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Présidentielles américaines, quelles solutions pour la dette étudiante ?

Vendredi 1er juin 2012, par Sophie Laisney

Alors que le mouvement étudiant n'a jamais été aussi considérable au Québec et au Canada, la prise en compte de la jeunesse a récemment fait son entrée dans le paysage politique américain, d'une façon bien moins radicale.

L'équipe électorale du président Barack Obama, aspirant à un second mandat, souhaite se consacrer en partie à l'électorat qui a le plus souvent soutenu les candidats démocrates, à savoir la jeunesse américaine. Cette jeunesse qui évolue dans l'un des systèmes éducatifs postsecondaires les plus coûteux au monde.

Soutenu par près de 66 % des jeunes de 21 à 29 ans lors de la campagne électorale de 2008, le leader démocrate compte bien conserver ces précieuses voix, en mettant la question de l'endettement étudiant à l'ordre du jour.

Certains sceptiques parlent d'une nouvelle stratégie de séduction électorale du côté démocrate ; d'autres, plus convaincus, se laissent aller à l'espoir d'une éducation moins lourde à assumer financièrement.

En effet, aux États-Unis, le coût des études postsecondaires est particulièrement élevé, ce qui n'empêche pas le taux d'Américains accédant aux études supérieures d'augmenter . Avec un prix annuel de 6500 dollars au secteur public et 23 000 dollars au secteur privé, payer le prix fort pour une éducation de qualité ferait partie de la norme pour les Américains. Le pays est réputé pour son lien direct entre le gouvernement et les universités ; l'aide directe aux étudiants est maintenue par un système de prêts et bourses particulièrement élaboré. Toutefois, le problème de la précarité de l'emploi aux États-Unis affaiblit sans nul doute la valeur des diplômes américains, mettant ces failles au grand jour. L'affaire n'est pas sans importance : l'enjeu risque de devenir le cheval de bataille de la prochaine élection étant donnée les divergences entre les propositions et les intérêts des démocrates et des républicains.

Les propositions démocrates

Durant un récent « talk-show », Barack Obama a commenté le fait qu'il a remboursé ses propres dettes étudiantes relativement récemment : « Et maintenant, je suis le président des États-Unis ! » a-t-il ironisé avant d'être accueilli par un tonnerre d'applaudissement du public. Si l'ambiance sur le plateau de l'émission était légère, il n'en reste pas moins que les États-Unis connaissent une impasse importante quant à l'emploi.

En effet, plusieurs étudiants accumulent des dettes faramineuses à l'université et, certains ne peuvent accéder à un travail digne de leurs études. Ces étudiants sont dans l'obligation de se dévaluer académiquement et professionnellement afin de trouver un travail. Et aussi de reporter à plus tard le projet de fonder une famille, en demeurant chez leurs parents.

Ni le président sortant ni son opposant républicain ne proposent une réduction des frais de scolarité (qui, dans certains États, ne cessent d'augmenter). Toutefois, les démocrates proposent une nouvelle aide du gouvernement qui subventionnerait la moitié des taux d'intérêts de la dette étudiante les faisant ainsi passer de 6.8 % à 3.9 %.

Cette aide considérable représenterait près de 6 milliards de dollars et, plus concrètement, plus de 100 dollars par mois de remboursement sur l'endettement d'un étudiant. Le sacrifice des familles et des étudiants serait donc moindre. À long terme, principalement pour les classes moyennes. Les démocrates proposent de rendre les 6 milliards de dollars disponibles grâce à de nouvelles taxes imposées à certaines compagnies pétrolières. Proposition largement raillée par le camp adverse qui la considère comme inacceptable. À noter que plusieurs de ses compagnies représentent un soutien financier et un potentiel électorat importants pour les républicains et Mitt Romney, l'homme de tête du parti.

L'offensive républicaine

Tenace, Mitt Romney, entreprend de mettre sévèrement en doute les propositions démocrates. Aussi, Romney souhaite abolir l'idée que seul le parti démocrate serait le « parti qui a un cœur » ; tout en offrant une contre-proposition qui rallierait l'électorat de jeunes à sa cause.

Farouchement opposés à la taxation des compagnies pétrolières, les républicains veulent jouer sur une tout autre carte : celle de la loi sur la santé. Une loi pour laquelle les démocrates se sont battus bec et ongle. Après quatre ans de mise en place, les républicains se sont pour la plupart tous entendus sur l'échec de cette dernière, trop coûteuse (on parle de près de 1000 milliards de dollars sur 10 ans). Les républicains proposent ainsi la révision de cette loi démocrate considérée comme non aboutie par certains et surtout trop chère pour ce qu'elle est (les républicains visent dans un premier temps les dispositions de cette loi, notamment l'article sur la santé des femmes). Dépense récurrente, elle piocherait dans les caisses de l'État, symbolisant l'échec de la réforme démocrate.

Sans surprise, les camps démocrate et républicain sont divisés sur la question du financement et des subventions aux étudiants. Les démocrates gardent l'espoir d'une loi sur la santé qui deviendra plus populaire par la suite ; les républicains convaincus que cette loi, au final, n'a pas lieu d'être.

Mais à l'heure des grandes remises en question sur un système éducatif québécois qui « s'américanise », il y a tout de même des questions à se poser. Certains parlent de la dette étudiante aux États-Unis comme une « bombe à retardement ». Le Québec n'est pas loin d'imploser lui non plus.

Et si la dette étudiante est bien moins élevée ici, la situation actuelle nous fait tout de même croire que notre politique libérale est en train de tendre vers le modèle de l'Oncle Sam.

Nos générations futures endettées jusqu'au cou au sortir de l'université, autrement dit un boulet bien plus lourd à traîner, les Québécois ne le souhaitent pas. Les Américains revoient leur système de subvention aux étudiants. Pas de fond en comble, certes, mais cela représente déjà beaucoup pour eux, et qui sait, pour le Québec.

Sources :
- Entrevue avec Pierre Martin, professeur titulaire au département de science politique à l'Université de Montréal et directeur de la chaire d'études politiques et économiques américaines (Cépéa).
- http://www.cerium.ca/Blogue-sur-les...
- http://www.lapresse.ca/debats/le-ce...
- http://www.la-croix.com/Actualite/S...

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Crédit photo : KitAy