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BRÉSIL

Durs défis pour le prochain gouvernement Lula

Jeudi 26 octobre 2006, par Benito Pérez

Les scandales ont décimé son état-major, mais Lula n’en a cure. Avec 48,6% des voix au premier tour, le président brésilien est bien parti pour obtenir un nouveau mandat le 29 octobre prochain. Un second bail que le leader du Parti des travailleurs (PT) a toujours présenté comme l’épreuve de vérité pour sa politique de réformes mais qui ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.

A première vue, Lula -qui avait obtenu 46,4% lors du premier tour de 2002- pourrait se targuer d’avoir maintenu sa cote auprès des électeurs. Mais le constat est un peu court. La carte électorale sortie des urnes dimanche soir montre en effet un Brésil clairement coupé en deux. Si le nord et l’est, pauvres et agraires, ont soutenu en masse l’ex-syndicaliste, le centre et le sud, industriel ou administratif, lui ont tourné le dos. Dans les berceaux du PT que sont les Etats de Sao Paulo et du Rio Grande do Sul, Lula n’a pas capté plus d’un tiers des suffrages.

Cette transformation de l’électorat « luliste » s’était déjà exprimée lors des municipales de 2004, où le PT avait percé pour la première fois dans les régions périphériques. Hier à nouveau, l’ex-parti des mouvements sociaux n’a évité la déroute dans l’élection aux gouvernorats que grâce à quatre Etats du nord et de l’est : Acre, Sergipe, Bahía et Piaui.

Ventre plein, urnes pleines

Bien qu’une analyse plus fine reste à réaliser, il semble patent que Lula et son parti aient capitalisé les votes des bénéficiaires du modeste plan « Faim Zéro » mis en place pour venir en aide aux plus démunis. Un tel appui de masse démontre -s’il en était besoin- la gravité de la situation sociale dans ce Brésil de sous-prolétaires et de paysans pauvres si longtemps méprisés.

Mais la médaille a son revers. Car si l’assistance publique a permis de faire reculer l’extrême pauvreté, l’ensemble des facteurs conduisant à la marginalisation des couches populaires est ressorti intact du premier mandat « luliste ». Droit du travail et au travail, droit à la terre, développement alternatif, répartition des richesses, réforme de la justice, moralisation des institutions, autant de dossiers en friche pour le chef de l’Etat sortant. Un échec que les classes moyennes, les fonctionnaires, les ouvriers, les intellectuels et les militants sociaux ont fait payer cher au PT. Le score d’Heloisa Helena en témoigne. Malgré la polarisation du scrutin et l’immensité du pays, la sénatrice expulsée du PT -présentée par le PSOL, un petit parti d’extrême gauche- est parvenue à regrouper sur son nom 6,5 millions de votants !

En attendant le troisième mandat...

En bonne logique, la plupart de c es électeurs devraient revenir vers Lula au second tour. Ou en tout cas fuir son adversaire, le très droitier Geraldo Alckmin. [1]

Si le leader du PT a du souci à se faire, c’est plutôt dans la perspective de l’après-29 octobre ! Car la recomposition politique à gauche aura des effets durables. S’il résiste mieux que prévu aux affaires de corruption qui ont secoué ses dirigeants, le PT a tout de même reculé dans les deux chambres. Avec 83 députés sur 513 et 12 sénateurs sur 78, le parti du président perd une dizaine de sièges. Déjà faiblement représentée, la formation « luliste » est plus que jamais dépendante de la constellation centriste PMDB, le principal parti du Congrès.

Plus largement, la gauche - divisée en multiples chapelles - ressort des urnes amoindrie. Plusieurs formations - dont le PSOL de Mme Helena - n’ont pu obtenir le quorum. En cas de réélection, Lula pourra toujours s’appuyer sur une large coalition majoritaire qui, du centre gauche aux libéraux, regroupe 320 députés. Mais il risque d’avoir bien de la peine à convaincre cette alliance hétéroclite de radicaliser ses positions... Ses électeurs de gauche semblent bons pour attendre le troisième mandat !

NOTES :

[1] [NDLR] Le PSOL a décidé de rester neutre face aux candidats du deuxième tour des élections présidentielles.


Voir en ligne : http://risal.collectifs.net/