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Le quatrième Forum social européen et le FSM

Pause pour une réflexion

Lundi 29 mai 2006, par MURTHY PK

Chaque Forum social européen (FSE) est l’occasion d’un pas en avant ; de nouveaux progrès sont chaque fois accomplis. Florence, Paris, Londres et aujourd’hui Athènes sont certainement des étapes positives, mais il ne serait pas inutile de prendre le temps de revisiter la distance que nous avons parcourue depuis 2001.

Florence comme Paris et Londres a vu un rassemblement en majorité de jeunes anti/alter mondialiste qui étaient surtout venus des pays de l’Europe de l’Ouest - Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, France, Italie et d’autres pays. A Athènes, en revanche, en plus de la participation massive des Grecs, le FSE a plus largement ouvert ses portes à de nombreux militants de l’Europe de l’Est - Russes, Polonais, Tchèques, Slovaques, Hongrois et aussi Turques, Kurdes et Palestiniens. Il était apparent qu’il existe une distinction bien visible Nord-Sud au sein de l’Europe même.

Alors que des débats existent quant à l’utilité de ces forums, il faut reconnaître qu’ils restent un lieu nécessaire de rencontre pour tous ceux qui veulent apprendre à se comprendre et, en même moment, veulent forger des alliances sans être sectaires, sans essayer de s’approprier l’espace pour soi même — c’est-à-dire en respectant ce concept "d’espace libre et ouvert" qui permet à la grande diversité, à la pluralité et à l’hétérogénéité des participations de se retrouver sur la base d’un rejet radical, commun, du néo-libéralisme capitaliste et de cette mondialisation impérialiste qui étouffent et tuent le peuple laborieux de tous les continents.

Le FSE, tout comme le Forum social mondial (FSM), est fondé sur la Chartre qui nous a permis à nous de nous retrouver ensemble dans cet espace ouvert, sans nous replier chacun dans l’enclos fermés de nos organisations d’origine - mouvements sociaux, syndicats, ONG, etc.. La mondialisation néo-libérale, les guerres et les invasions des puissances impérialistes, l’existence du mouvement pour la paix, ainsi que d’autres mouvements (contre la faim, ou la prolifération des armements nucléaires) nous ont obligé à briser les barricades qui nous séparaient et à construire des réseaux en plus des débats et des discussions dans les plénières et ateliers qui ont lieu au sein du forum.

Le FSM, conçu au Brésil et après 3 éditions à Porto Alegre depuis 2001, a perdu un peu de son souffle et de son élan, car il s’est limité à être un point de rencontre des militants appartenant à de nombreux mouvements sociaux et ONGs de presque tous les continents. Les thèmes étaient nombreux et les débats étaient exhaustifs, mais le forum risque de de se réduire à un champ clos où se retouvent les seuls militants.

Le Forum de Mumbai en 2004 ainsi que les forums polycentriques de 2006 à Bamako, Caracas et Karachi, ont trouvés de nouvelles dimensions pour que les forums ne se réduisent pas à un enclos réservé à des rencontres de quelques activistes privilégiés. Au forum de Mumbai, comme il a été correctement souligné, les mouvements populaires se sont appropiré l’espace, lui donnant son dynamisme social et militant.

Le risque est en effet que les membres des mouvements sociaux ou de quelques ONGs disposant d’importantes ressources financières ne se rencontrent qu’entre eux avec pour mission de "convertir les convertis", oubliant que c’est la grande masse de nos pays qui est victimes de la mondialisation, des guerres, etc.

Le Forum n’a raison d’être que si ses portes sont ouvertes tout grand à l’entrée des ouvriers, paysans, jeunes, immigrants, dalits et à toutes les victimes d’un capitalisme monstrueux et d’une mondialisation qui, chaque jour, fait de notre monde un enfer insupportable. D’où ces luttes pour un "Non" à la Constitution européenne, contre le CPE, pour le droit à l’immigration et au travail, pour le droit de contrôler les ressources naturelles comme au Venezuela et en Bolivie, contre les guerres et les invasions, contre les grands barrages en Inde ou ailleurs ; ces luttes qui, avec beaucoup d’autres, expriment le refus de l’actuel système dominant.

Le FSE a, en ce sens, besoin d’une réflexion pour restructurer ses thèmes et pour assurer une participation plus vivante de ces milliers de militants qui sont à la recherche d’un horizon commun à leurs mulitples luttes.

Il reste cepedant certain que le FSE comme le FSM ont acquis leur raison d’être. Si Davos a lieu chaque année pour réaffirmer l’unité des riches et des exploiteurs de la planète, nous réaffirmons nous aussi la solidarité de celles et ceux qui, à travers les cinq continents sont bien décidés à ne pas être les esclavse du système inhumain de la mondialisation néolibérale sous ses diverses formes. Le FSM continuera à être ce point de rencontre et aussi, peut être, le porte drapeau de ce combat.
MURTHY PK