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Sortir du marché et loger un milliard de personnes

Lundi 3 juin 2013, par Marjolaine Tapin

L'Alliance internationale des habitants a tenu un atelier pour réfléchir collectivement aux alternatives au marché privé en matière d'habitation. D'ici 2020, on estime qu'il y aura 700 millions de personnes mal-logées. Pourquoi faudrait-il continuer à faire confiance au marché privé ?

La majorité des ONG qui interviennent dans le domaine est déterminée à trouver des solutions concrètes. Leurs solutions et prises de position ponctuelles doivent être diffusées afin de favoriser les partenariats et les échanges, pour démarrer une véritable révolution.

Car sortir un milliard de personnes du marché, c'est un objectif qui relève de la révolution. Pour y arriver, la convergence des luttes et la mise en commun des stratégies sont de mise : voici les constats des personnes impliquées au sein de ce réseau.

Quelles sont les alternatives ?

Le soutien aux coopératives d'habitat est une des réponses solidaires à cette problématique. On assiste à une régénération de ce type d'habitat et de construction des communautés. Il faut miser sur les propriétés collectives ainsi que sur les échanges d'expérience en Europe, en collaboration avec certaines universités et chaires de recherche internationales sur le sujet. S'il est vrai que la crise frappe, il est important qu'à certains moments il y ait des contre mesures. En Afrique, un mouvement se construit. En Inde, on observe des expériences intéressantes même si elles sont minoritaires. Elles risquent de rester minoritaires si les convergences ne se matérialisent pas. Le Forum sert à mettre sur pied ces convergences pour faire en sorte que les gouvernements mettent en place des politiques publiques.

Une carte du monde sur l'habitat

L'ONG Habitat et participation ASBL présentent un projet de carte du monde virtuel de l'habitat urbain. L'objectif est de donner à des acteurs locaux et nationaux impliqués dans des luttes pour le droit à l'habitat les outils nécessaires pour agir. Essentiellement, il s'agit de :

- Situer les propositions par rapport au marché et aux actions des pouvoirs publics du pays.
- S'inspirer des cadres légaux d'autres pays en matière de droit au logement et de droit foncier. Par exemple, en France et en Écosse, le droit au logement est imposable, c'est-à-dire qu'on oblige l'État à agir. Au Bénin, un code relatif au domaine empêche l'accaparement des terres par l'État.
- Connaitre les propositions ou les plateformes de propositions des autres pays pour enrichir le débat.
- Prendre contact avec d'autres acteurs de la société civile pour renforcer les diverses actions.

Par contre, le site n'est pas :
- Un donneur de leçons : chaque pays connait des problèmes en matière d'habitat et partout des gens s'organisent pour faire valoir leurs droits.
- Des « recettes toutes faites » qui proposeraient des propositions qu'il suffirait d'appliquer dans son propre pays.

Pour informations supplémentaires : www.wm-urban-habitat.org

Des problèmes de logement aux quatre coins du globe

En Amérique latine, la lutte contre les expulsions est primordiale. Ce qu'il faut, c'est une perspective différente pour aborder le problème de l'habitation. Il y a plusieurs problèmes distincts. L'habitat est un droit fondamental mais aussi un problème complexe. Différents pays ont des problèmes et mettent en place des politiques publiques. Par exemple, au Pérou, il existe une politique de logement uniforme. Au Mexique, on constate une détérioration des conditions de vie. 46,2% des habitants sont en situation de pauvreté. La politique officielle privilégie la construction de nouvelles habitations alors que 5 millions de logements sont en mauvais état.

Pour résoudre le problème que connaît l'Inde, « nous avons besoin de nous battre. Pour nous battre nous avons besoin de vous ! ». Mondialisation et néo-libéralisme (les politiques) font que les riches sont plus riches et les pauvres plus pauvres. Les pauvres sont marginalisés.

La plupart des politiciens et bureaucrates ne sont pas seulement corrompus, mais ont des intérêts personnels et aspirent à devenir riches et faire partie des corporatistes géants. La solution : un débat sévère comme le Forum social. Pour beaucoup, il faudrait une radicalisation, revenir aux sources. « Nous avons encore besoin de consolider les campagnes. Il nous faut notre propre réseau de communication. Il faut développer du logement abordable pour les pauvres et la classe moyenne ainsi que d'éviter les expulsions. »

Quant au Cameroun, il faudrait défendre et protéger le droit au logement au bénéfice de ses membres dans les différentes régions. Le Cameroun est un pays qui connait une grave crise en matière d'habitat et de logement plus spécifiquement dans les quartiers défavorisés. À Yaoundé, la capitale, près de 80% de la population vit dans des bidonvilles.

Depuis l'indépendance, il y a peu de politiques pour apporter les services sociaux de base. On estime qu'il faudrait 1 million d'unités à construire pendant 10 ans pour régler le problème de logement au Cameroun. Ces difficultés sont causées par l'influence des multinationales et des bailleurs de fonds, instrumentalisé par le Fonds Monétaire International.

En milieu urbain ou rural, il faut lutter pour apporter une déclinaison des politiques néolibérales. Face à cette situation, les habitants se mobilisent pour se prendre en main. Depuis plus d'une dizaine d'années, on essaie d'imaginer des solutions possibles au problème de logement dans notre pays. Inciter les pouvoirs publics à agir.

Au cours des sept dernières années, dans l'ensemble des régions, le droit au sous-tend des propositions concrètes : revoir le cadre législatif et réglementaire pour permettre aux coopératives de pouvoir s'exprimer et une autoconstruction adaptée en fonction des ressources de paiement des citoyens. Divers participants ont soulevé le fait qu'il faudrait, en outre, réformer les institutions issues de la colonisation et le crédit foncier. Les sociétés immobilières du Cameroun n'ont pas pu répondre au problème depuis l'indépendance des 50 dernières années.

Un effet de levier ?

Il faut mettre en place un véritable fonds national de l'habitat pour financer des programmes de logement portés par les coopératives naissantes. Les coopératives ne sont pas orientées vers la recherche de profit. Leur objectif principal est de répondre au besoin de logement et augmenter la qualité de vie. Nous devons alimenter une culture du vivre ensemble en milieu urbain qui ne va pas nécessairement de soi. Il s'agit d'une réappropriation au niveau citoyen. Les mouvements comme ceux de l'Alliance constituent un tremplin important pour mettre en place un mouvement pour changer de manière radicale les politiques publiques dans le pays.

Crédit photo : Marjolaine Tapin