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INDE

Les associations indiennes mobilisées

Mercredi 27 septembre 2006, par Frère des hommes, Pierre BEAUDET

Aujourd’hui, les ouvriers agricoles ne travaillent que 100 à 120 jours par an dans certaines zones rurales de l’Inde. Grâce à l’intervention et à la mobilisation massive d’ONG, de syndicats et de mouvements populaires, ils ont gagné le droit de travailler 100 jours de plus par an. Suite aux pressions de nombreuses organisations indiennes, le gouvernement vote le 24 août 2005 l’adoption de la Loi de Garantie de l’Emploi (EGA [1]) et s’engage à favoriser la création d’emplois en ne faisant plus appel à des entreprises privées pour la réalisation de travaux publics et en encourageant le travail manuel plutôt que l’utilisation des machines.

Un an plus tard, les nombreuses associations indiennes qui ont collaboré à l’élaboration de ce programme sont toujours très mobilisées. Parmi elles, on retrouve l’association FEDINA qui se bat notamment pour le droit au travail et la formation d’organisations syndicales. Avec le soutien d’autres groupes du Réseau d’action sociale auquel elle appartient et qui regroupe près de 25 groupes membres, FEDINA participe activement à ce programme. Ensemble, ils travaillent sur plusieurs districts comme Bidar au Kernataka ou Thiruvannamalai, Cuddalore et Villipuram au Tamil Nadu, zones sélectionnées par le programme en raison du niveau élevé de chômage et de pauvreté.

Au cours des derniers mois, des séminaires et rencontres ont permis aux associations du réseau qui agissent sur ces districts - FEDINA, le « Syndicat des travailleurs du district » [2], « l’association pour l’amélioration des conditions de vie des paysans pauvres » [3] et la « Fédération des droits à la terre des Dalits » [4] - d’élaborer collectivement un projet commun : l’utilisation de la loi EGA comme outil pour la syndicalisation des travailleurs agricoles. Stratégie qu’ils ont su développer plus largement avec, dans un premier temps, un syndicat national indépendant – le « New Trade Union Initiatives » (NTUI) -, puis avec l’ensemble des organisations et syndicats du pays mobilisés autour de cette loi, lors d’une importante rencontre organisée les 7 et 8 juin derniers par le NTUI.

L’action des groupes du réseau consiste également en un travail d’information et de sensibilisation des populations rurales vulnérables. En effet, ce programme oblige les ouvriers à s’inscrire sur des listes de chercheurs d’emploi pour obtenir leur carte de travail ; or nombreux sont ceux qui n’ont plus confiance dans le gouvernement et qui ne voient pas l’intérêt de se procurer cette carte. La tâche est difficile, mais les efforts fournis par les groupes du réseau portent leurs fruits. A Bidar, le travail du Syndicat des travailleurs du district a permis l’inscription de plus de 5000 personnes dans les villages où ils travaillent. Sur plus de 56 jours, les membres de l’organisation ont conduit une importante campagne, se rendant de village en village, organisant des rencontres dans les rues, informant les gens sur l’importance du programme et de l’inscription, distribuant des brochures, etc.

Mais leur travail ne se limite pas à la sensibilisation, ils se mobilisent aussi activement auprès des autorités pour le respect des droits des travailleurs. Ainsi, le 7 août dernier, ils n’ont pas hésité à bloquer le bureau du responsable des ressources humaines du tanuk [5] pour réclamer le paiement des salaires en retard de plus de 2 mois. La campagne menée par ces groupes du Réseau d’action sociale est loin d’être terminée. Comme l’explique Duarte Barreto de FEDINA, « tant que le gouvernement n’aura pas décidé de porter le salaire minimum - qui avoisine aujourd’hui les 60/70 roupies par jour – à 120 roupies et que des organisations syndicales n’auront pas été créées dans le secteur agricole, nous resterons mobilisés et continuerons à nous battre. »

FDH

Notes :

[1] Employment Guarantee Act - EGA

[2] District Labour Union

[3] Society for Upliftment of Rural Poor

[4] Dalit Land Rights Federation

[5] Le « tanuk » serait l’équivalent de notre canton

FEDINA (Foundation for EDucational INnovations in Asia) fedina@iqara.net / fedinablr@gmail.com > Contact : Duarte Barreto. Fedina est partenaire de FdH depuis 1996