Dans un discours prononcé à l’occasion de l’anniversaire de la libération du Liban-Sud, le 25 mai, sayyed Nasrallah a commencé par souligner que « le Hezbollah a fait son entrée dans la vie politique libanaise le 14 février 2005 », à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri. « Nous avons eu le sentiment qu’il était de notre devoir d’être présents en force afin de sauver le pays et d’éviter au Liban toute confrontation libano-libanaise sur une base confessionnelle, ou tout conflit libano-palestinien et libano-syrien, d’autant que la Syrie a été accusée d’être responsable (de l’assassinat). Si nous nous étions laissé prendre au climat qui régnait à l’époque dans le pays, c’est tout le Liban qui aurait été alors entraîné sur une voie hostile à la Syrie. »
Évoquant en outre la crise dans laquelle se débat le pays depuis plusieurs mois, Hassan Nasrallah a déclaré : « Je mets au défi les forces du 14 Mars de rendre publique une seule déclaration que j’aurais faite moi-même ou n’importe quel responsable du Hezbollah durant la guerre (de juillet) accusant qui que ce soit de traîtrise. Nul n’ignore que durant la guerre notre discours prenait en considération les impératifs de la solidarité. »
En ce qui concerne les événements au Liban-Nord, Nasrallah a déclaré : « L’armée est une ligne rouge, nul ne doit lui porter atteinte. Ceux qui ont tué les officiers et les soldats doivent être jugés et ils doivent bénéficier d’un procès juste. Mais dans le même temps, le camp (de Nahr el-Bared) est aussi une ligne rouge. Nous ne pouvons pas être partenaires en assurant une couverture à une guerre des camps dont nous ignorons l’issue. Nous ne disons pas que nous ne voulons pas réclamer des comptes (aux assassins des militaires libanais), mais que personne ne nous entraîne dans des projets douteux susceptibles de déboucher sur une conflagration au Liban et sur une guerre libano-palestinienne. Celui qui prend la décision d’entrer dans le camp doit en assumer la responsabilité. Toute décision d’entrer dans le camp reviendrait à sacrifier l’armée, le peuple palestinien et le Liban. »
Après avoir accusé certains pôles du pouvoir d’avoir « établi des contacts avec Fateh el-Islam et de lui avoir accordé un financement et des facilités », Nasrallah a souligné que « la solution devrait être politique, sécuritaire et judiciaire, de manière à préserver le prestige et le rôle de l’armée tout en évitant une nouvelle guerre des camps ». Le chef du Hezbollah a, d’autre part, souligné que « la guerre contre le terrorisme ne devrait pas se faire dans le style américain de (le président George) Bush ». « L’objectif recherché est-il de transformer le Liban aussi en un champ de confrontation entre les Américains et el-Qaëda ? » s’est-il interrogé.
Le leader du Hezbollah a, d’autre part, dénoncé le pont aérien organisé par l’Administration américaine afin d’acheminer des armes et des munitions à l’armée libanaise. « Cela est grave », a-t-il affirmé. « Pourquoi cet intérêt subit accordé à l’armée ? Cette question devrait faire réfléchir les Libanais, les Palestiniens, le 14 Mars ainsi que le 8 Mars », a souligné Nasrallah.