La situation marocaine se dégrade dangereusement. Arrestations de militants politiques, associatifs et syndicaux, procès biaisés, intimidations, tortures… Alors, forcément, les souvenirs des années de plomb resurgissent. En 1999, l’arrivée de Mohamed VI au pouvoir, après la noire période Hassan II, avait ouvert l’espoir d’un « printemps marocain ». Mais les bourgeons se sont bien vite refermés. « Les espoirs se sont vite évanouis dès les premières attaques contre la presse critique », explique Amine Khamlichi, coordinateur du Comité international pour la libération des détenus du 1er mai au Maroc, même s’il se refuse à comparer les deux époques.
Ces derniers mois, dix militants de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) ont été incarcérés pour « rassemblement non autorisé », dont Mohamed Bougrine, « prisonnier des trois rois », soixante-treize ans, de santé précaire. Ou encore : Ahmed Nasser, un vieil homme de quatre-vingt-quatorze ans, handicapé mental et physique, condamné à trois ans de prison pour injures à un policier. Il décédera dans sa geôle « dans des conditions inhumaines », précise Amine Khamlichi.
À chaque fois, les juges retiennent une « atteinte aux valeurs sacrées du royaume » au terme de simulacres de procès.
Au regard des derniers événements, des organisations françaises, associations, syndicats (SUD-Solidaires, FSU) et partis politiques (PCF, Verts), réunis à Paris au siège de l’ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France), tirent la sonnette d’alarme. Elles ont décidé de mettre en place « un collectif de vigilance ». Un texte unitaire est en préparation. « Un rassemblement devrait avoir lieu à la fin du mois devant l’ambassade du Maroc », a annoncé Amine Khamlichi, à la sortie de la réunion. Et toutes les parties prenantes d’insister sur la nécessité de « sensibiliser l’opinion publique sur ce qui se passe au Maroc ».
* Paru dans l’Humanité du 10 mars 2008.