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Karachi : l’air frais du FSM

Lundi 22 mai 2006, par Frères des hommes

Dans un contexte politique relativement tendu et compliqué, l’organisation d’un événement tel que le FSM a représenté une occasion unique pour le PFF et plus largement pour la société civile pakistanaise. Cet événement était attendu comme un ballon d’oxygène. Il était pour tous ces gens une opportunité de s’ouvrir au reste du monde et de montrer qu’au Pakistan, il n’y a pas seulement des dictateurs, des militaires et des mullahs, mais aussi une société civile dynamique capable d’organiser un événement d’une telle envergure.

Ce forum a porté un espoir et une mobilisation incroyables. Les Pakistanais ont su développer des trésors d’organisation et surmonter de nombreux obstacles : le tremblement de terre d’octobre dernier qui a mobilisé toutes les énergies humaines et financières, le désintérêt des organisations internationales, le manque de mobilisation et de soutien de la part de l’état fédéral, ou encore les tensions au sein même du comité organisateur où plusieurs membres ont été longtemps favorables à un nouveau report du FSM. 

Grâce à leur courage et leur ténacité, ils ont pu maintenir la tenue du FSM et mobiliser autour de la rencontre, mais surtout, ils ont su créer un rapprochement au niveau national entre organisations de tous bords. C’était la première fois qu’ils travaillaient ensemble, mais pour réussir ce challenge, ils n’ont pas eu d’autres choix que de mettre de côté leurs différends et de se battre ensemble. Résultat, ils ont gagné le pari et de façon plus qu’honorable !

Pour les Pakistanais, les principaux enjeux résidaient surtout dans les questions de paix nationale et régionale. Le favoritisme appliqué par le gouvernement d’Islamabad envers la province du Panjab, et ce au détriment des trois autres provinces, a longuement été débattu. Les Pakistanais veulent que leurs richesses, comme le gaz au Baloutchistan ou l’agriculture au Sind, ne servent pas uniquement au développement de la province du Panjab, mais qu’il y ait un vrai partage entre les provinces et que leurs conditions de vie s’améliorent. Cette rencontre a aussi été l’occasion pour eux de se rapprocher de l’Inde et d’avoir des contacts avec le Népal. A ce titre, l’exemple des Dalits a été très marquant : certains Dalits indiens ne savaient même pas qu’il existait des Dalits au Pakistan ... et inversement !

Les petits pêcheurs du port d’Ibrahim Hyderi gardent un souvenir unique de ce FSM et ils ne sont pas près d’oublier leur participation à cet événement international qui aura su allier festivités et revendications. Pendant quelques jours, ils se sont retrouvés au milieu d’un îlot de démocratie et de paix où ils ont su apprivoiser leurs voisins de la sous-région qu’ils avaient pour la plupart toujours considérés comme leurs ennemis, et ont pu débattre librement avec eux. Ce FSM aura permis au PFF de se prendre de nombreux contacts et de faire connaître sa lutte tant au niveau de l’Asie que du reste du monde.

Cette rencontre aura été un premier pas, mais le plus dur reste à venir. Cette dimension sous-régionale doit continuer d’être prise en compte par les acteurs des sociétés civiles pakistanaise, indienne, népalaise, sri-lankaise, etc. Ces pays ont beaucoup de connaissances et de compétences qu’ils doivent mettre en commun pour renforcer leurs actions. S’ils arrivent à créer des réseaux d’échanges et de partenariats puissants, ils finiront par faire pression sur les gouvernements et pourront les contraindre de stopper les dépenses nucléaires ou d’armes au profit des besoins sociaux des populations. »