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Violation totale des droits humains

Mustapha Barghouti dénonce le silence de la communauté internationale.

Mardi 13 juin 2006

Député palestinien, ancien candidat à la présidentielle de 2005, Mustapha Barghouti est engagé de longue date dans la recherche du dialogue avec les pacifistes israéliens. Il est notamment l’un des instigateurs, aux côtés du chef Daniel Barenboïm, du West Eastern Divan Orchestra qui réunit des musiciens israéliens et palestiniens.

Quelle est votre réaction après l’attaque israélienne contre Gaza vendredi ?

Mustapha Barghouti. C’est une attaque terroriste d’État, une violation totale de tous les droits humains, une violation totale des comportements qui devraient gouverner l’action des armées. Ce que fait Israël dans la période actuelle, ce sont des attaques constantes et répétées contre la population civile : déjà, au moins 40 personnes ont été tuées depuis le début du mois. Rien que le mois dernier, Israël a procédé à environ 5 000 bombardements sur la zone de Gaza. Selon moi, Israël combine une pression économique et militaire, avec des massacres. Nous sommes très surpris par la timidité de la réaction de la communauté internationale face à ces terribles violations, et par le déséquilibre des comportements. Si des citoyens israéliens avaient été touchés, ce que nous ne souhaitons pas, le monde aurait réagi très différemment. La grande question derrière tout ça, c’est sommes-nous des êtres humains égaux ou non ?

Ehud Olmert vient en France mercredi. Attendez-vous de la France qu’elle fasse pression pour un arrêt des bombardements ?

Mustapha Barghouti. Nous espérons que la France adoptera une position très ferme, parce qu’elle sera face à un homme qui a du sang sur les mains, du sang de civils. Nous l’espérons parce que la France a eu dans le passé des positions meilleures que les autres pays. Mais là, il faudra être plus ferme encore. Ces attaques devraient être condamnées, ces attaques devraient faire l’objet de discussions au Conseil de sécurité de l’ONU.

Que dire à une enfant qui a dix ans, qui a perdu son père, sa mère, des frères, des soeurs ? Cette enfant est toute seule maintenant. Que dire à une autre famille qui a perdu trois de ses membres ? Il faudrait au moins que des mesures soient prises pour que cette tragédie ne se reproduise pas. Pour être honnête avec vous, il nous arrive souvent de nous demander : mais qu’est-ce qui ne va pas entre nous et le reste du monde ? Nous sommes ceux qui sont occupés, depuis 39 ans ; nous sommes ceux qui sont opprimés ; nous sommes ceux qui comptent 5 millions de réfugiés éloignés de leur pays par la force depuis des décennies ; et nous sommes accusés d’être les agresseurs ! Quelque chose ne va pas, réellement.

Pensez-vous que cet isolement du peuple palestinien a été aggravé par la récente - victoire du Hamas aux - législatives ?

Mustapha Barghouti. Sans doute un peu. Mais nous constations le même isolement durant les années de pouvoir de Yasser Arafat, quand il était acculé par l’armée dans ses bureaux de Ramallah. Ceci dit, la situation s’est aggravé ces derniers mois, c’est vrai.

Le dialogue interpalestinien est au plus mal, après le refus du Hamas de soutenir le plan de sortie de crise du président Abbas. Comment jugez-vous la situation ?

Mustapha Barghouti. Cette division au sein du camp palestinien est très inquiétante. Nous travaillons dur pour dépasser cette situation en trouvant un moyen légal de reconstruire l’unité nationale. Mais nous disons également que le Hamas doit changer ses positions et accepter ce qui est déjà communément accepté par les Palestiniens : la création de deux États. Nous préférons atteindre cet objectif par un accord politique plutôt que par référendum. Et si nous y arrivons, il n’y aura pas besoin de tenir le référendum.

Entretien réalisé par Paul Falzon
L’Humanité
Article paru dans l’édition du 12 juin 2006.