Détente
Depuis quelques années toutefois, la situation a commencé à bouger. Le gouvernement indien précédent dominé par la droite (BJP) a constaté que la guerre avec le Pakistan était autant absurde qu’impopulaire. Lors d’un show médiatique, le Premier Ministre de l’époque, Atal Behari Vajpayee, a voyagé en autobus entre l’Inde et la grande ville du Penjab pakistanais, Lahore. Mais l’an passé, la droite a été renversée au Parlement indien par une alliance centre-gauche, ce qui a relancé le processus de paix entre le Président pakistanais Musharraf et le Premier Ministre indien Singh. Aujourd’hui, le mouvement pour la paix tente d’élargir la brèche. Ce n’est pas évident considérant le fait que les affrontements ont presque déclenché un tir de missiles nucléaires entre les deux pays en 2001 !
Traverser la frontière de l’histoire
Je suis moi-même né au Cachemire et je me souviens comment on vivait dans cette partie du monde avant la « tempête » de 1948. Aussi au début d’avril quand est apparue la possibilité d’organiser un « autobus de la paix » pour traverser la frontière maudite, je me suis précipité vers ma ville natale. Le 6 avril, la tension était électrique à la suite de menaces proférées par des organisations anti-processus de paix. Quelques heures avant le départ, la rumeur était que le Premier Ministre indien et la dirigeante du Congress Party Sonia Gandhi allaient canceller leur venue à Srinagar. Mais le 7 avril au matin, ils étaient là pour saluer les passagers de l’autobus historique devant une armée de journalistes. À 15 heures, nous avons franchi la frontière et quelque temps après, nous sommes arrivés à Muzzafarabad en croisant un autobus qui avait fait le chemin inverse vers Srinagar. Le 7 avril dernier, la paix a gagné une manche. Pour la première fois depuis longtemps, les deux gouvernements négocient sérieusement, en impliquant également les partis cachmiris (pro ou anti indépendance). Nous qui avons milité tellement longtemps pour cette cause sentons que la victoire est à notre portée.