|  

Facebook
Twitter
Syndiquer tout le site

Accueil > français > Archives du site > L’arc des crises > Les élections afghanes démontrent que les Talibans restent forts

Les élections afghanes démontrent que les Talibans restent forts

Mercredi 9 septembre 2009, par Steven Hurst

Les élections en Afghanistan, marquées par la violence, ont offert un plateau aux Talibans pour montrer que les Américains et les Afghans étaient las de la guerre, qu’eux s’étaient redressés et qu’ils pouvaient frapper, même après huit années de guerre.

Pour la politique du Président Barack Obama, le moment ne pouvait être pire.

Le souvenir des attaques terroristes du 11 Septembre s’estompant, les Américains sont en train de se lasser du conflit. Un récent sondage montre qu’une majorité de 51% des Américains interrogés pense que la guerre n’est pas justifiée, soit 6 points de plus en un mois.

Pour répondre au scepticisme montant, Obama fait valoir que d’une certaine façon la guerre vient juste de commencer. L’ultime offensive pour anéantir les ennemis de l’Amérique, les Talibans et al-Qaida, ne s’étend pas sur les huit ans passés, elle a commencé vraiment au moment où il a pris ses fonctions et quand il a ordonné de grossir les effectifs en Afghanistan de 17 000 hommes.

Tout de suite, il a également installé un nouveau commandement et persuadé le Pakistan de se joindre aux USA dans ce que jeudi il a appelé un mouvement en tenailles pour coincer l’ennemi à cheval sur la frontière commune.

La capacité d’Obama à remanier le débat public aux USA, pour amener l’opinion à regarder le coût et la violence meurtrière passés, influera plus sur le long terme que sur qui va gagner ou perdre la présidence afghane.

Obama est resté sur sa promesse de campagne électorale de mener le combat contre les Talibans et leurs alliés al-Qaida, en Afghanistan et au Pakistan. Il soutient que le véritable danger pour les Américains se trouve dans les montagnes impressionnantes et les vastes déserts de ces pays. L’administration Bush, affirme-t-il, a perdu du temps, de l’argent et un sang précieux en Iraq.

Jusqu’à maintenant, fait-il valoir, on a laissé les problèmes s’envenimer dans les deux pays. Avec comme résultat, des Talibans qui ont repris d’énormes secteurs en Afghanistan, et al-Qaida qui s’est confortablement installée sur le côté pakistanais de la frontière montagneuse.

« Nous devons nous assurer d’être vraiment focalisés sur la finition du travail en Afghanistan. Mais cela va prendre quelques temps, » a déclaré jeudi le Président à la radio. Il n’a accordé qu’une seconde aux élections, disant qu’elles lui « semblaient réussies » malgré les « efforts des Talibans pour les perturber ». Les premiers rapports montrent que 26 Afghans ont été tués dans des attaques de Talibans le jour des élections.

L’administration Bush s’était déjà servie des élections en Afghanistan et en Iraq pour prouver la réussite de sa politique de guerre. Cette Maison-Blanche-ci n’est pas en train d’obtenir le même coup de fouet.

La Maison-Blanche s’est donc montrée particulièrement réticente à s’exprimer sur le vote afghan où le taux de participation semble avoir été de façon significative inférieur aux premières élections présidentielles de 2004. L’administration est profondément consciente de la longue série de soulèvements sanglants dirigés contre des anciens dirigeants du pays, qui avaient été perçus comme les hommes de puissances étrangères.

Les élections ont offert un plateau aux Talibans pour montrer qu’ils s’étaient
redressés et pouvaient frapper, même après huit années de guerre.

Alors qu’Obama, quand il est arrivé au pouvoir, avait manifesté publiquement sa déception à l’égard du président Hamid Karzai, pour son inefficacité et la réputation de corruption qui entoure son administration, il n’a exprimé aucune préférence pour les résultats de ce jeudi.

Le plus grand rival de Karzai est son ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, qui pourrait être bien placé au dépouillement des voix en raison d’une participation plus forte dans la partie nord, ethniquement Tajik, du pays. Le taux de participation a été irrégulier dans le sud Pashtun où Karzai bénéficie d’un soutien important. Si Karzai, Abdallah, ou aucun des 34 autres candidats n’obtient 50% des voix au premier tour, il y aura ballottage. Les résultats définitifs du vote de ce jeudi ne seront connus que le 3 septembre.

Quels que soient le résultat du vote ou la baisse du soutien à la guerre aux USA, on s’attend à une révision de la stratégie de la Maison-Blanche à la mi-septembre, et le général Stanley McChrystal, commandant US en Afghanistan, devrait certainement faire pression en faveur d’une autre augmentation importante des effectifs pour sa nouvelle campagne contre-insurrectionnelle.

Il y a juste trois ans, les USA avaient environ 20 000 hommes dans le pays. Aujourd’hui, les effectifs ont triplé de sorte qu’ils atteindront 68 000 à la fin de l’année quand les 17 000 nouvellement déployés seront en place.

Un sondage réalisé conjointement par le Washington Post et la chaîne de télévision ABC-News cette semaine, montre cependant que seulement 24% des Américains soutiennent ces renforcements d’effectifs, et que 45% estiment qu’il faut les réduire. Le cap de la politique intérieure pour une stratégie globale d’Obama et pour de nouveaux renforts va donc être de plus en plus difficile à tenir.

Et par une pétillante pointe d’humour politique, c’est chez les Républicains et les conservateurs que le soutien en faveur de la guerre reste le plus fort, respectivement à 70% et 58% pour le conflit.

21 août 2009 - The Palestine Telegraph - traduction : JPP


Voir en ligne : http://www.info-palestine.net/artic...


Steven R. Hurst écrit de la Maison-Blanche pour Associated Press et couvre la politique étrangère depuis 30 ans ; il s’est rendu 12 fois en Afghanistan.