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PALESTINE

« Abbas doit fonctionner dans le cadre de l’OLP »

Entretien avec Tayseer Nasrallah

Vendredi 23 novembre 2007

Pour Tayseer Nasrallah, si le Hamas veut entrer dans l’OLP, il doit reconnaître la charte de l’OLP. Mais sans le Hamas, la capacité du Président Mahmoud Abbas de parvenir à des accords signés au nom de l’OLP avec Israël et de les mettre en pratique sera limitée.
Bitterlemons International : En mars 2005, un accord est intervenu entre toutes les factions palestiniennes au Caire pour réformer l’OLP. Depuis, rien ne s’est passé. Pourquoi cette absence d’avancée ?

Tayseer Nasrallah : D’abord, l’accord du Caire était une réaffirmation de la réforme de l’OLP. Il y a eu aussi des discussions sur l’entrée du Hamas et du Djihad islamique dans les institutions de l’organisation. Aucune mesure immédiate n’a été prise parce qu’au début tout le monde s’est satisfait et contenté d’avoir un accord pour réformer l’OLP et d’y inclure le Djihad et le Hamas.

Bitterlemons International : Ce processus va-t-il se poursuivre ?

T. N. : Après ce qui s’est passé à Gaza, je pense que toute discussion pour inclure le Hamas et le Djihad islamique dans l’OLP est inutile. La mentalité des gens qui sont derrière ce qui s’est passé à Gaza n’est pas celle de gens prêts à partager le pouvoir ni même à travailler à l’unité palestinienne. Ce qu’il nous faut maintenant, ce sont de nouvelles lignes qui puissent remplacer celles dont nous avions convenu au Caire.

Bitterlemons International : Vous êtes en train de me dire que l’accord du Caire n’est plus d’actualité ?

T. N. : Oui. Plus personne ne parle de cet accord. Ces deux derniers mois, il y a eu deux sessions du Conseil central de l’OLP à Ramallah et personne, d’aucun des groupes de l’OLP, n’a même évoqué l’entrée du Hamas et du Djihad islamique dans l’organisation.

© Abu Arafeh Bitterlemons International : Une négociation ou un accord avec Israël peuvent-ils avoir la moindre valeur sans une réforme de l’OLP et spécifiquement l’inclusion du Hamas ?

T. N. : Si le Hamas veut entrer dans l’OLP, il doit reconnaître la charte de l’OLP. C’est ce que le Hamas a refusé de faire depuis le début et c’est ce qui a en partie ralenti la mise en pratique de l’accord du Caire. Cependant, je pense aussi que sans le Hamas la capacité du Président Mahmoud Abbas de parvenir à des accords signés au nom de l’OLP avec Israël et de les mettre en pratique sera limitée, parce qu’il y aura des efforts délibérés pour les briser. C’est ce qui s’est produit avec Yasser Arafat, quand le Hamas réagissait à tout accord par un attentat à l’intérieur de la Ligne verte. Il est tout à fait possible que le Hamas fasse de même aujourd’hui pour tout accord qu’Abou Mazen pourrait signer dans l’avenir.

Bitterlemons International : Quelles réformes faut-il entreprendre pour renforcer l’OLP ?

T. N. : Tout d’abord, il faut une réunion du Conseil national et il faut s’accorder sur une nouvelle procédure pour choisir les représentants afin d’éviter le vieux système des quotas dans le partage du pouvoir entre factions. Nous devons prendre en compte les nouvelles réalités sur le terrain en Palestine et en dehors. Il faut prendre au sérieux les communautés palestiniennes hors de Palestine. Les groupes eux-mêmes doivent étudier leur représentation actuelle dans l’OLP, où certains n’existent que de nom et où beaucoup ont perdu de leur popularité, que ce soit ici ou à l’extérieur. Il faut donner une chance aux indépendants et aux communautés palestiniennes en exil d’être représentés dans l’OLP.

Bitterlemons International : La réforme de l’OLP est-elle vraiment importante pour mettre un terme aux divisions internes en Palestine ?

T. N. : Il est très important de réformer l’OLP parce qu’elle est la seule représentante légitime du peuple palestinien reconnue au niveau international. La réforme de l’OLP va renforcer la cause palestinienne et permettra aux Palestiniens de mieux montrer leurs souffrances que par l’Autorité palestinienne, puisque l’OLP représente les Palestiniens où qu’ils soient. La libération de la Palestine n’est pas encore réalisée. L’OLP restera vitale jusqu’à la création d’un Etat palestinien indépendant et l’obtention des droits légitimes du peuple palestinien.


Tayseer Nasrallah est un dirigeant du Fatah à Naplouse et un membre du Conseil national de l’OLP.


Voir en ligne : www.france-palestine.org