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Crise au Niger

Les conditions pour ramener la paix

L’Association Alternative Espaces Citoyens et l’Association Nigérienne de Défense des Droits de l’Homme ont organisé à Niamey en août dernier un séminaire sur la crise qui frappe le Niger actuellement.

Mardi 11 septembre 2007, par Alternative-Espace citoyen et l’Association Nigérienne de Défense des Droits de l’Homme

En conclusion de toutes les discussions, les participants à la journée de réflexion ont salué cette initiative de l’ANDDH et de Alternative Espaces Citoyens. Jugeant unanimement que la situation née du conflit armé dans le Nord du Niger mérite d’être prise au sérieux, ils ont formulé quelques recommandations sur le court terme. A travers ces recommandations , qui constituent une réponse immédiate à certains défis identifiés, ils invitent notamment les autorités nigériennes à :

1- restaurer immédiatement la crédibilité de notre système judiciaire à travers des mesures énergiques et immédiates visant à assainir le corps judiciaire. Cette recommandation se fonde sur le constat que notre système judiciaire est aujourd’hui gangrené par la corruption. Si rien n’est fait dans l’immédiat, il faut craindre que les frustrations ne s’accumulent chez les citoyens nigériens.

2- s’abstenir de prendre toutes mesures pouvant porter atteinte ou restreindre l’exercice et la jouissance des droits et libertés garantis par la Constitution nigérienne, notamment les libertés d’expression, de manifestation et le droit d’aller et venir. A l’évidence, les entraves et atteintes aux droits et libertés du fait du conflit actuel ne feront que renforcer le mécontentement des populations et discréditer le cadre démocratique.

3- reconnaître officiellement le MNJ comme un Mouvement rebelle et engager le dialogue avec ses représentants, qui doivent observer un cessez-le-feu immédiat. L’option pour le dialogue et la négociation découle du simple bon sens ; car, tous les conflits armés se terminent toujours sur une table de négociation. Le Niger ne peut pas se payer le luxe d’une guerre fratricide, qui ne ferait que compliquer la situation socio-économique déjà difficile de notre pays, fragiliser l’unité nationale et ouvrir la voie à une remise en cause des acquis de notre démocratie.

4- impliquer les partenaires et pays amis dans la recherche d’une solution négociée au conflit armé dans le Nord, qui pourrait entraîner une crise alimentaire grave, si la zone de l’Air demeure difficile d’accès pour les équipes chargées de prévenir les attaques acridiennes qui y prennent naissance. La résolution du conflit armé dans le Nord suppose une action diplomatique adéquate en direction de tous les pays qui peuvent faciliter les contacts et aider au dialogue, même s’il n’est pas souhaitable d’internationaliser la crise actuelle.

5- mener une enquête d’évaluation des impacts sanitaires et environnementaux de l’exploitation de l’uranium à Arlit, afin d’engager, le cas échéant, des actions en réparation contre le groupe français AREVA. Cette recommandation vise à répondre à une des exigences de la société civile d’Arlit, qui se bat depuis des années pour que la lumière soit faite sur les effets de la radioactivité sur les populations.

6- établir et publier dans les meilleurs délais un bilan des activités menées dans le cadre de l’initiative ITIE et des ressources engrangées dans le cadre de l’exploration ou de l’exploitation minières. Cela fait partie des engagements auxquels le gouvernement du Niger a souscrit lui-même en adhérant à l’initiative ITIE en 2005. Sans ce bilan, il sera impossible de suivre et d’apprécier le respect ou non des dispositions de la loi minière et du code pétrolier qui prévoient que 15% des revenus doivent aller directement aux communautés des régions.

7- prendre toutes les dispositions pour le dédommagement des populations locales privées de leurs zones de pâturage et pour l’affectation aux régions de la part de 15% qui leur revient de droit. Le dédommagement des populations locales est une question cruciale, notamment dans les zones à vocation pastorale où le problème foncier se pose différemment. L’affectation aux communautés locales de 15% des revenus tirés des activités minières est une obligation légale à laquelle l’État ne peut se soustraire.

8- continuer à réaffirmer la souveraineté du Niger sur toute partie de son territoire objet de litige jusqu’à ce qu’une décision judiciaire en décide autrement. Les autorités ont le devoir de veiller à ce que l’intégrité territoriale du pays ne soit pas violée. Les litiges doivent être réglés par voie judiciaire.

9- convoquer un forum national sur l’insécurité et adopter la stratégie nationale de prévention de conflit dans l’optique de la mise en place d’une Commission spécialisée. Ce forum doit regrouper l’ensemble des forces vives de la Nation et doit pouvoir examiner toutes les questions relatives à l’insécurité.

10- mettre tout en œuvre pour éviter que d’autres nouveaux types de conflit apparaissent, en redynamisant les cadres existants de prévention et de gestion des conflits. Au regard de la détérioration continue des conditions de vie des Nigériens, les autorités doivent veiller à ce que d’autres conflits ne naissent pas dans le pays ; et cela n’est possible que si toutes les dispositions sont prises pour assurer un bon fonctionnement de tous les mécanismes de gestion et de résolution des conflits.

11- encourager tous les leaders et personnalités de bonne volonté à s’investir davantage dans la recherche d’une solution de sortie de crise. Plusieurs personnalités et leaders influents de la région d’Agadez sont actuellement impliqués dans la recherche d’une solution négociée au conflit armé dans le Nord, il est important que le gouvernement les soutienne et les encourage en les écoutant et en valorisant leur contribution.

12- prendre des mesures urgentes pour remédier à la grave crise de l’éducation à tous les niveaux, en engageant notamment des négociations franches avec les représentants des élèves, des étudiants, des enseignants, des contractuels et autres partenaires de l’école. Ces dernières années, la situation scolaire et universitaire est devenue très préoccupante dans notre pays ; si rien n’est fait pour permettre aux jeunes d’étudier dans des bonnes conditions, ils peuvent être tentés par la violence.

13- apporter une réponse immédiate au problème crucial du chômage endémique des jeunes dans le pays. Le chômage touche aujourd’hui des milliers des jeunes dans notre pays, mais aucune solution durable n’est actuellement envisagée par les autorités. Le problème de l’emploi des jeunes doit être considéré non pas seulement comme une question sociale, mais comme un problème de sécurité tout court.