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GAZA

Reconstruire le camp de concentration

Dimanche 8 mars 2009, par Fethi GHARBI

Une conférence internationale pour la reconstruction de la bande de Gaza s’est ouverte le lundi, 2 mars, à Charm El Cheikh avec la participation de plus de 70 pays. "La communauté internationale" a promis près de 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza et la relance de son économie et "demandé" la levée du blocus israélien qui asphyxie le territoire.
On s’étonne du nombre des pays participants et de la promptitude avec laquelle s’est tenue cette réunion. Dire qu’au moment ou Gaza croulait, pendant plus d’un mois, sous les bombes sionistes, un silence de mort ( c’est le cas de le dire) enveloppait "la communauté internationale". L’orage est passé maintenant. Le monstre s’est calmé pour un moment, repu, se vautrant dans son repaire.

A quelques kilomètres du ghetto de Gaza, les grands de ce monde se congratulent, distribuant en bons croyants leur aumône et leurs remontrances. Une ambiance festive... comme si la guerre était réellement finie alors que le blocus continue de plus belle étranglant de plus en plus une population de déshérités. Il est vrai, qu’amochés de la sorte, les Gazaouis sont si pitoyables qu’il faut bien les remettre un peu sur pied. qu’il faut dresser de nouveau le décor pour le prochain spectacle.

Mme Hillary Clinton a si généreusement "promis" un don de 900 millions de dollars pour ensuite parler dans son discours à Jerusalem du droit d’Israel à se défendre ! Malheureusement, le ridicule ne tue pas !

Tous ceux qui attendent un changement de la politique américaine au proche-orient sont bien servis. De toutes les manières, il faut être bien dupe pour s’attendre à quoi que ce soit venant de Mme Clinton, elle qui a soutenu la guerre lancée par Bush en Irak ainsi que les menaces de guerre contre l’Iran, elle qui a soutenu la guerre d’Israël au Liban en 2006 et son offensive militaire en Cisjordanie en 2002, elle qui est pour l’exportation sans restrictions de bombes à fragmentations et autres munitions utilisées contre les populations civiles, elle qui a défendu avec fermeté la construction du mur de l’apartheid israélien qui encercle les Palestiniens et divise leurs villages, les coupant de leur travail, de leurs terres agricoles et de leurs écoles.

Le comble du cynisme c’est que ce sont ceux-la même qui offrent 900 millions de dollars pour reconstruire Gaza qui ont offert les bombes au phosphore et les bombes à l’uranium pour la détruire !

Ce qu’il faut retenir du massacre perpétré à Gaza c’est qu’il ne constitue qu’un épisode d’un long feuilleton génocidaire qui a commencé il y a plus de 60 ans et qui ne prendra fin qu’avec l’épuration ethnique totale de la population palestinienne. Cet acte de barbarie que les politiques et les médias occidentaux essayent d’isoler comme ils l’ont toujours fait, n’est pas plus barbare que celui de Deir Yassin ou celui de Jenine...etc...La liste est bien longue. Tous ces massacres s’inscrivent dans une logique implacable, une stratégie d’épuration ethnique systématique.

Pendant les années 30 Le nombre de Juifs rabattus par les organisations sionistes allait atteindre le quart de la population totale en Palestine, mais ces juifs ne possédaient que 4% de la terre. Les idéologues Sionistes ont toujours considéré et propagé la nécessité de nettoyer ethniquement la population autochtone de la Palestine si on tient à la réalisation d’un Etat Juif .

En 1926, un certain Jabolinsky, fondateur de l’Irgoun (organisation paramilitaire sioniste qui recourut au terrorisme provoquant l’exode de centaines de milliers d’autochtones) disait : " les arabes palestiniens ont exactement la même psychologie que nous. Ils considèrent la Palestine avec le même amour instinctif et la ferveur avec laquelle tout Aztèque considérait Mexico et tout Sioux sa prairie..." Jabolinski en appelait aussi à la pureté du sang : " il est impossible à un homme de s’assimiler à un peuple dont le sang est différent du sien"

"Nous n’autoriserons pas des choses du genre des mariages mixtes parce que la préservation de notre intégrité est impossible autrement que par le maintien de la pureté de la race". Quant à Ben Gourion, qui fut premier ministre israélien en 1948, son mot d’ordre préféré à propos des Palestiniens, était "chassons-les ".

