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PALESTINE

Des fusils et des olives

Vendredi 7 novembre 2008, par Palestinian Union of Medical Relief Committees

Le mois d’octobre est renommé pour sa récolte des olives dans toute la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Après avoir fait face à une mauvaise saison des olives l’année dernière à cause de la sécheresse, les gens ont attendu avec impatience la récolte des olives de cette année, qui va leur fournir avec ses produits (olives et huile d’olive) ce qui est essentiel pour assurer leurs revenus.

La saison palestinienne des olives

Cependant, pour de nombreux Palestiniens cette récolte des olives semble de nouveau être source de déception. Bien que ce ne soit pas la sécheresse qui gâche la récolte, ce sont les balles israéliennes et les agressions qui rendent les gens incapables d’atteindre leurs arbres.

Les problèmes surviennent dans les zones où les oliveraies sont confisquées ou où elles bordent les colonies israéliennes établies illégalement. Malheureusement, sur plus d’un million d’oliviers appartenant aux fermiers palestiniens et nourrissant environ 100.000 Palestiniens en Cisjordanie, la plupart des oliveraies sont situées près des colonies israéliennes. Dans ces zones la violence est prête à éclater.

En fait, comme l’a rapporté Ma’an, la récolte des olives de cette année a engendré de nombreux actes de violence perpétrés par des groupes de colons extrémistes contre les fermiers palestiniens. En comparaison avec les années passées, les attaques de colons ont même atteint un pic durant la récolte des olives de cette année.

Ce ne sont pas seulement les palestiniens qui rencontrent la violence dans leurs champs, ce sont aussi les internationaux tels que les militants pour la paix, les journalistes et les photographes qui sont des cibles pour les colons juifs. Al Jazeera a rapporté que des colons ont été filmés en train de donner des coups de poing et des coups de pieds à des internationaux qui aidaient les Palestiniens à cueillir les olives près d’Hébron le samedi 18 octobre.

Les colons prétendent que les arbres sont sur la terre israélienne et que la récolte est illégale. Une perspective intéressante, si on tient compte du fait que l’établissement des colonies et de cette façon la présence des colons est déclarée illégale selon le droit international.

Néanmoins, la construction des colonies continue, ce qui conduit à l’extension du Mur de séparation en vue de « protéger » ces colonies, ce qui conduit au déploiement de soldats israéliens dans les villages de Cisjordanie, ce qui conduit à davantage d’affrontements liés aux olives impliquant les militaires israéliens, équipés de fusils, gaz lacrymogènes, bombes soniques etc. Cela a été le décor de la récolte des olives de cette année dans le village de Ni’lin.

Ni’lin : L’impact dévastateur du mur sur la récolte des olives

Les oliveraies de Ni’lin sont situées tout près des colonies voisines qui sont actuellement protégées du village par une nouvelle partie du mur de séparation qui est en cours de construction. Le mur va priver les gens de Ni’lin de leur liberté de mouvement et va confisquer les oliveraies aux villageois, en leur retirant de cette façon leur principale source de revenus.

Le vendredi 10 octobre, le village de Ni’lin se préparait pour la récolte d’olive de l’année. De nombreux militants internationaux cherchaient à atteindre le village pour accompagner les palestiniens dans leurs champs. Cependant, les militaires israéliens ont fermé l’entrée du village en le déclarant zone militaire fermée, empêchant ainsi l’accès au village aux internationaux ainsi qu’aux ambulances et aux équipes de secouristes.

Alors que les gens avaient finalement rejoint le village en faisant un long détour pour contourner les barrages routiers israéliens, et commençaient à aller vers les oliviers situés sur la terre confisquée, les militaires israéliens ont immédiatement répondu avec la violence habituellement employée contre les manifestants contre le mur.

De manière gratuite, les soldats ont commencé à tirer des bombes soniques et des gaz lacrymogènes, pendant que les bulldozers à l’arrière-plan continuaient de nettoyer la zone en arrachant les oliviers pour le mur.

Les affrontements ont duré des heures, causant ainsi aux hommes, femmes, enfants et secouristes de sérieux problèmes d’inhalation, quand ils ont expérimenté les effets brûlants et suffocants des gaz lacrymogènes.

