Qu’entendez-vous par « sécurité différente » ?
Je fais référence à un modèle de sécurité qui ne serve que les intérêts du peuple et respecte les ordres qui viennent des instituions politiques. Ceci parce que nous avons aujourd’hui des services secrets qui agissent pour le compte de tel ou tel personnage, et qui agissent d’une manière particulière parce qu’ils sont financés de façon très peu claire. La solution réside dans la création d’une force de sécurité large, qui inclue une bonne partie des agents des nombreuses unités spéciales et mette au travail ensemble, par exemple, les membres de la Tanfisyie du Hamas et ceux de l’Amen Wakai, la sécurité préventive. Hamas et Fatah, sur ce point ont trouvé une entente mais maintenant, avec les affrontements armés, entre les deux parties à Gaza, ce sera difficile d’approuver l’accord et de le mettre à exécution.
Quand vous parlez de personnages qui manoeuvrent les services, vous référez-vous à l’ex-ministre et haut dirigeant du Fatah Mohamed Dahlan ? (Aujourd’hui à l’abri en Egypte, Dahlan a investi ses capitaux dans des immeubles de bureaux dans les Emirats, NDT)
Les noms n’ont qu’une importance relative, l’important est de comprendre qu’il y a des gens, très puissants, qui servent les intérêts de forces externes et pas des palestiniens. Nous devons isoler ces éléments et réorganiser nos structures de sécurité dans le respect des intérêts nationaux.
Vous avez été un des promoteurs de l’unité nationale. Croyez-vous que le gouvernement puisse encore fonctionner devant la situation d’affrontement Hamas-Fatah ?
Moi j’y crois encore parce que c’est la seule possibilité qui reste aux Palestiniens. Les différences entre Hamas et Fatah sont réelles mais les accords de La Mecque représentent un juste compromis entre ces positions. D’un côté, on sauvegarde les intérêts nationaux palestiniens, en mettant fin aux concessions à Israël qui ne sont plus soutenables en l’absence de contrepartie, et de l’autre on n’empêche pas Abu Mazen de négocier avec Israël. Il y aura pour finir un référendum pour approuver ou non une ligne politique ou d’éventuels accords (de paix).
Donc le Hamas serait prêt à accepter, si c’était approuvé par un référendum, un accord avec Israël ?
La ligne que nous avons décidée il y a deux ans, quand nous nous sommes engagés dans la voie politique, n’a pas changé. En échange de la fin de l’occupation israélienne en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem Est, et de la proclamation d’un Etat palestinien dans ces territoires, le Hamas est prêt à respecter une trêve à long terme. Ensuite c’est le peuple qui décidera.
Edition de mercredi 13 juin 2007 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio