|  

Facebook
Twitter
Syndiquer tout le site

Accueil > français > Archives du site > Forum social mondial > Les femmes et le pouvoir au Kenya

NAIROBI 2007

Les femmes et le pouvoir au Kenya

Dimanche 17 décembre 2006, par Mike Crawley

Voter ?

Parce qu’elles sont pauvres, les femmes du Kenya se font manipuler au moment de voter, affirme Shanyisa Khasiani, directrice exécutive de l’Institut d’aide à la famille, basé à Nairobi, qui procède à la mise sur pied du projet avec l’aide financière du Centre de recherches pour le développement international (CRDI). 

Khasiani estime que le manque de pouvoir des femmes est injuste. En effet, par leur travail, ces dernières contribuent à faire entrer au pays des devises étrangères dont le Kenya a grandement besoin. Elles jouent également un rôle de premier plan en agriculture, principal secteur économique. Les Kenyanes contribuent de façon significative à l’économie et au développement du pays, mais elles n’ont pas accès à ses principales ressources, souligne-t-elle. 

Les femmes marginalisées 

Dans la société kenyane, les femmes sont marginalisées sur tous les plans. On y compte 33 % de femmes analphabètes comparé à 14 % d’hommes, et on ne trouve que 23 % de femmes dans les services public et judiciaire. Même dans le secteur agricole, seul un agent de vulgarisation sur cinq (employé de l’État chargé d’informer les agriculteurs des nouvelles semences, de la rotation des cultures et des pratiques agricoles appropriées) est une femme. 

L’écart le plus flagrant est au Parlement, avec moins de 3% de femmes élues. À l’opposé, les voisins ougandais réservent un siège parlementaire dans chacun de leurs 45 districts à une femme. Au Kenya, une seule femme a été ministre de cabinet.

Les élections nationales 

Les élections nationales à partis multiples sont relativement récentes au Kenya et il n’y en a eu que deux depuis l’indépendance, en 1992 et en 1997. Cependant, d’ici les prochaines élections en 2002, les femmes de Makueni et de Kakamega auront une bien meilleure idée de ce que voter signifie. 

Khasiani affirme que le concept d’instruction civique, généralement associé à de la politique partisane, a été accueilli avec un certain scepticisme au Kenya. Son équipe a clarifié les intentions du projet auprès du gouvernement et des administrateurs locaux et a reçu le feu vert. Il était important pour nous de recevoir l’aval du gouvernement, autrement nos efforts auraient été vains. 

Les communautés rurales 

Khasiani souligne que les deux communautés ont été choisies à la fois pour leurs similarités et leurs différences respectives. Makueni et Kakamega sont toutes deux pauvres et rurales mais leur culture et le travail agricole y diffèrent : Makueni est une région sèche où les villageois font surtout de l’élevage alors que Kakamega se trouve dans une des zones les plus fertiles du Kenya. 

Ce sont des groupes de femmes des secteurs ruraux qui ouvrent les portes de ces communautés au projet. Ces groupes, comportant de 20 à 30 femmes, servent de soutien aux membres. Elles recueillent les cotisations dans le but de les redistribuer aux femmes en des temps plus difficiles, pour défrayer les coûts de services funèbres ou de la construction de maisons. 

Les besoins communautaires

En décembre 1998, les responsables du projet ont demandé à des représentantes des groupes de femmes d’identifier les besoins en matière d’instruction civique dans leur communauté. Ces femmes, de même que des chefs locaux, se sont rendus à Nairobi pour participer à une rencontre. Cette réunion a été l’occasion des premiers échanges entre les deux collectivités. Les chefs de groupes se sont ensuite attelés à la tâche et ont élaboré les premiers modèles de matériel d’instruction civique. Ils ont retenu l’affiche comme médium en raison du faible taux d’alphabétisme dans les communautés. Les femmes ont soulevé dix points d’intérêt en matière d’instruction civique qui ont ensuite servi de base à la conception des affiches. 

Mike Crawley travaille avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI)