et propositions qui se sont dégagées des délibérations de celle-ci.
Nous croyons que ces plans doivent être fondés sur les deux éléments de base suivants :
1. Cerner clairement les objectifs et créer une structure capable de les réaliser, sur la base d’un calendrier précis ;
2. Déterminer les questions prioritaires
En conclusion, cette conférence, qui se déroula sept ans après la Conférence des réseaux d’ONG palestiniennes de Larnaca en 2000, constitue un pas en avant vers la construction d’une stratégie unificatrice de la société civile palestinienne, permettant de surmonter l’état de fragmentation et, par conséquent, de servir les intérêts nationaux de notre peuple et la cause palestinienne en général.
ONG participantes et partenaires :
Ittijah-The Union of Arab Community Based Associations
The Palestinian Non Governmental Organizations Network (PNGO)
Forum of Palestinian NGO’s in Lebanon
The Arab Group for the Protection of Nature (APN)
Aidoun Group, Lebanon and Syria
The Civic Coalition for Defending Palestinian’s Rights in Jerusalem
The Grassroots Palestinian Anti Apartheid Wall Campaign
Al Awda Palestinian Coalition
Coalition for Jerusalem
The Right of Return Congress, London
Housing and Land Rights Network-Habitat International Coalition
Palestine BDS Campaign
ACSUR LAS SEGOVIAS
Christian Aid
CCFD
Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine
The Welfare Association