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FRANCE - SYRIE

Le sommet de tous les consensus ou de toutes les guerres ?

Mardi 9 septembre 2008, par Marie NASSIF-DEBS

Ils se sont rencontrés, se sont entendus tout en rappelant les menaces qui continuent à peser sur les uns et les autres. « Ils » sont les deux présidents de la France et de la Syrie, encadrés par l’émir du Qatar et le président turc.

Ils s’étaient mis d’accord sur la tenue de ce sommet, dit-on, lors du congrès sur « l’alliance pour la Méditerranée ». Sarkozy avait, alors, demandé à Assad de faciliter les élections présidentielles au Liban et de persuader l’Iran d’aller dans le sens des directives étasuniennes sur « le nucléaire ». Assad avait, à son tour, insisté sur la nécessité pour l’Europe (présidée par Sarkozy) de jouer un rôle plus efficace dans les pourparlers de paix au Moyen Orient, faisant miroiter des accords commerciaux et autres...

Quels furent les résultats du sommet quadripartite ?

Le président français Nicolas Sarkozy a tenté, sans trop réussir pour autant, de ménager comme on dit communément la chèvre et le chou. Convaincu du fait que le compte à rebours a vraiment commencé pour l’administration de George W. Bush (et misant sur le succès du démocrate Barak Obama, dit-on), il a pensé que le moment était opportun pour l’Union européenne et, surtout, pour la France qu’il préside de s’immiscer un peu plus dans les affaires du Moyen Orient et de tenter, par suite, d’acquérir une place plus importante dans les solutions à venir qui se préparent, tant sur le plan du conflit arabo-israélien que sur celui du nucléaire iranien. Voilà pourquoi il a pratiqué la politique de fuite en avant en acceptant la demande de médiation entre le pouvoir syrien et Israël et en insistant lourdement sur le rôle que son homologue syrien pourrait jouer, tant sur le plan de l’Iran (où il n’a pas manqué de rappeler que la Syrie avait présenté, en 2003, un projet de résolution au Conseil de sécurité visant à faire du Moyen Orient une région vide d’armes nucléaires) que sur celui du Liban (où il a parlé des résultats très positifs du sommet Assad-Suleiman).

Mais si Nicolas Sarkozy a donné un bon point à Bachar Assad qui « a tenu ses engagements sur le Liban » et pour qui le sommet

quadripartite constitue « une nouvelle étape dans le processus de paix au Moyen Orient », il n’a pas oublié de ménager les alliés essentiels des Etats-Unis dans la région, l’Egypte et l’Arabie saoudite, en précisant que le sommet de Damas ne constitue en aucune façon une nouvelle alliance et que les deux pays arabes (opposés à la Syrie) sont appelés à jouer , à l’avenir, un rôle essentiel, tant sur le plan des solutions concernant les problèmes du Liban et du Golfe que sur le plan des pourparlers de paix et de la normalisation des relations arabes avec Israël, dont Nicolas Sarkozy fut le médiateur pour libérer le soldat israélien détenu, depuis 2006, par le Hamas.

Il faut dire que le sommet quadripartite a constitué une mascarade politique qui n’a abouti à grand chose. Les promesses de part et d’autre furent nombreux, tant en ce qui concerne les projets économiques entre Damas et Paris (transport maritime, aménagement de l’aéroport de Damas, prolongement du contrat avec « Total »...) que sur les plans politiques divers (à commencer par la « feuille de principes » préparée par la diplomatie syrienne dans le but de passer aux pourparlers directs avec Tel Aviv, ainsi que par l’aide que le Qatar pourra procurer au Liban ou celle que Damas devra prodiguer afin d’assainir les relations franco-iraniennes).

Mais ces promesses n’ont pas caché les vrais problèmes, dont le plus important reste le problème des réfugiés palestiniens à qui le gouvernement israélien refuse le droit au retour, tout en évoquant le transfert des Palestiniens de la Cisjordanie vers la Jordanie et le Liban...
Sans oublier les allusions du président français à une guerre possible de la part d’Israël contre l’Iran ou celles du président syrien sur la situation explosive dans la région de Tripoli, au Liban nord, à cause du rôle de l’argent saoudien distribué aux différentes factions fondamentalistes islamiques qui pullulent dans cette région depuis quelques années et qui avaient fait leurs preuves lors des événements de Nahr-el-Bared et, il y a quelques mois, dans les accrochages entre Sunnites et Alaouites.
Ainsi, le sommet de Damas, qui aurait dû, selon les parties en présence, préparer l’avenir de la « paix » dans la région en tenant compte de la période de transition instaurée par les élections présidentielles étasuniennes, fut un échec lamentable. Nicolas Sarkozy a, en effet, échoué à montrer l’image d’une Union européenne « indépendante » de la politique de Washington ou, même, d’Israël qui a accueilli sa présence dans la région par des menaces contre le Liban.
Mais le voulait-il vraiment ?