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Forum social mondial

Le FSM à Bélem

Jeudi 29 janvier 2009, par Rachad Armanios

Plus de 100000 citoyens du monde venant de 150 pays, 5680 organisations, près de 2500 ateliers de réflexion, une pléthore d’activités culturelles et artistiques : la neuvième édition du Forum social mondial s’est ouverte hier à Belém, dans la capitale de l’Etat du Pará, à l’embouchure de l’Amazonie. L’ampleur et la diversité de ce rendez-vous de la société civile mondiale, en forme de réponse à l’illégitimité du forum de Davos, donne le tournis. Mais l’effervescence qui traverse la ville amazonienne d’un million et demi d’habitants ne trompe pas : les crises financière, écologique et sociale légitiment plus que jamais les innombrables luttes locales, nationales et globales menées inlassablement contre un système capitaliste qui, une fois encore, a déployé tout son potentiel de nuisance. A Belém, les altermondialistes veulent voir dans ces crises une opportunité de changement unique.

La soif de réponses est grande. Le monde entier tourne son regard vers l’Amazonie, même si bien des médias préfèrent les petits fours de Davos aux caipirinhas ensoleillées du Brésil. A Belém, la conscience est grande de la nécessité d’apporter des propositions globales pour contrer la course infernale de la planète contre le mur. Mais le défi est colossal. Au-delà du diagnostic partagé de la faillite du système, comment articuler et synthétiser les innombrables expériences locales de lutte ? Comment mettre d’accord le large spectre d’opinions représentées ? Les forums sociaux mondiaux ont plus d’une fois glissé sur cette peau de banane.
Placer trop d’espoirs dans les réponses alternatives est d’autant plus risqué que le marché financier s’est effondré récemment, laissant peu de temps à la construction de stratégies. En réalité, le véritable tsunami économique est pour demain. Les altermondialistes n’ont pas de baguette magique contre ce fléau ni contre les racines du mal. Mais des idées émergent, recyclées ou nouvelles. Par exemple : alors que les Etats ont débloqué 5000milliards de dollars pour sauver le marché, les citoyens pris en otage peuvent exiger que, pour chaque centime ainsi dépensé, un autre le soit pour des infrastructures et des services publics, et un autre pour des programmes de redistribution des ressources.

En Europe, un sentiment d’impuissance peut dominer, tant il est difficile pour la société civile d’influencer les politiques nationales. La vitalité des mouvements sociaux amazoniens, brésiliens et latino-américains, dans le laboratoire de l’Amérique latine rouge, regonflera à coup sûr les batteries des militants.

A travers leur regard, le monde aura les yeux rivés sur la complexe réalité -–urbaine, rurale, indigène– de cette région qui compte 22millions d’habitants pour 7millions de km[2]. Concentré d’inégalités sociales, de violence et de crimes écologiques –en quarante ans, un cinquième de son territoire a été déboisé–, ce poumon vert représente pourtant l’espoir. Derrière la crise financière se cache une classique crise de surconsommation, où les intérêts individuels priment. Les modes de vie traditionnels des Indiens, soucieux de l’intérêt commun et respectueux de la nature, devraient nous inspirer. Hier, 1500Indiens ont lancé un SOS pour sauver l’Amazonie ainsi que leur intégrité physique, culturelle et territoriale. L’équilibre climatique mondial dépend de l’Amazonie. Ses habitants ancestraux savent comment la choyer.