Le plan du gouvernement de Tel Aviv a été dévoilé au grand jour hier (28 février 2007, NDT) par le journaliste Meron Rapoport du quotidien Haaretz, et a été confirmé par un membre de la Knesset. Othniel Schneller, du Kadima, le parti du premier ministre Olmert, a fait savoir que le projet a été élaboré par le ministère de la construction. Ce dernier a nié même être au courant du plan. Schneller a ajouté que la municipalité de Jérusalem s’est montrée « contente de l’idée ». La nouvelle colonie se dresserait de fait contre une section du mur déjà terminée et, étant donnée la présence en son enceinte des colonies de Givat Zeev, Ramot Alon et Pisgat Zeev, elle favoriserait, de fait, le contrôle par Israël d’une vaste portion de la partie orientale de la Ville sainte.
Schneller, ancien chef de Yesha Council –la très puissante association des colons- et actuellement « envoyé » auprès de ces derniers pour le compte du premier ministre, a déclaré à Haaretz ne pas avoir encore discuté du projet avec Olmert, mais que « la position du gouvernement est qu’il a intérêt à construire l’habitat ». Le projet prévoit aussi une liaison de la nouvelle colonie, par une galerie, avec une autre colonie, celle de Kokhav Yaakov, à côté de Ramallah. A l’endroit où se dresserait la méga colonie, les Palestiniens pourraient passer de la Ville sainte à Ramallah et vice versa par le bloc de contrôle de Qalandiya, alors que les Israéliens transiteraient d’une colonie à l’autre par cette galerie commode. « Si quelqu’un décidait que Kokhav Yaacov (elle aussi colonie ultra orthodoxe, NDR) ferait partie de la ceinture de Jérusalem, il serait logique de créer une liaison du même genre, mais cela n’a pas encore été décidé », a conclu le député de Kadima, en laissant imaginer les limites de la Ville sainte entièrement contrôlée par Israël et s’étendant jusqu’aux portes de Ramallah.
Dror Etkes qui s’occupe de la surveillance des colonies pour l’association israélienne Peace Now, a appris la nouvelle par la presse. « Ce qui est sûr c’est qu’un coup de ce genre serait la confirmation du fait qu’Israël ne veut lancer aucun processus politique avec les Palestiniens », commente Etkes au téléphone depuis Jérusalem. Le responsable des colonies de l’organisation pacifiste explique que les colonies ultras orthodoxes sont celles qui sont en train de se développer le plus rapidement, en particulier autour de Jérusalem. « Le plan semble conçu pour allier les exigences des ultra orthodoxes (en croissance démographique constante et à la recherche de milieux homogènes à l’intérieur desquels s’insérer, NDR) avec le projet du gouvernement, de colonisation de la Cisjordanie ».
Peace Now a photographié cette situation dans son dernier rapport, publié il y a une semaine (fin février, NDT). En 2006, le nombre des colonies est resté stable, à 121 unités, (si on exclut celles de Jérusalem).
Ce qui augmente par contre est le nombre des colons, qui atteint 268.000 personnes. Une augmentation de 5%, qui contredit la Feuille de route. « La plus grande croissance numérique –dit le rapport de Peace Now- est due au déplacement de familles ultras orthodoxes dans les Territoires occupés, et à leurs forts taux de natalité, qui ont transformé des endroits comme Mdi’in Illit et Beitar Illit en plus grosses colonies de la Cisjordanie ».
Et hier, pour le quatrième jour consécutif (28 février 2007, NDT) l’offensive de l’armée contre la ville de Naplouse, au nord des Territoires, s’est poursuivie. L’opération, nom de code « Hiver chaud », a pour but, selon les commandements militaires, de détruire les dépôts d’armes des « terroristes », cachés dans la ville qui était autrefois le principal centre économique palestinien ; mais qui, depuis des années, est devenu une prison, avec des incursions militaires incessantes et un habitat isolé du reste de la Cisjordanie à cause des fermetures du poste de contrôle de Awwara. Au cours des affrontements d’hier, un militaire israélien et un jeune palestinien de 18 ans ont été blessés, ce dernier gravement.
Trois combattants du Jihad islamique ont été tués à Jenin, tout près de là, au cours d’une incursion des forces spéciales de Tel Aviv. Le premier ministre palestinien chargé de former le nouveau gouvernement d’union nationale, Ismaïl Haniyeh, a déclaré que ces opérations militaires traduisent l’expression du refus israélien d’un gouvernement d’Union, qui était arrivé à un accord le mois dernier. « L’escalade vise à saboter les progrès accomplis par les palestiniens et les arabes pour rompre le siège imposé à notre peuple », a déclaré avec colère Haniyeh, depuis Gaza, faisant référence aux sanctions internationales qui touchent toujours les Palestiniens.
Edition de jeudi 1er mars 2007 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio