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L’Union européenne en guerre contre les migrants et les réfugiés

Mardi 3 janvier 2006, par Réseau migreurope (Paris)

Depuis longtemps, une guerre larvée contre les migrants est engagée par l’Union européenne. Mais en 2005, on est passé à une autre étape. Des Africains ont été tués en tentant de franchir la frontière entre le Maroc et les territoires espagnols de Ceuta et de Melilla. D’autres ont été déportés et abandonnés dans le désert du Sahara.

Sous-traiter la violence

L’Union européenne fait prendre en charge par ses voisins du Maghreb la protection de ses frontières. L’UE privilégie une immigration « choisie » dont l’économie a besoin. Et pour cela, elle bloque « l’immigration subie » (les réfugiés qui fuient la misère, les catastrophes environnementales et les conflits). Pas de gêne, on décrète que la Libye où la détention d’étrangers, les expulsions de masse et les maltraitances sont monnaie courante est un « pays sûr ». On refoule les boat people échoués sur l’île de Lampedusa. On transforme le Maroc en une nasse où sont retenus dans des conditions infrahumaines des milliers d’Africains. Les migrants sont les otages de cette sous-traitance de la violence.

Instrumentaliser le désespoir

En laissant quelques exilés rejoindre la Sicile, la Libye négocie la levée de l’embargo sur les armes, la construction de camps de migrants et un engagement financier de l’UE pour protéger ses frontières au sud. En instrumentalisant le désespoir des subsahariens par des images d’« assauts » contre les enclaves espagnoles, le Maroc fait pression. Méthode efficace : moins d’une semaine après les tueries à Ceuta, le commissaire européen Frattini promet 40 millions d’euros à Rabat pour soutenir les efforts du pays dans sa « lutte contre l’immigration clandestine ». Mais quel est le bilan réel ? Plus de 6 500 personnes sont mortes ces dix dernières années en tentant de franchir les frontières entre le Maroc et l’Espagne. Pour renforcer le bouclage, l’Europe promet plus de patrouilles policières, plus de murs. Il s’agit de repousser les frontières de la violence institutionnelle loin des regards des opinions publiques et de médias.

Le nouveau mur de la honte

Le discours de l’UE est mielleux : il faut œuvrer à « l’insertion harmonieuse des pays en développement dans l’économie mondiale ». Mais les morts de Ceuta et Melilla sont les victimes emblématiques d’une Europe qui renie les valeurs qu’elle déclare « universelles », et qui confie derrière le nouveau mur de la honte le sort de milliers de personnes au désert du Sahara.