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Palestine

Sharon vote Hamas

Samedi 4 juin 2005, par Michel WARSHAVSKY

Les résultats des dernières élections municipales palestiniennes marquent une grave défaite pour le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas (Abou Masan), Président de l’Autorité Palestinienne, et un succès pour les partis de l’opposition, en particulier le Hamas qui gagne toutes les grandes villes de la Bande de Gaza et la ville de Qalqilla en Cisjordanie. Si le Fatah reste le premier parti en termes d’élus municipaux, le Hamas le dépasse en nombre de voix. e générale dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

La raison la plus couramment avancée de ce recul spectaculaire du Fatah est son identification par la population au personnel, corrompu, inefficace ou carrément impotent de l’Autorité Palestinienne. Ce « vote de protestation » ne fait pas de doute, même si Mahmoud Abbas a poussé la direction du Fatah à présenter des candidats moins identifiés à la gestion, souvent désastreuse, de ces dix dernières années. Mais plus important encore dans la défaite du Président palestinien est le rôle joue par le Premier ministre israélien, Ariel Sharon.

Mahmoud Abbas a promis a son peuple qu’un arrêt de la résistance armée obligerait Israël à réduire sensiblement la violence de l’occupation et à mettre en œuvre ses engagements sur le gel de la colonisation, tels que signés dans la feuille de route du Quartette. Or, comme on pouvait s’y attendre, rien n’en a été.

Le Président palestinien a convaincu l’ensemble des organisations palestiniennes à faire une trêve unilatérale avec Israël, et celle-ci a été jusque très récemment respectée. Mais Abou Masen n’a rien reçu en échange, si ce n’est la libération de 400 détenus, en fin de peine et l’ouverture d’une quinzaine de barrages… Sur près de 800. Les assassinats cibles se poursuivent, le retrait de l’armée israélienne des villes palestiniennes se fait attendre, les incursions militaires et leur lot d’arrestations n’ont pas cesse. Surtout, la colonisation n’a non seulement pas été gelée, mais en fait s’est dramatiquement accélérée, en particulier autour de Jérusalem.

La conséquence en est, bien évidement, une perte de crédibilité pour Abbas qui, pourtant, avait reçu un soutien populaire non-négligeable, lors de son élection, précisément parce qu’il promettait une amélioration de la situation.

On ne peut qu’en tirer une conclusion : Sharon ne veut pas de Mahmoud Abbas car, à terme, il pourrait être présenté comme un interlocuteur avec lequel il faudra négocier. Sharon, tout comme Bush, est dans l’unilatéralisme (dont le redéploiement unilatéral de Gaza) et pour cela il lui faut un non-interlocuteur. Hamas ferait bien l’affaire.