Le gouvernement iranien a réussi un beau coup médiatique en libérant les 15 marins britanniques captures alors qu’ils se trouvaient, selon Téhéran, dans les eaux territoriales de l’Iran. On ne saurait pas vraiment qui disait la vérité à propos de cet incident comme tel. Cependant, certaines informations commencent à filtrer sur ce qui a provoqué la mini crise en question.
Selon le journaliste américain Patrick Cockburn, la chaîne des évènements remonte à une opération militaire américaine à Arbil (nord de l’Irak) en janvier dernier. Quelques jours auparavant, le Président Bush avait encore une fois accusé l’Iran d’appuyer la résistance irakienne. Le 11 janvier, des soldats américains ont envahi le bureau de liaison de l’Iran dans cette ville et kidnappé quatre employés iraniens. Or il s’avère que le but de l’opération américaine était réellement de capturer deux responsables iraniens de haut niveau, soit Mohamed Jafari, le directeur adjoint du Conseil de la sécurité nationale de l’Iran, et le général Minojahar Frouzanda, responsable du renseignement des Gardes révolutionnaires iraniens, les fameux Pasdaran.
Les autorités locales kurdes, avec lesquelles l’Iran a de bons contacts, n’avaient pas été notifiées de cette tentative d’enlèvement. En fait, les deux Iraniens étaient en visite officielle au Kurdistan et ils avaient rencontré quelques jours auparavant le Président irakien Jalal Talabani ainsi que le Président du gouvernement régional du Kurdistan, Massoud Barzani. Selon les sources kurdes, les Américains voulaient réellement enlever Jafari qui occupe en Iran l’équivalent du poste de directeur de la CIA aux Etats-Unis. La coopération entre Kurdes et Iraniens date depuis longtemps pendant la période de la lutte contre la dictature de Saddam. Pour les Kurdes, les Iraniens sont des alliés. Il n’y a aucune preuve que les Iraniens appuient l’insurrection anti-américaine par ailleurs.
Selon Cockburn, il se peut que la libération des marins britanniques soit le résultat d’une négociation à trois où l’Iran aurait accepté de faire ce geste en retour d’une cessation de la part des Etats-Unis des attaques comme celle d’Arbil en janvier dernier.