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VENEZUELA

Socialisme démocratique en 2007 ?

Entretien avec Margarita Lopez Maya

Mardi 24 avril 2007

Chercheuse disciplinée qui a suivi le cours du devenir national à la tentation d’adjectiver devant les caméras de télévision, Margarita López Maya est l’une des rares analystes locales qui jouit d’un prestige incontestable aussi bien auprès de la majorité que de l’opposition.
L’universitaire, qui, à plusieurs occasions, a reproché à l’opposition son manque de compréhension du moment actuel, semble préoccupée. (...)

« Au moment des élections, Chávez avait deux possibilités, parce qu’il avait employé deux discours pendant la campagne : l’un très dur, pour ses militants inconditionnels et, à partir de la moitié de la campagne, un autre plus doux, qui appelait à la reconnaissance de l’autre. (...)

L’opposition avait pris résolument la voie électorale et ce processus allait permettre la consolidation d’un jeu politique stable et pluriel. Mais, au début de l’année, le président Chávez a tout jeté à terre. Depuis, il a clairement choisi l’option dure. Ce qu’il appelle « l’approfondissement de la révolution ». Echanger les huit ans précédents de ladite « démocratie participative et protagonique » pour le « socialisme du XXIe siècle ». (...)

Avec cette abondance de votes, Chávez considère que les gens l’ont mandaté pour aller vers ce socialisme. (...) J’ai l’impression que nous sommes en présence d’un processus qui se propose de changer le régime politique au Venezuela. De par certaines choses qu’il annonce, il a initié un lent processus d’affaiblissement de la démocratie libérale.
Pas nécessairement de la démocratie. Je crois que nous allons, avant tout, vers un affaiblissement institutionnel de l’Assemblée nationale en tant qu’espace pour la délibération et dépositaire de la souveraineté populaire. L’égalité et l’autonomie des pouvoirs figurent dans la Constitution de 1999, mais je crois qu’il y a une intention de produire une modification pour aller vers une subordination de tous les autres pouvoirs à la présidence. (...)

Ici, il y a un affaiblissement du concept libéral de la représentativité. Le président a dit qu’il veut aller vers la création d’un sixième pouvoir, le pouvoir communal.

La gauche a été traditionnellement très méprisante envers les instances de représentation. Le concept de pouvoir communal, pourtant, reste très vague. L’assembléisme [assemblées populaires, conseils communaux] garantit, on le suppose, l’exercice d’une démocratie directe. Par la loi, en ce moment, les conseils communaux ne regroupent pas plus de 400 familles. Ce sont de très petites unités, en prenant en compte la taille d’un quartier populaire.

Ce sont des instances qui peuvent prendre des décisions sur des problèmes ponctuels, mais qui, du point de vue politique, pour ce qui est de gouverner de façon absolument autonome, ont une mission et une utilité pour le moins discutable. Les dirigeants populaires que j’ai consultés sur l’opportunité d’un tel instrument pour gouverner ont fini par me répondre qu’il ne servait à rien.(...)

L’une des caractéristiques de ce processus est qu’il a miné la capacité d’autonomie et d’indépendance de pensée à l’intérieur du chavisme. Il y a un mécontentement ; des décisions surprenantes ont été prises, dans l’urgence, sans consultation d’aucune sorte.(...)

Il y a des traits autoritaires et personnalistes ; on ne sait pas quels sont les espaces de délibération, l’Assemblée nationale a délégué ses obligations. Les questions ne sont pas discutées à l’Assemblée parce que pour le président c’est une perte de temps. Ni avec l’Assemblée ni avec le pays. Le temps des procédures démocratiques est une chose, celui des opérations militaires en est une autre. (...)
Il est démontré que les Vénézuéliens estiment la démocratie, c’est l’un des mandats du gouvernement. Pour l’immense majorité des Vénézuéliens, ce régime a été jusqu’à maintenant beaucoup plus démocratique que celui du Pacte de Punto Fijo [le système antérieur à 1999, ndlr].

Source : El Nacional (http://www.el-nacional.com/), 21 janvier 2007. Traduction : Marie-Josée Cloiseau, pour le RISAL. Article en espagnol : http://www.soberania.org/Articulos/...


Voir en ligne : http://www.aporrea.org/