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LE G8 2007 D’HEILIGENDAMM

MARCHONS ENSEMBLE POUR NOS DROITS !

Samedi 7 avril 2007, par Par Alessandro Pelizzari, Florence Proton, Attac Suisse

Le Sommet des huit grandes puissances mondiales (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Russie) se tiendra du 6 au 8 juin dans la petite station balnéaire allemande de Heiligendamm, située sur la mer Baltique à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Rostock. Les mobilisations s’organisent d’ores et déjà partout en Europe.

Unis pour faire avancer la précarité...

Depuis leur instauration en 1975 et afin de faire face à la crise économique internationale, les sommets du G8 sont rapidement devenus un des piliers de la « nouvelle gouvernance mondiale ». C’est dans le cadre de ces réunions que sont abordés, en dehors de tout regard démocratique, les sujets importants concernant la marche du monde : des plans d’ajustements structurels à la libéralisation des marchés en passant par la lutte contre le terrorisme et le changement climatique.

Le G8, sans toutefois se prétendre « institution internationale », note tout de même sur son site internet que « son rôle est réel et important, parce qu’il a une forte capacité de concertation et d’impulsion, particulièrement en matière économique, et qu’une bonne entente entre les membres du G8 est indispensable au bon fonctionnement des grandes organisations internationales », entendant par là, le FMI, la Banque mondiale ou l’OMC. La « bonne entente » entre les principales puissances commerciales et militaires n’est bien évidemment pas gratuite. On se souvient encore très bien comment le « G1 », incarné par George W. Bush, lors du sommet d’Evian en 2003 et juste après le déclenchement de la guerre en Irak, avait aligné les pays récalcitrants, dont la France, en ouvrant le marchandage sur la question de la reconstruction de l’Irak. Ce « cadre unitaire » était alors nécessaire pour accélérer l’ouverture du marché mondial négociée dans le cadre d’accords commerciaux avec les pays du Sud. Alors que les conséquences des politiques issues de cette « bonne entente » sont connues de tou-te-s : destruction de l’agriculture vivrière, privatisations des infrastructures, chômage de masse, le G8 propose toujours les mêmes recettes comme solution à cette paupérisation : plus d’ouverture des marchés, plus de libéralisations. Ainsi, le G8 annonçait officiellement en 2005 le soutien aux « Objectifs du Millénaire » contre la pauvreté, ajoutant toutefois, qu’aucun des objectifs ne serait atteint sans « l’ouverture au système du commerce mondial » !

..dans le pays de « l’union sacrée » contre les salarié-e-s

Dans un contexte nettement plus mitigé, marqué cette année non seulement par l’échec des négociations commerciales à l’OMC, mais aussi par l’enlisement de plus en plus visible de l’occupation états-unienne en Irak, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé que la thématique centrale du G8 2007 serait liée aux aspects climatiques. Pourtant, les sujets concrètement abordés seront la croissance mondiale, la stabilité financière, la propriété intellectuelle et la liberté d’investissement.

Quoi qu’il en soit, on peut s’attendre à ce que les « impulsions en matière économique » du G8 pénaliseront non seulement davantage les pays du Sud, mais renforceront également la pression sur les salarié-e-s du Nord. Dumping social, démantèlement du droit du travail, discriminations des immigré-e-s, destructions d’emplois - autant de politiques visant à vider ce qui reste des systèmes de protection sociale et à baisser les coûts du travail de l’ensemble des salarié-e-s. Un résultat tangible est qu’aujourd’hui, dans l’Union européenne, un salaire à plein temps ne suffit plus à une famille, en effet 35 % des ménages les plus pauvres sont composés d’au moins une personne qui travaille à plein temps.

De ce point de vue, il est significatif de souligner que le G8 aura lieu dans un pays qui a vécu - sous un gouvernement rouge-vert d’abord, rouge-noir ensuite - des attaques sans précédent contre les droits des salarié-e-s et des chômeurs-ses et la mise au pas brutale des populations précarisées (les « réformes sociales » Hartz IV). A travers des « réformes » de l’assurance-chômage ou de l’assistance sociale qui instaurent de nouvelles formes de travail forcé, ce gouvernement exige, aujourd’hui, d’un demi-million de chômeurs-ses et de personnes àl’assistance, qu’ils et elles changent d’habitation sous prétexte que celles-ci sont jugées trop luxueuses selon les nouveaux barèmes…

Le mouvement social européen en besoin d’unité

En l’absence de Forum social européen en 2007, les mobilisations contre le G8 seront la seule occasion pour le mouvement social européen de travailler ensemble, dans un contexte politique européen où Angela Merkel, sous la présidence de laquelle est l’Union européenne lors du premier semestre 2007, souhaite relancer le projet de Traité constitutionnel européen. Ainsi, dans plusieurs pays, différentes initiatives sont d’ores et déjà en préparation.

L’initiative la plus importante est certainement l’organisation des « Marches européennes contre la précarité et l’exclusion ». Comme en 1997, ces Marches visent à dénoncer la réalité brutale de la restructuration néolibérale du marché du travail européen :

l’augmentation exponentielle du chômage, la sous-traitance en cascades avec l’envoi de travailleurs détachés, le dumping social généralisé, la criminalisation des plus précaires et le durcissement de la politique migratoire qui, plus que jamais, trie, contrôle et distingue les immigré-e-s selon les besoins du marché du travail. Les « marcheuses et marcheurs » traverseront ainsi l’Europe en différents cortèges, et convergeront vers Rostock à la veille de la grande manifestation, vendredi 1er juin.

En Suisse, les marches sont organisées par une large coalition de forces, coordonnées notamment par Attac, le syndicat Unia et différents associations d’immigré-e-s et de chômeuses-eurs. Les mobilisations débuteront par une manifestation sur les quais à Genève et une grande fête le soir du 19 mai. Puis la marche à proprement parler, partira le 20 mai devant l’OMC à Genève afin de montrer le lien entre ouverture des marchés, désindustrialisation, destruction de la paysannerie et chômage de masse. La prochaine étape prévue est Nyon, puis Renens le 22, Lausanne le 23, Fribourg le 24, Berne le 25 et finalement Bâle le 26mai. Chaque étape sera marquée par un événement lié aux thématiques principales de la marche : la migration et la précarité. Bien que les étapes soient encore en cours d’organisation, certains événements sont déjà prévus : la thématique du droit des travailleuses-eurs sera au cœur des mobilisations genevoises, Nyon organisera une soirée et une exposition sur la question de la précarité chez les travailleuses-eurs agricoles, une pièce de théâtre de Dario Fo sera présentée à Renens, alors que la précarité des jeunes sera thématisée à Lausanne à travers une slam. Précaires parmi les précaires, subissant les situations les plus délicates et les plus dégradantes ; peur du renvoi et de la répression, travail au noir, conditions de travail innommables, les sans-papiers seront au centre des mobilisations à Fribourg. A Berne, un film sur la dégradation des conditions de vie et l’augmentation de la pauvreté en Suisse sera projeté sur la place fédérale, et finalement, la libre-circulation et la migration seront au centre de l’événement bâlois avec la traversée symbolique de la frontière germano-suisse.

L’enjeu dépasse la seule mobilisation contre le G8 : il s’agit, à travers un travail de mobilisation commun, de protester contre la soumission des salarié-e-s aux lois du libre-échange, de montrer les liens entre précarisation du travail et des conditions de vie et néolibéralisme. Finalement il s’agit de se réapproprier les « questions sociales » (…) et de reconstituer peu à peu les liens de solidarité détruits par les politiques néolibérales. Cette réappropriation est la condition préalable à la construction de tout autre monde possible.