Ces derniers jours, des centaines de milliers de supporters de l’équipe de football d’Espagne criaient Viva España ! après la victoire bien méritée de leur équipe en Coupe d’Europe. Elle a joué sans conteste mieux que n’importe quelle autre équipe et a même, par moments, rappelé l’inoubliable équipe néerlandaise des années 1980. J’ai hautement apprécié le jeu espagnol et je suis heureux de leur victoire. Ce n’est pas, cependant, une raison suffisante pour consacrer chaque semaine mon blog au football.
La semaine dernière, j’ai à mon tour crié Viva España ! en recevant le message qui suit :
L’Audience nationale (le tribunal national compétent en Espagne pour les crimes spéciaux) se déclare compétente, pour la première fois, pour examiner une requête déposée contre des officiers généraux de l’armée israélienne afin de déterminer leur responsabilité dans un bombardement qui a tué 15 personnes et en a blessé 150 autres à Gaza (Palestine).
La requête, déposée devant le tribunal par six parents des victimes, survivants du bombardement, demande à ce qu’une enquête soit diligentée pour savoir si cet « incident » peut être considéré comme un crime de guerre et ensuite être porté devant un tribunal espagnol.
Les officiers généraux concernés sont l’ancien chef d’état-major, le général Moshe Yaalon, l’ancien chef des Forces aériennes israéliennes, le général Dan Halutz, le ministre de la Défense et son adjoint, le président du Conseil national de la Sécurité et le chef des Services de sécurité israéliens, ainsi que le général Doron Almog.
Viva España, car, contrairement à la France, le tribunal espagnol a pris au sérieux le concept de responsabilité internationale dans le cas d’actes suspectés d’être des crimes de guerre. Dans un récent article, en réponse à la proposition du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de créer un organisme chargé d’enquêter et de poursuivre les crimes de guerre, j’écrivais : « Si le ministre français des Affaires étrangères est sincère dans sa volonté de renforcer le droit international sur la planète, il doit prendre l’initiative d’une action internationale pour obliger Israël à exécuter la décision de La Haye (Cour internationale de Justice) » (1). Bien sûr, le gouvernement français néoconservateur n’a rien fait dans ce sens. Au contraire, lors de sa visite en Israël, le président français, Nicolas Sarkozy, a osé déclarer que la France et Israël partageaient le même respect pour les droits de l’homme.
Au lieu d’essayer d’imiter l’occupant de la Maison-Blanche, bien connu pour sa capacité à dire blanc ce qui est noir, et noir ce qui est blanc, le président français ferait mieux d’enjoindre le ministre de la Justice de son pays de suivre l’exemple espagnol, et d’instruire le cas des officiels israéliens soupçonnés de pratiques de la torture (sur la question de la torture, la France s’est donnée la compétence internationale).
AIC est prête à fournir les informations nécessaires aux autorités françaises afin de leur faciliter leur devoir international à instruire et poursuivre les bourreaux israéliens. Je ne suis pas sûr, cependant, que Bernard Kouchner apprécierait notre idée et notre offre de coopération.
1) - L’ingérence est un devoir, mais l’application des Droits de l’Homme ne doit pas être sélective
Et à cette même adresse : Une « compétence universelle » vidée de sa substance de la Coalition française pour la Cour pénale internationale.
6 juillet 2008 - Alternative Information Center - traduction : Info-Palestine.net