Le groupe parlementaire PARENA-SADI rend hommage à tous les martyrs du 26 mars 1991 dont le sacrifice suprême nous vaut aujourd’hui de prendre la parole dans une Assemblée démocratique avec majorité et opposition.
En cette heure pour nous pleine de symbolique, nous nous inclinons devant leur mémoire. Cette mémoire dont le respect et la défense resteront pour nous un point d’honneur.
Cette déclaration est l’occasion pour nous de prendre date avec l’histoire à travers le rappel d’un certain nombre d’engagements que nous avons pris vis-à-vis de notre peuple.
L’engagement mère consiste pour nous à assurer dans cet hémicycle la représentation de notre peuple et de tout notre peuple comme il est dit dans la Constitution. A cet effet, nous serons les porte parole de tous les segments de notre société, victimes à quelque titre que ce soit d’arbitraire ou d’abus d’où que cela vienne.
C’est pourquoi, à l’entame de notre propos nous réaffirmons que nos langues, les langues nationales, doivent figurer à côté du français comme langues de communication des députés en conformité avec la Constitution et les lois, notamment la loi n° 96-049 portant modalités de promotion des langues nationales, l’ordonnance n° 01-044/PRM du 19 septembre 2001 portant création de l’Institut des langues et la loi n°99-046 du 28 Décembre 1999 portant loi d’orientation sur l’éducation.
Nous serons les porte- voix des paysans qui constituent près de 80% de la population et qui recèlent le taux de pauvreté le plus élevé ainsi que celui de l’extrême pauvreté.
Q’il s’agisse des paysans de l’Office du Niger, de la CMDT, des opérations de développement ou des zones non encadrées qui ploient sous le coût des redevances et des prix hors proportion des intrants agricoles, les produits de leur travail ne sont pas rémunérés de façon équitable, et leurs prix sont payés avec des retards qui induisent forcément une dépréciation monétaire.
Nous serons les porte- voix de tous les travailleurs, en particulier les ouvriers des mines d’or de Morila, Siama, Loulo, Sadiola etc. qui voient leurs droits régulièrement méconnus ; parfois sanctionnés pour l’exercice de leur droit de grève constitutionnel. Parmi ceux-ci, il faut citer le cas de tous les partants volontaires à la retraite, de tous les déflatés du fait des privatisations sauvages qui ont frappé notre économie sur injonction des politiques néolibérales de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Les centaines de milliers de chômeurs dont les familles (femmes et enfants) sont souvent réduites à la mendicité. Nous condamnons ces privatisations sauvages telles que : ITEMA, HUICOMA, CMDT, RCFM qui dans bien des cas ne s’imposaient pas d’un point de vue strictement économique et demandons au gouvernement de réviser les privatisations et les contrats d’exploitation minière.
Pour tout le monde du travail, le niveau très bas des salaires face à la hausse des prix des produits de 1ère nécessité demeure le principal problème. Pourtant les solutions existent. C’est pourquoi, nous demandons à l’Etat d’ouvrir une réflexion sérieuse et approfondie qui explore toutes les voies par lesquelles les revenus sont extraits en vue de réaliser un relèvement du niveau de vie qui passe par le relèvement des traitements et salaires sans que cet effort soit annihilé par l’inflation. C’est à ce prix seulement qu’un niveau de vie décent sera assuré aux travailleurs et fonctionnaires.
C’est le lieu de fustiger la corruption et la délinquance financière qui demeurent un véritable fléau pour notre économie. La lutte doit être menée de façon résolue et soutenue contre ces fléaux en vue de faire rentrer l’Etat dans ses fonds par des remboursements conséquents et créer ainsi les conditions financières de l’amélioration de la situation de l’ensemble des travailleurs. Des mécanismes de prévention adaptés doivent aller de paire avec la répression judiciaire dans le respect des droits de la personne humaine. l’obligation de rendre compte pour les agent publics doit être désormais la règle et c’"est pourquoi le vérificateur général doit être renforcé et soutenu dans son rôle.
Nous serons les porte- voix des femmes, des enfants, des jeunes et des couches vulnérables pour appeler au respect de leurs droits constitutionnels. En particulier, le chômage des jeunes est devenu endémique et les chiffres actuels n’indiquent aucune amélioration en dehors de la création d’emplois précaires, toute chose ne constituant que des solutions provisoires. La question de l’aide aux femmes paysannes, ouvrières, chefs d’entreprise, chefs de famille ne trouve évidemment pas sa réponse dans la seule politique de micro finance en cours, si une politique volontariste n’est pas mise en oeuvre par l’Etat, passant entre autres par la transformation des produits agricoles et de cueillettes.