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CRISE AU MOYEN-ORIENT

Quelques réflexions après le séminaire des mouvements sociaux et la guerre globale

Jeudi 12 octobre 2006, par Michel WARSHAVSKY

Ces réflexions font suite au séminaire international des mouvements sociaux qui s’est tenu à Bruxelles les 28 septembre-1er octobre 2006.

Avant tout, il est important de saluer l’initiative prise par nos amis du CADTM et autres réseaux. Nous n’avons pas, dans le cadre des forums sociaux, suffisamment de lieux d’échange et de réflexion, indépendants des calendriers fixes par l’urgence d’une thématique ou d’une campagne, pour ne pas reconnaître le bien que peut nous faire un échange international, ou chaque militante et militant vient partager les thèmes et les problèmes qui lui semblent prioritaires et provoquer ainsi un élargissement des perspectives de ceux dont les priorités se trouvent ailleurs.

C’est d’ailleurs un premier enseignement que je tire de cette rencontre : ce qui semble central et évident pour les uns est loin de l’être pour les autres, d’où la diversité extrême de notre mouvement international. L’idée même de « prioriser », comme certains l’ont soulevé, est donc loin d’être évidente. C’est ainsi que la question de la guerre globale qui pour certains d’entre nous est essentielle pour comprendre – et changer – notre monde, n’est certainement pas percue de la même manière, et surtout avec la même urgence, par tous les mouvements sociaux présents, confrontés à des enjeux déterminés par des réalités immédiates variées et subissant de manières inégales les effets de cette guerre. Si pour les Irakiens ou les Palestiniens, elle est omniprésente, avec son lot quotidien de massacres et de destructions, il n’en est évidement pas de même pour nos camarades autrichiens, pour qui elle reste souvent une abstraction, un cadre général, mais pas une réalite politique immédiate.

D’ou la deéception de certains face à ce qui peut être percu comme un manque de détermination et de « tension » envers un enjeu qui, pour eux, est une question de vie et de mort pour des millions de personnes, hic et nunc.
Je ne crois pas qu’il soit possible de « forcer la main » à ceux des mouvements sociaux, à travers le monde, qui ne donnent pas la même urgence que d’autres à la question de la guerre globale, et de « décider » d’une campagne centrale unie, voire même d’une grande journée d’action (comme en fevrier 2003) : celle-ci se fera d’elle même quand la planète toute entière sera consciente d’un enjeu immédiat.

Ce qui, par contre, est nécessaire et possible à la fois, est la coordination des efforts des mouvements pour lesquels la guerre est une priorité, et un minimum de structuration pour permettre non seulement de contre-attaquer ensemble, mais de créer les conditions, au moment ou ce sera possible, d’une campagne impliquant également les autres mouvements sociaux, ou une partie d’entre eux.
Comme l’a remarqué le camarade britannique présent, cette coordination – du type assemblée anti-guerre de 2002 – ne pourra se réaliser que si une ou plusieurs organisations en font leur thème de préférence et s’autoproclament coordinatrices de la campagne, à la manière ce Stop the War en Grande Bretagne à la veille de l’invasion de l’Irak.
Une des tâches prioritaires d’une telle coordination est, a cette étape, le travail de réflexion sur la guerre globale : sa signification, ses objectifs, ses implications, ses spécificités. Et sur les moyens de s’organiser et de lutter contre la guerre. Nous souffrons d’un grand déficit de stratégisation sur la guerre globale, et de mise en commun de nos expériences et de nos réflexions propre, menées jusqu’à présent d’une façon dispersée.

L’idée d’un séminaire de quelques jours sur la guerre globale, lancée par le reseau AlterInter, me semble sur ce point judicieuse. Peut-être en marge du FSM de Nairobi.
En attendant, nous avons la rencontre de Beyrouth : incontournable, à mes yeux, pour débattre ensemble de la question de la guerre du néo-libéralisme et des résistances. Certains des thèmes lancés à Bruxelles (résistances, religion, l’Islam dans le choc des civilisations) seront discutés à cette occasion, hors des sentiers battus européens, et je ne peux que recommander à ceux qui le peuvent – ce qui malheureusement n’est pas mon cas – d’y être. C’est un moment important, si nous voulons inscrire notre démarche dans le monde réel de la guerre globale, dans un de ses épicentres.

Un autre sujet de réflexion dans la foulée du séminaire de Bruxelles, est celle de la représentativité, voire de la crédibilité d’organisations présentes dans ce type de rencontres. Des points d’interrogations ont été soulevés sur le choix de certaines organisations présentes et dans quelle mesure elles sont acceptées dans leurs pays respectifs. Acceptées par qui ? Représentatives de quoi ? Crédibles et légitimes aux yeux de qui ?

Voilà des questions sur lesquelles il faudrait réfléchir sérieusement. Un problème qui n’existe pas pour les Forums, par définition espaces ouverts, mais qui se pose des lors que l’on fait un séminaire « sélectif ».
Je n’ai pas pu rester jusqu’à la fin de vos travaux, et il se peut que ces préoccupations ont été évoquées au cours des dernières 24 heures. Auquel cas, ignorez ce que je viens de partager avec vous.