Fin novembre 1947, l’ONU a offert de diviser la Palestine en deux États presque égaux au niveau territorial. Les Juifs ne représentaient alors qu’un tiers de la population et la plupart d’entre eux n’étaient arrivés en Palestine que quelques années plus tôt. Le refus catégorique des Palestiniens n’a fait qu’accentuer l’appétit sioniste.

Les Sionistes vont s’emparer de 80% de la Palestine . C’était un territoire dans lequel un million de Palestiniens vivaient à côté de 600.000 juifs. L’idée était de déraciner autant de Palestiniens que possible. Entre mars 1948 et la fin de l’année, le plan a été mis en application en dépit de la tentative d’opposition de quelques États arabes. Environ 750.000 Palestiniens ont été expulsés et 531 villages ont été détruits. L’état d’Israel a été établi sur plus de 80% de la Palestine, transformant les villages palestiniens en colonies Juives et en parcs de loisirs. La guerre de juin 1967 a permis à Israël d’accaparer les 20% de la Palestine restants, désignés depuis sous l’euphémisme de "territoires occupés".

Cette nouvelle situation va ébranler l’idéologie ethnique du mouvement Sioniste. Israël a pris les 100% de la Palestine, mais l’état a incorporé un grand nombre de Palestiniens, population que les Sionistes avaient eu tellement de mal à expulser en 1948. Le fait qu’on ait laissé faire Israël en 1948, et qu’il n’ait pas été condamné pour le nettoyage ethnique qu’il a commis, l’a encouragé à nettoyer ethniquement de la Cisjordanie et de la bande de Gaza 300.000 autres Palestiniens.

Mais le développement des différents mouvements de résistance palestiniens ainsi que la peur liée à un éventuel déséquilibre démographique en faveur des palestiniens sont devenus depuis plus de deux décennies la hantise des israéliens.

C’est pour parer à la première Intifadha de 1987 qui a permis aux palestiniens de sortir de l’anonymat dans lequel ils ont été tenus pendant plus de 40 ans par les médias occidentaux et pour faire face à la notoriété de plus en plus grande de l’OLP, avec à sa tête Arafat, que les sionistes ont fait semblant de jouer la partition de la paix. Le miroir aux alouettes des accords de Madrid, suivis par les accords d’Oslo , aboutissant à "la feuille de route"et aux accords d’Anapolis n’a fait que réduire les terres palestiniennes comme une peau de chagrin, étendant les colonies juives, élevant les murs de l’apartheid, assassinant Yasser Arafat, expropriant les palestiniens du Jerusalem-Est...

Les Palestiniens se sont rendus compte, un peu tard, que la solution "des deux états" n’était en réalité qu’une pure mystification qui a permis à Israel de liquider l’OLP et de poursuivre sa politique d’épuration ethnique.

Aveuglés par le racisme, les sionistes s’octroient le droit d’asphyxier tout un peuple. si ce n’est pas un massacre, c’est un blocus sinon c’est des prisons collectives derrières les murs de l’apartheid.

Toutes ces pratiques ne visent qu’un seul but : pousser ceux qui échappent aux massacres épisodiques à l’exode.

La solidarité judéo-chrétienne fait que l’occident ne peut qu’approuver la conduite de son enfant gaté, ne sont-ils pas mues par la même culture colonialiste ! n’ont-ils pas la même vision épisthémique et religieuse !

Après tout, ces indigènes ne doivent certainement pas valoir plus que les Aztèques ou les Sioux !

Lorsque Mme Clinton interpelle Hamas, lui intimant l’ordre de reconnaître l’état sioniste c’est comme si elle lui demandait de signer son propre arrêt de mort. Il faut être sans discernement pour reconnaître celui dont le projet consiste à vous effacer de la surface de la terre. Tout palestinien se doit de nier cette entité raciste, il nie ainsi sa propre négation


Voir en ligne : www.legrandsoir.info