De plus, les équipes d’ambulanciers de la Croix Rouge et de la Société palestinienne de secours médical ont eu des problèmes. Ils ont été gênés pour se mouvoir librement et ont même été utilisés abusivement comme boucliers par les soldats israéliens pour forcer les gens à quitter la zone.

A la fin de la journée, les ambulances et le personnel ont été empêchés de partir. Ils ont subi des vérifications et des interrogatoires, après lesquels ils ont enfin pu rouler et quitter la zone. Avec les ambulances, les gens de Ni’lin ont quitté leurs champs et sont retournés chez eux. Au lieu de porter des sacs remplis d’olives après une journée de dur labeur, ils sont rentrés chez eux les mains vides, blessés et déçus.

Dans la société palestinienne, les olives et l’olivier ne signifie pas seulement une source de revenus, ils portent en eux des liens symboliques très forts.

Récemment Salam Fayyad a appelé l’olivier « un symbole de la détermination du peuple palestinien à rester sur sa terre et à la préserver et la défendre ». A maintes reprises,les gens de Ni’lin – avec le soutien de diverses personnes venues de l’extérieur- se sont montrés déterminés et résistants dans leur lutte pour leurs terres et leurs précieux oliviers ; pas le moins du monde découragés, les gens ont de nouveau tenté de rejoindre leurs champs la semaine suivante pour cueillir leurs olives avec l’aide principalement des médecins et des secouristes.

Des médecins cueillent des olives par solidarité

Le Dr Mustafa Barghouti passe les lignes de sécurité israéliennes pour cueillir les olives sur les terres illégalement confisquées près de la colonie. Dans les premières heures du vendredi 17 octobre, une délégation médicale constituée par des membres de l’équipe de la société palestinienne de secours médical (PMRS) et de volontaires, conduits par le Dr Mustapha Barghouti, a quitté le village de Ni’lin pour aider les villageois à récolter leurs oliviers sur les terres confisquées.

Alors que les gens essayaient de rejoindre leurs terres en vain – comme la semaine précédente- le Dr Mustapha Barghouti a gagné une petite victoire en négociant. Les soldats, pour ainsi dire surpris par la composition inhabituelle de la délégation, ont permis une heure et demie d’accès aux terres hors de portée. Le Dr Barghouti s’est mis en route avec une petite délégation de cinq personnes pour cueillir les olives des arbres situés près de la colonie.

Cependant, tous les autres participants ont été empêchés de rejoindre leurs terres. Au lieu de cela, ils ont été visés par les habituels gaz lacrymogènes, balles acier caoutchouc et bombes soniques. Un homme a reçu deux balles acier caoutchouc ; une dans la poitrine et l’autre dans la jambe. Dans un état critique, il a été transporté à l’hôpital Sheikh Zaied à Ramallah. Beaucoup d’autres ont souffert de sérieux problèmes d’inhalation alors qu’ils étaient visés par les gaz lacrymogènes.

Dans de telles circonstances il est presque impossible de continuer la récolte des olives. En dépit des efforts inlassables des gens de Ni’lin pour faire valoir leurs droits et pour combattre l’injustice dans leur tentative pour continuer la récolte, il semble que des millions d’olives doivent être laissées à l’abandon cette année et même plus si le mur est complété.

De cette façon, Israël tente régulièrement d’enlever la présence palestinienne. En créant des faits accomplis, Israël déracine littéralement l’attachement palestinien historique à la terre et de cette façon la preuve de la revendication palestinienne légitime sur le territoire. Cependant, selon le droit international, ce sont des pratiques illégales auxquelles étonnamment on ne met pas un terme, bien que ces actes aient lieu à grande échelle et soient manifestes pour tous ceux qui ont le courage de garder les yeux ouverts sur la réalité.

Si on prend le droit international au sérieux, il doit être appliqué également à tous les êtres humains qui ne lui obéissent pas, sans se soucier de la race, religion, affiliation politique. Tous ceux qui commettent des actes criminels qui sont contre les traités internationaux et les conventions du droit international pourraient être appelés à rendre compte de leurs actes, ils pourraient être forcés de respecter le droit et tous les auteurs de délit pourraient faire face à une punition égale selon les directives internationales de façon à arrêter l’impunité ; même si cet auteur de délit s’appelle Israël.

Traduction : MM pour ISM


Voir en ligne : http://www.palestinemonitor.org/