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NAIROBI 2007

Guerres de rue dans les bidonvilles de Nairobi

Jeudi 14 décembre 2006

Les affrontements entre deux bandes rivales ont fait au moins 9 000 déplacés dans le plus grand bidonville de Nairobi, la capitale du Kenya, a annoncé jeudi un représentant de la Croix-Rouge kenyane (KRC).

« Beaucoup de gens continuaient de fuir leur domicile, craignant une reprise des affrontements », a indiqué Anthony Mwangi, le chargé de relations publiques de la KRC. « Nous avons distribué de la nourriture aux milliers de déplacés hébergés sur la base aérienne militaire d’Eastleigh ».

Huit personnes auraient trouvé la mort pendant les affrontements qui ont commencé mardi dernier et ont opposé les ‘Mungiki’ et ‘Taliban’, deux gangs rivaux qui cherchent à contrôler le marché lucratif de la distillerie clandestine dans le grand bidonville de Mathare, ont déclaré des habitants. Les forces de sécurité sont intervenues et ont tenté en vain de ramener le calme dans le bidonville, ont-ils ajouté.

Selon James Waweru, commissaire du district, le gouvernement va éradiquer les bandes qui sévissent dans les bidonvilles.

La Croix-Rouge a distribué des produits alimentaires et non alimentaires aux personnes déplacées, a souligné Anthony Mwangi.

« Nous avons contacté des hôtels de Nairobi pour qu’ils nous offrent des repas chauds », a ajouté M. Mwangi. « Nous ne pouvions pas distribuer des aliments non cuits parce que les déplacés n’avaient rien pour faire la cuisine. Plusieurs hôtels nous ont déjà offert des repas ».

Les incendies allumés par les bandes pendant les affrontements ont détruit plusieurs centaines de maisons. « Au moins 1 500 familles sont directement touchées par ces incidents », a expliqué M. Mwangi. « Malgré le couvre-feu décrété, la situation reste très tendue ».

Mme Anna Tibaijuka, Directrice exécutive d’ONU Habitat à Nairobi, s’est dite très préoccupée par cette flambée de violence et a appelé au calme. Par ailleurs, elle a exhorté les autorités kenyanes à résoudre les problèmes à l’origine des violences, tout en précisant que ces troubles affectent les couches les plus vulnérables et les plus défavorisées de la population de Nairobi.

Mercredi, plusieurs centaines de jeunes manifestants étaient descendus dans les rues de Nairobi pour exiger la remise en liberté des chefs du gang Mungiki emprisonnés pour détention illégale d’armes. La police a dû tirer des coups de feu en l’air pour disperser les manifestants.

Selon le Centre des Nations unies pour l’habitat, avec plus de 500 000 habitants, Mathare est le plus grand et le plus surpeuplé des bidonvilles. La plupart des habitants vivent dans des logements d’une pièce où s’entassent quatre à six personnes. Ces logements sont proches les uns des autres, les services urbains sont rudimentaires et les taux de morbidité et de mortalité sont très élevés.

Le week-end dernier, des affrontements ont eu lieu dans une zone rurale de la vallée du Rift, à quelque 180 kms au nord-est de Nairobi. Ces affrontements ont fait quatre morts, mais depuis, l’ordre a été rétabli dans cette région, a indiqué la police. Selon la Croix-rouge, au moins 1 600 déplacés vivent encore dans des centres commerciaux, des écoles et des églises, craignant une éventuelle escalade de la violence.