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Les Irakiennes sous l’occupation*

Mardi 2 mai 2006, par Marjorie P. LASKY

La situation des femmes en Irak reflête la crise globale qui sévit dans ce pays occupé par l’armée américaine depuis mars 2003.

En 1958, les Irakiennes grâce à la révolution qui abolissait la monarchie probritannique acquérraient des droits. Un nouveau code de la famille est institué pour marginaliser la charria et protéger les droits des femmes en matière d’héritage, de divorce, de garde des enfants. Plus tard, les femmes eurent accès à l’emploi, l’éducation et des progrès remarquables furent réalisés. À la fin des années 1970 au moment du début du déclin de la dictature de Saddam, une période de régression s’amorça. Saddam pour courtiser les chefs de tribus et religieux permit le retour de la charria. Des hommes coupables de « crimes d’honneur » qui se traduisaient par le meurtre de leurs épouses, de leurs filles ou de leurs sœurs s’en tiraient facilement avec des peines légères. Plus tard à travers l’intensification de la répression, les femmes devinrent les cibles des milices du fils de Saddam, le redoutable Oudai.

L’occupation

Au moment de l’occupation en mars 2003, la condition des femmes était déjà très pénible. D’autant plus que, sous l’impact de l’embargo décrété par les Etats-Unis et leurs alliés, les systèmes de santé et d’éducation avaient été très diminués, affectant surtout les enfants et les mères. Avec la chute de la dictature cependant, la situation s’est détérioré. Un chaos permanent s’est installé dans les villes. Aujourd’hui même marcher dans les rues est dangereux pour les femmes qui sont facilement agressées, enlevées, tuées par les commandos kamikazes, par la police, par les milices.

Victimes de l’armée américaine

Viols, tortures, tueries sont pratiquées couramment par l’armée américaine. Amal Kadhim Swadi, une avocate qui défend les femmes détenues à la prison de Abou Ghraib parle d’une « sexualisation de la violence » dans les centres de détention partout dans le pays. Une des détenues, Mithal Al¬Hassan, une ingénieure de 55 ans, a été emprisonnée pendant 80 jours a documenté les viols commis par les soldats américains, ce qui a été confirmé dans le rapport du major-général Antonio Taguba dans le rapport qu’il a remis au Congrès américain en 2004. Dans d’autres cas, on rapporte des cas où des femmes ont été prises en otage par des soldats américains pour intimider la résistance. Souvent, les femmes violentées de peur d’être stigmatisées par les familles gardent le silence sur ces atrocités.


Menacées par les milices

Depuis 2003, des bandes armées sillonnent les rues des villes pour enlever et rançonner des femmes et leurs familles. Parallèlement, des milices affiliées à des groupes politiques ciblent les femmes qui refusent de porter le hijab ou l’abaya. La milice du mahdi associée au chef politico-religieux Moqtada Al-Sadr est particulièrement redoutée. Zeena Al¬Qushtaini, une militante des droits de femmes, a été assassinée par cette milice en 2005.

Pauvreté, misère, prostitution

Entre-temps, la crise économique et sociale aggrave le sort des femmes. Celles qui avaient des emplois dans le secteur public se retrouvent majoritairement au chômage. À cause des privatisations ordonnées par les autorités d’occupation, des milliers de femmes ont perdu leurs emplois, comme celles de la fabrique de vêtement de Agras à Bagdad.Sous l’influence des conservateurs rétrogrades, de vieilles traditions sont réanimées, comme celle de la mutaa, le mariage dit temporaire, qui est en fait une forme déguisée de prostitution. Le FMI estime que plus de 20% de la population vit avec moins d’un dollar par jour. Les veuves et les mères célibataires sont particulièrement affectées.

Des femmes qui résistent

En dépit des obstacles, des femmes résistent à l’oppression. Thanaa Salman, une enseignante de 24 ans, s’est imposée dans les élections municipales dans son quartier de Bagdad. Des femmes ont réussi à se faire élire dans l’Assemblée nationale, en dépit du non-respect d’une loi qui réserve 25% des sièges pour les femmes. D’autres femmes s’organisent en groupes d’entraide. Al Mareefa, par exemple, qui opère un centre de formation pour les femmes dans la banlieue de Bagdad. L’Organisation des femmes pour la liberté en Irak publie un journal et organise des refuges pour femmes violentées à Bagdad et Kirkuk. D’autres groupes s’organisent pour faire entendre la voix des femmes, contester la régression sociale et la constitution coupable aux yeux de beaucoup de femmes de faire beaucoup de trop de concessions aux religieux réactionnaires.


* Extrait d’un rapport produit pour l’organisation états-unienne « CODEPINK : Women for Peace and Global Exchange » en mars 2006.