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Démocratiser la démocratie dans le Venezuela bolivarien

Mardi 3 janvier 2006, par Margarita Lopez Maya

CARACAS - Depuis 1998 la révolution bolivarienne change la face du Venezuela. Une nouvelle démocratie participative donne la parole aux citoyens.

Le Venezuela n’a pas connu de dictature dans les années 1960 et 1970. Mais dans les années 1980, une forte demande sociale s’est exprimée pour contester la démocratie « de basse intensité » qui prévalait dans ce pays et qui excluait la majorité. C’est à cet impératif que répond la démocratie « participative » proposée depuis quelques années par le gouvernement d’Hugo Chavez. La nouvelle Constitution (adoptée par référendum en 1999) affirme que la République a pour but d’établir « une société plus démocratique ». Plus encore, la constitution consacre le droit à la participation des citoyens de manière « directe, semi-directe et indirecte » non seulement dans l’exercice du suffrage mais aussi dans les processus « d’exécution et de contrôle de la gestion publique ». Dans cette logique, les citoyens sont les « piliers sur lesquels doit se dresser une société égalitaire, solidaire et démocratique » (article 62). Dans ce contexte, l’État doit changer de rôle, être un « accompagnateur » et permettre la « prise de pouvoir des citoyens ».

Des avancées considérables

Sur le plan économique et social, la Constitution reconnaît l’action des coopératives et d’autres formes associatives « guidées par des valeurs de coopération mutuelle et de solidarité ». Une loi dite « des conseils locaux de planification publique » confie aux citoyens la gestion de services publics, l’eau par exemple. À l’aide de micro-crédits et en forçant les entreprises publiques à privilégier les achats auprès des coopératives, l’idée est également de renforcer le secteur communautaire. Dans le domaine de l’éducation, 3750 écoles « bolivariennes » assurent gratuitement à un million d’enfants pauvres les repas et les manuels scolaires. En trois ans, l’analphabétisme a quasiment été vaincu. Dans la santé, les « missions » comme « Barrio Adentro » (« Dans les quartiers ») ont déployé des milliers de médecins cubains et vénézuéliens dans les quartiers populaires.

Utopie

Certes, la démocratie participative est un horizon à long terme. Pour le moment, on avance, notamment grâce aux revenus pétroliers exceptionnels. Mais les Vénézuéliens restent sur leur garde, d’autant plus qu’ils ont déjà connu des années d’abondance et qu’ils ont vu ce qui se passait lorsque les prix de l’or noir baisse ! On s’interroge donc sur la solidité du financement à long terme. On questionne aussi l’inefficacité et la corruption qui restent enracinées dans le gouvernement. De la capacité à vaincre ces obstacles dépendra donc un réel approfondissement de la démocratie.