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Lutter pour la défense des droits des travailleuses nicaraguayennes

Lundi 2 juin 2014, par Isabelle L'Héritier

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En cette fin de semaine de la fête des Mères au Nicaragua, l'honneur était aux femmes et ça se sentait partout dans la ville de Jinotepe, de la région de Carazo. Tout au long de la semaine, la population de Jinotepe s'est activée frénétiquement à la mise en place des préparatifs entourant la célébration et le gouvernement s'est également mis de la partie.

Afin de renforcer l'application des droits des travailleuses de la région de Carazo, le Ministère du Travail a organisé, quelques jours avant la fête des Mères, une formation de sensibilisation juridique visant spécifiquement la valorisation du travail des femmes, le 27 et 28 mai dernier à l'Institut polytechnique INATEC de Jinotepe. En se réunissant dans un espace non mixte avec une avocate et des employées du ministère, une trentaine de travailleuses ont partagées leurs expériences et recueillies des conseils juridiques visant à renforcer l'application de leurs droits et du salaire minimum dans leurs divers milieux de travail. Une initiative du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) intimement liée à la lutte et l'autonomisation des femmes au Nicaragua.

Ces formations, offertes plusieurs fois par année dans les différentes régions urbaines et rurales du pays depuis 2008, font partie du plan national de développement humain du FSLN mis en place afin d'améliorer la qualité de vie de la population nicaraguayenne. En étant mieux renseignées et en connaissant leurs droits, les travailleuses peuvent mieux se protéger et lutter contre les abus des employeurs. Lorsque celles-ci se retrouvent dans une situation où leurs droits sont bafoués, elles peuvent appeler au bureau de plainte du Ministère du Travail pour dénoncer une injustice ou demander une orientation. Toutefois, certaines se sont plaintes durant la formation que les bureaux de plaintes n'étaient pas ouverts 24h/24 et qu'ils n'étaient pas toujours facilement joignable.

Dénonciation et répercussion

Lorsqu'ils reçoivent des plaintes, les employé-e-s du ministère procèdent à des inspections dans les centres d'emploi tant dans le secteur privé que public. En parallèle, « le Ministère du Travail tâche à renforcer le dialogue consensuel avec les employeurs à travers des formations qui leurs permettent de mieux connaitre les droits qu'ils doivent respecter et les obligations qu'ils ont envers leurs employé-e-s », explique Nectalia Sandoval, directrice de l'unité technique responsable de l'égalité au Ministère du Travail.

Selon Arlen Mendieta Lopez, responsable de la condition de la femme du syndicat des employé-e-s de l'entreprise de textile Gildan, ces formations sont nécessaires, car il y a encore beaucoup de femmes qui ne connaissent pas leurs droits et qui sont victimes d'abus. Dans certains milieux, la discrimination envers les femmes enceintes et la violence faite aux femmes est chose courante. « La violence verbale utilisée par les superviseurs et les gestionnaires qui abusent de leur position de pouvoir est l'injustice la plus fréquemment rapportée », a pu remarquer Arlen Mendieta Lopez. Ayant suivi elle-même deux de ces formations, elle affirme que plusieurs travailleuses qui ont assisté cette activité lui ont fait part d'une amélioration de leur situation de travail. « Il y a plus d'égalité entre le travail des hommes et des femmes », affirme-t-elle. Toutefois, même si une amélioration se fait remarquer, les femmes demeurent sujettes à des injustices. Très peu d'entre elles ont le courage d'aller demander de l'aide professionnelle, car elles craignent que leur situation ne fasse qu'empirer.

Ayant fondé le syndicat des travailleuses et travailleurs de l'entreprise textile canadienne Gildan de San Marco il y a trois ans, Arlen Mendieta Lopez affirme que le syndicat ne reçoit encore aucune dénonciation. « Les gens ont peur d'être licenciés s'ils déposent une plainte envers leur employeur », soutient-elle. Pour l'instant, la mission du syndicat consiste principalement à permettre aux employé-e-s, de connaitre leurs droits et d'établir des conventions collectives avec les dirigeants de l'entreprise.

Rompre les inégalités établies

Ces formations offertes par le Ministère du Travail ne sont pas uniquement dirigées aux femmes, mais aux hommes également. Historiquement, les hommes ont toujours bénéficié d'une posture privilégiée dans la société nicaraguayenne. « Le pouvoir et le travail des femmes à la maison sont demeurés longtemps invisibles, car il n'avait aucune valeur économique », explique Nectalia Sandoval, directrice de l'unité technique responsable de l'égalité au Ministère du Travail. En prenant en considération les inégalités, les injustices et les difficultés que rencontrent plus fréquemment les travailleuses de divers secteurs, une attention particulière est portée aux femmes afin de s'assurer que leurs droits soient tout autant respectés que ceux des hommes.

Visant non seulement les respects des droits des travailleuses et travailleurs, ces formations ont également pour objectif le renforcement de la confiance en soi des travailleuses. « Nous espérons qu'à la suite de cette formation, les femmes qui y ont participé pourront partager les connaissances qu'elles ont apprises sur les droits des travailleuses et devenir ainsi des courroies de transmission de ces connaissances dans leurs milieux de travail », explique Nectalia Sandoal. Selon elle, la situation actuelle n'est pas parfaite, mais une amélioration des relations de protection et de restauration des droits du travail des travailleuses a été remarquée depuis les dernières années.