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MAROC

Les quatre grands défis du mouvement altermondialiste

Dimanche 30 décembre 2007, par Forum des alternatives Maroc

Le Forum des Alternatives Maroc, en marge de son Assemblée générale, souhaite contribuer par ces Assises qui voit la participation de militant(e)s issu(e)s de mouvements sociaux du Brésil de l’Inde, du Québec, de la Mauritanie, du Liban, de l’Egypte de Palestine de Jordanie, de Libye, de France, de Belgique, des Pays Bas, du Congo RDC, de l’Afrique du Sud, de l’Irak, du Soudan, du Yémen, du Niger, d’Algérie, de Tunisie et du Maroc, tout à la fois à la réflexion collective sur les défis et à construire des solidarités et des regroupements pour un monde meilleur.

Le Forum des Alternatives Maroc, association de défense des droits humains est issu de, s’est formé dans et a accompagné le processus des mouvements sociaux. Il s’est fortement impliqué dans la constitution du Forum Social Maroc, le Forum social Maghrébin et inscrit ses actions dans la mouvance des Forums sociaux mondiaux. Il trouve ses racines autant dans la culture des luttes contre les colonisations que la lutte pour la démocratie et les luttes sociales contre l’exclusion et la marginalisation. Il s’est assigné comme mission de catalyser les articulations et les regroupements au sein du mouvement associatif et des mouvements sociaux et citoyens dans une perspective de luttes pour la démocratie, contre le néolibéralisme et pour face aux grands défis de notre époque.

Quatre défis et quatre dangers majeurs nous menacent et menacent les générations futures :

1. L’hégémonie américaine et la guerre globale

Les néo-conservateurs aux USA et en Israël veulent imposer par la guerre sans fin, par une guerre globale l’hégémonie sioniste au moyen Orient et le règne de l’Empire américain et du néo-libéralisme sur le monde. Nous sommes confrontés à un véritable projet de re-colonisation du monde porté par l’idéologie du choc des civilisations Dix ans de guerre, de destructions et de massacres n’ont pas réussi a imposer l’Empire. Le fiasco de l’intervention US en Iraq, et celui d’Israël au Liban, ont montré les limites de la politique impériale de guerre. Toutefois l’Empire s’essouffle mais ne renonce pas. Plus les Etats-Unis s’enlisent, plus ils sont tentés par la surenchère et tentent la fuite en avant dans la déstabilisation générale par la guerre sans fin. Nous ne sommes plus dans la période de la décolonisation et de la convergence anti-impérialiste. En Asie du Sud, notamment en Chine et en Inde, c’est par la compétition économique que se fait la réponse à la crise de l’hégémonie américaine. Il ne s’agit pas d’une réponse anticapitaliste ou même anti-libérale, mais anti-hégémonique. La crise de l’hégémonie états-unienne libère, dans chaque grande région, la concurrence entre les puissances régionales qui entendent construire leur zone d’influence. Le refus d’envisager un désarmement nucléaire généralisé rend peu crédible la capacité des puissances nucléaires à en empêcher l’accès par le droit international. Cette concurrence pour le statut de puissance régionale exacerbe les conflits internes et le recours à la manipulation de l’ethnicisme, du tribalisme et du religieux comme instrument de gestion politique par les couches dirigeantes dans chaque pays et chaque région. La lutte contre la guerre est aussi une lutte pour la paix et contre les discriminations, pour la prévention et le règlement des conflits.

2. Le défi et les dangers du néolibéralisme

Malgré la crise du néolibéralisme, ses effets néfastes continuent à peser et pèseront lourdement sur la détérioration des conditions de vie des couches pauvres et s’étendront aux couches moyennes. Nous vivons l’accentuation des inégalités sociales, le changement et l’intensification des formes d’exploitation et de domination, les repositionnements des blocs de pouvoir régional et local et la reproduction de nouvelles formes d’exclusion et de discrimination. Le G8 tient lieu d’espace de règlements des contradictions entre des puissances dominantes qui sont toujours craintes mais qui suscitent plus de méfiance que d’adhésion du fait que les recours militaires s’enlisent et que l’OTAN est décriée. Les Nations Unies sont toujours contestées mais ne sont pas liquidées. Le droit international est le siège d’un affrontement essentiel entre le droit des affaires et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le mouvement altermondialiste devrait accentuer sa contestation du G8 et de l’OTAN et réaffirmer sa revendication d’une réforme radicale des Nations Unies mettant en avant la primauté du droit international fondé sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

la montée en puissance de l’altermondialisme qui a aiguisé les contradictions internes au système, le refus de la fatalité exprimé par « un autre monde est possible » remet en cause les offensives idéologiques qui suivent la chute du mur de Berlin, celles de « la fin de l’Histoire » et de « la guerre des civilisations » mais ne signifie nullement la fin inéluctable du néolibéralismme. Toutefois le renforcement du mouvement altermondialiste, du mouvement démocratique pèseront et devront peser sur les issues possibles.

3. Le défi écologique face aux prédateurs.

Si la prise de conscience des limites de l’écosystème planétaire et de la négation des droits des générations futures semble avoir beaucoup progressée, elle reste limitée dans nos régions du Sud face à l’appétit vorace des prédateurs capitalistes. Rien n’échappe à leur destruction dans la recherche du gain ni l’eau, ni les forêts, ni les sables des plage ni les ressources naturelles. Les conséquences du productivisme capitaliste sur la dimension écologique en liaison avec les dimensions sociales, démocratiques et des inégalités entre les pays partage les courants écologistes et se répercute dans les alliances entre les mouvements sociaux et citoyens. C’est là une des questions majeures de l’avenir du mouvement altermondialiste et de l’avenir de la planète

4. Le défi idéologique et le danger populiste

Nous traversons une période de pertes de repères t de montée des mouvements identitaires et populistes. De là l’importance politique du regard porté sur les mouvements sociaux comme objet prioritaire de la connaissance sociale qui nécessite une certaine rigueur conceptuelle car nous sommes en face d’une imprécision qui conduit à des équivoques théoriques et politique qui risquent d’être préjudiciable pour la mise en place de stratégies et d’alliances.

Avec un arrière-plan où persistent la désarticulation sociale et l’absence de perspectives et d’intérêts sociaux se sont développées de nouvelles formes de mobilisation et de protestation, qui expriment une certaine reconstruction des possibilités de représentation politique et de mobilisation sociale. Cependant, il s’agit de formes de protestations qui continuent à être pour la plupart précaires, et qui ne parviennent pas à générer des formes d’organisation stables. Au contraire, elles semblent marquées par la fragilité, l’isolement, la fragmentation et la division. Les dominants, les possédants et les privilégiés ont choisi la manière forte pour faire face aux résistances sociales, citoyennes doublée d’une vague d’offensive idéologique qui rejette sur les pauvres et les exclus la responsabilité de leur situation et propose de combattre l’insécurité et les incivilités par la répression et le fichage génétique généralisé. La bataille idéologique majeure est celle qui doit être menée sur les plans philosophiques, scientifiques, politiques et culturels contre cette idéologie néo-conservatrice

Le mouvement altermondialiste a connu une montée en puissance considérable en un temps très court, en moins de dix ans. Pour autant, il n’a pas gagné. Il est confronté non seulement à un approfondissement de sa connaissance des réalités sociales mais aussi au défi de la liaison entre la convergence et la juxtaposition, l’horizontalité et la définition de priorités et d’axes de mobilisation, l’ordonnancement et l’agglutination pour reprendre le terme brésilien qui renvoie au regroupement sans pour autant perdre son identité.