On da énombré huit enfants parmi les victimes...L’archevêque sud-africain, à la tête d’une équipe d’observateurs des Nations Unies pour les Droits Humains, a écouté les membres de la famille Assamna racontant le pilonnage en 2006 de leur village, pilonnage qui a tué dans leur sommeil 19 civils dont 8 enfants.
A l‘étage supérieur de la maison bombardée d’Assamna, les vitres des fenêtres ont disparu et un trou dans le plafond laisse apparaître le ciel bleu à travers la charpente rouillée de la maison.
« J’étais ici avec mon fils. Je tenais sa main quand il est mort. Pouvez-vous vous imaginer une mère tenant les intestins de son propre fils ? » raconte Tahini al-Assamna à travers ses larmes en décrivant la scène après l’attaque.
Tutu a expliqué que le but de la visite était de rassembler des informations afin d’établir un rapport pour le Conseil des Nations Unies pour les Droits Humains. « Mais nous tenons à vous dire que nous sommes complètement bouleversés ».
Tahini al-Assamna a raconté à Tutu et son équipe des Nations Unies qu’elle avait également perdu 3 beaux-frères dans l’attaque. Son mari avait été tué deux jours avant l’attaque lors d’une opération de l’armée israélienne visant les tirs de roquettes partant de Gaza.
Imad Okal, un représentant des Nations Unies du nord de Gaza, a examiné la maison d’Assamna en commentant qu’il était « tout à fait évident que cet immeuble était une maison résidentielle ».
Saad Abdallah Assamna (52 ans), appuyé contre un mur roussi de la maison, a dit qu’il espérait seulement qu’il « y aurait une enquête et que les responsables seraient jugés devant un tribunal international ».
Tutu a aussi rencontré le maire de Beit Hanoun qui est membre du mouvement islamique du Hamas qui dirige Gaza depuis juin dernier après avoir évincé les forces loyales au président palestinien modéré Mahmoud Abbas.
« Les Israéliens n’ont pas besoin de prétextes pour tuer des civils. Leur seul but est de tuer » a dit le maire, Mohammed Naziq al-Kafarna, à Tutu et au Professeur britannique Christine Chinkin, qui accompagnait la mission.
« Ce que nous avons vu confirme que ce qui est arrivé est totalement inacceptable » dit Tutu tout en transmettant toute sa sympathie aux habitants de la ville de Beit Hanoun.
L’autre côté de la frontière
L’activiste de longue date contre l’apartheid et pour la paix fait remarquer que la souffrance existe aussi de l’autre côté de la frontière, en Israël.
« Nous disons aussi que les habitants de Sderot souffrent à cause des roquettes Qassam. Leur souffrance nous concerne également » dit Tutu en se référant à la ville israélienne du sud qui est la cible fréquente de roquettes tirées de Gaza par les militants palestiniens.
« Les deux peuples, israéliens et palestiniens, peuvent vivre ensemble en paix mais cela ne peut pas se produire à travers des actes de violence » dit-il.
Desmond Tutu a rencontré Ismaïl Haniyeh, premier ministre du gouvernement palestinien éluLe maire palestinien fronce des sourcils et répond : « Vous devez réaliser que les Palestiniens luttent pour leurs droits. Les roquettes sont une des réactions aux opérations militaires israéliennes ».
« Les roquettes ne sont rien face aux hélicoptères Apache et aux F-16 israéliens qui tuent nos enfants nuit et jour » rajoute-t-il.
Mais Tutu interrompt le maire en disant : « toute attaque contre des civils, quelque en soient les motivations, est une violation des droits de l’homme ».
Israël a refusé aux observateurs des Nations Unies le droit de se rendre à Sderot pour parler aux victimes des roquettes tirées de Gaza. Elle a également refusé de délivrer des visas à l’équipe du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, équipe envoyée à Gaza pour enquêter sur le massacre de 2006.
Tutu et son équipe ont contourné mardi les restrictions israéliennes et sont entrés dans le territoire palestinien en passant par le point de passage frontalier avec l’Egypte qui avait été spécialement ouvert pour eux.
En ce qui concerne les tueries à Beit Hanoun, l’armée israélienne avait annoncé en février qu’aucun chef d’accusation ne serait porté contre les soldats israéliens au sujet de l’attaque.
Suite à une enquête interne, Israël a conclu que le pilonnage des maisons civiles était « une erreur rare et grave du système radar de l’artillerie ».
L’armée a dit qu’elle pointait son artillerie sur une zone d’où les militants palestiniens tiraient les roquettes sur Israël mais qu’au lieu de cela et à cause d’un problème technique, les missiles ont touché deux maisons.
28 mai 2008 - Mail&Guardian online (Johannesburg) - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction de l’anglais : Ana Cléja