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Vers la fin de l’Occident

Jeudi 30 août 2012, par Thomas Gottin

L'occident tend-il à disparaître et à s'engouffrer dans un désastre monétaire et écologique menaçant d'une fin inéluctable l'ensemble de sa population ?

En admettant que le système financier constitue le seul outil capable de réguler l'humanité tout en favorisant « le bonheur » des individus, il serait légitime de se consacrer exclusivement à pérenniser ce système, sacralisé depuis ces trente dernières années et garant de l'harmonie entre les peuples. Or, la suprématie instaurée du libéralisme, c'est-à-dire imposée dans les années 80 par quelques dirigeants (Reagan et Thatcher) sur la communauté internationale, résulte d'une dynamique de contrôle des populations par un système de totalitarisme inversé. Nous ne sommes plus dirigés par des figures charismatiques et visibles, mais par un pouvoir invisible, omniprésent et exclusivement mécanique car monétaire et financier.

Un regard actuel sur le monde

Une histoire du capitalisme serait intéressante ici pour comprendre la mise en place de ce nouveau pouvoir. Par souci d'espace, nous contenterons simplement de vérifier si l'idée de la fin de l'occident est aujourd'hui une réalité et si d'autres perspectives de vies sont désormais possibles. Il semble inévitable de partir du constat qui résulte de la crise économique et qui s'abat sur un occident désenchanté. Un article du Courrier International « L'occident est-il fini ? » paru en février 2011 soulignant d'ailleurs que la crise économique mondiale que nous connaissons est en fait un atout pour amorcer un véritable changement.

Le Japon et sa population vieillissante constituent par exemple, une contre pensée occidentale émergente et novatrice. En effet, au Japon, utiliser les ressources humaines à des fins harmonieuses, comme le fait de se reconcentrer sur une agriculture locale, se traduit par une nouvelle conception du travail, un retour à des valeurs culturelles (l'hospitalité, le patrimoine) et surtout par l'élaboration d'une nouvelle conscience, non plus axée sur la compétitivité mais sur la solidarité, le lien social et le respect du grand âge. Dans cette perspective, le déclin occidental apporterait une chance de repenser dans son intégralité (économique, politique, sociale et culturelle) le système pernicieux dans lequel nous sommes engagés et par lequel nous menaçons l'avenir de la planète.

Une fin en soi ?

La fin de l'occident constitue finalement non pas la disparition des nations européennes, ni de ses populations (comme l'on nous le ressasse avec l'avenir de la Grèce), mais l'écroulement d'un système économique et politique. Lorsqu'elle prend la forme d'un contre-pouvoir, la pensée de gauche se positionne comme une alternative idéologique à la pensée de droite : elle prône le social plutôt que le profit, l'humain plutôt que le marché et la solidarité plutôt que l'individualisme. Le cas de la politique néolibérale américaine de privatisation qui a asservi les pays du Sud depuis les années 1980, a engendré cette mise en application, notamment par l'émergence de plusieurs soulèvements citoyens.

L'exemple de l'Amérique latine illustre bien cette réalité dans le choix des populations d'élire des représentants de gauche ayant permis des avancées majeures dans certains pays. Soulignons que l'absence des États-Unis sur le sol latino-américain depuis 2001, étant donné que sa principale préoccupation impérialiste est maintenant de lutte contre le terrorisme arabo-musulman, a laissé un champ d'action assez large pour la mise en place de ces nouvelles politiques. En effet, la politique sociale d'Evo Morales en Bolivie, par exemple, a abouti à la mise en place d'un programme d'alphabétisation, de lutte contre la pauvreté, de redistribution des terres, de lutte contre la mortalité infantile, de nationalisation des entreprises gazières et pétrolières.

Dérives de la démocratie représentative

Pourtant, malgré une idéologie humaniste et des valeurs sociales, les politiques menées par Lula au Brésil, Chavez au Venezuela, Kirchner en Argentine, tendent à s'engouffrer dans des dynamiques populistes, démagogiques, voire despotiques (incarné notamment par le président Chavez, leader de la gauche radicale influente). Il faut donc rester prudent quant aux politiques latino-américaines, qui ont eu tendance à récupérer un électorat populaire dans le but de hisser des figures charismatiques au rang de héros nationaux et qui, pour l'ensemble de ce continent, ont fait preuve de discours radicaux sans pour autant améliorer les perspectives sociales et culturelles des populations autochtones. La Bolivie, le Brésil, le Venezuela, qui n'ont fait que signer des accords avec des multinationales sans se préoccuper de leurs populations rurales, sont des exemples qu'il faut largement prendre en compte. Tentons malgré tout de considérer la « fin de l'occident » comme une opportunité d'ouverture à d'autres formes de pensées politiques, culturelles, philosophiques...

Pourtant portée par le peuple…

Arrêtons-nous sur ce qu'a entrepris Hugo Chavez, dès 1998, lorsqu'il a remis au centre de sa politique le véritable pouvoir citoyen. Ainsi, en 1999, une Assemblée constituante a été mise en place par son administration vénézuélienne et a permis une réappropriation populaire de la politique. Les articles de la nouvelle Constitution ont ainsi été imprimés sur des paquets de pâtes afin que des millions de gens puissent y avoir accès, méthode communiste pour certains, éducation populaire pour d'autres.

Or, si les moyens mis en œuvre peuvent sembler contestables à différents niveaux, il apparaît possible de mettre en application des idées nouvelles et des perspectives de rassemblement à travers un retour de la politique au sein de toutes les strates de la population. Cette démarche pourrait s'appliquer à l'Occident, là où les peuples semblent de plus en plus désengagés, résignés et engloutis dans une logique consumériste. Les exemples de la Grèce et de l'Espagne viennent néanmoins contredire ces propos quand on voit avec quelle force les populations font face au énième plan de relance et de rigueur budgétaire que des institutions financières privées leur imposent. Ou encore en Islande où le peuple s'est emparé de l'Assemblée nationale tels les Bourbons pendant la Révolution française.

Un autre monde est possible

Aldous Huxley affirmait que ce n'est pas en ignorant les choses qu'elles cesseront d'exister. Ce propos illustre l'idée qu'il n'est plus possible d'ignorer la nécessité de ce déclin occidental puisque nous vivons ensemble dans un espace terrestre fini et commun qui nous fournit des ressources épuisables. En ce sens, il est indéniable que notre système actuel doit s'éteindre. En outre, il est de notre devoir de soutenir les systèmes politiques alternatifs inspirés des mouvements latino-américains. En attestent des mouvements tels que le MRBC (Manifeste de récupération des biens communs), le CADTM (comité d'annulation de la dette du Tiers-Monde), le MOC (Mouvement des objecteurs de croissance) et la pluralité de groupes, associations, pétitions, ONG qui s'accordent pour considérer cette chute du modèle occidental comme un nouveau souffle humaniste, là où la cause écologique, mais surtout anthropologique y trouve tout son sens.

Crédit photo : Todd Mecklem sous licence Creative Commons (Flickr)