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Afrique du Sud

Sédition

La saison de la lutte

Vendredi 10 juin 2005, par Ahmed SALOOJE

L’hiver sud-africain ouvre généralement la saison des mobilisations sociales. L’an passé août, des milliers de manifestants sont descendus sur l’autoroute en face de Harriismith, une ville endormie de l’Orange Free State. Ils ont rappelé à tout le monde que, dix ans après la fin de l’apartheid, la lutte pour la démocratie continue en Afrique du Sud.

« La vie meilleure pour tous » promise par l’ANC reste un rêve lointain. Comme des logements décents et l’accès aux services de base comme l’eau et l’électricité, captés par la froide « logique » du marché. Face à cette mobilisation, la réponse de l’État a été sans équivoque. On avait l’impression en fait de revenir en arrière : des policiers attaquaient sauvagement les manifestants avec toute la panoplie de la répression :. un manifestant assassiné par la police, des dizaines de matraqués et de blessées, et en plus, la mise en accusation de ceux que les forces de l’« ordre » ont identifié comme les leaders pour de « violence publique » et sédition (une première en Afrique du Sud « post-apartheid »).

Une nouvelle génération de la résistance

Les évènements de Harrismith s’inscrivent dans une évolution qui a commencé en 1996 lorsque l’ANC a adopté un programme néolibéral, le Growth Employment and Redistribution Strategy (GEAR), formulé en fait par des « experts » de la Banque mondiale. Pour un temps, le charismatique Nelson Mandela a réussi à tourner le débat en attaquant la « méchante » gauche « irresponsable » et en affirmant d’emblée que le GEAR n’était tout simplement pas « négociable ». Mais peu après, le programme de « marchandissation » des biens sociaux (notamment le logement, l’eau et l’électricité) a été rejeté. Une nouvellle génération de mouvements populaires a surgi un peu partout, comme le « Soweto Anti-Privatization Forum », qui lutte contre les expulsions et les coupures de services. En plus de s’opposer à ces politiques, l’APF organise des équipes qui « rebranchent » les familles déconnnectées par les entreprises d’eau et d’électricité qui coupent les services faute de paiement. Une « auto-réduction » pratiquée par des milliers de gens.

En 2005 on remet cela

Aujourd’hui en ce début d’hiver, des rues, des routes, des édifices publics sont occupés par les sans-logis, les sans-travail, les sans-chemises, « Les biens essentiels ne sont pas une marchandise », disent les manifestants de tous les âges. Face à la répression, la détermination est frappante. Le gouvernement vient de laisser tomber l’accusation de « sédition » contre les manifestants de Harrismith mais continue d’affirmer la « rationalité » du GEAR. « Ce sont les gens qui sont responsables de la pauvreté et dans l’"intérêt national", il faut endurer ». Ça va barder !


Ahmed Salooje coordonne RED, un réseau de soutien et d’animnation du mouvement populaire en Afrique du Sud.