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Le congrès de toutes les divisions interpalestiniennes publié le mardi 11 août 2009

Lundi 17 août 2009, par Rania Massoud

Le 6e congrès du Fateh, le premier à se tenir en 20 ans, était supposé donner un « nouveau souffle » au mouvement nationaliste, mais des clivages internes ont mis en lumière les nombreux défis qui menacent l’existence même du mouvement.

Pour Mahmoud Abbas, l’objectif du congrès général du Fateh, ouvert mardi dernier à Bethléem, est clair : « Redonner au mouvement son rang, son rayonnement et son âme. » En d’autres termes, ce congrès, le premier depuis 1989 et seulement le sixième depuis la création du mouvement à la fin des années 50, « doit constituer une plateforme pour un nouveau départ ». Affaibli depuis le décès de son dirigeant historique Yasser Arafat en 2004 et encore sous le coup de sa défaite électorale face au Hamas en 2006, le Fateh cherche ainsi à se « relever ». Il espère également, à travers ce congrès, retrouver quelque crédibilité aux yeux des Palestiniens, qui lui reprochent sa corruption et son clientélisme, ainsi que le maigre résultat des concessions successives faites à Israël durant les négociations passées. Mais les querelles entre les ténors du Fateh, qui se sont exacerbées ces derniers jours, ainsi que le conflit toujours grandissant avec le Hamas risquent de miner l’issue du congrès.

Vieille garde vs réformistes

Pour Sakr Abou Fakhr, chercheur à l’Institut des études palestiniennes à Beyrouth, le congrès de Bethléem est « existentiel » pour le Fateh. « C’est la survie du mouvement qui est question, dit-il. La tenue de ce congrès est très importante afin de dissiper toutes les divisions qui ont éclaté ces dernières années au sein du Fateh. » La conduite des négociations avec Israël, le degré d’activisme à adopter vis-à-vis de l’occupation, la lutte contre la corruption ainsi que le renouvellement générationnel sont autant de questions qui divisent le parti. Le 6e congrès du Fateh a également mis en lumière l’opposition entre la « vieille garde », dont nombre d’éléments ont passé des années en exil, et les « réformistes », issus du terrain. Alors que Mahmoud Abbas souhaite faire émerger une nouvelle génération à la tête du mouvement par le biais du renouvellement de son comité central, la vieille garde, elle, semble faire de la résistance. Le comité central du Fateh, en place depuis 1993, se voit en outre reprocher de tenter de fausser le congrès par l’ajout de 700 délégués non prévus à la liste initiale de 1 550 congressistes. Pessimistes sur l’issue des élections, des délégués réformistes ont accusé le comité central de « tentative de détournement » afin de maintenir le statu quo. « Nous réclamions la tenue de ce congrès depuis de nombreuses années, mais ceci n’est pas le congrès dont nous avions rêvé », s’est plaint un délégué réformiste, Kaddoura Farès, cité par Reuters.

Le dilemme de Gaza

La lutte pour le pouvoir au sein du Fateh vient s’ajouter à la profonde querelle avec ses rivaux du Hamas. Le mouvement islamiste a empêché plus de 400 délégués du Fateh à Gaza de se rendre à Bethléem pour participer au congrès. Ces délégués ont demandé dans une lettre à la direction du parti un quota pour Gaza au sein des instances dirigeantes et le droit d’y élire les représentants gazaouis à une date ultérieure. La direction du Fateh n’a pas accédé à cette demande, mais a trouvé une formule de compromis : le vote par voie électronique. Mais samedi, l’agence d’information palestinienne WAFA annonçait que le mouvement islamiste avait assigné à résidence des délégués du Fateh à Gaza et leur avait interdit de participer aux élections sous peine d’arrestation. Déçus par les organisateurs du congrès, les délégués du mouvement nationaliste dans la bande de Gaza ont pour leur part menacé de boycott. « Comment participer aux élections alors que nous sommes emprisonnés à Gaza », a récemment déclaré Abdallah Abou Samahdana, un responsable du Fateh à Gaza, au journal saoudien Asharq el-Awsat. « Le vote par voie électronique n’est pas une solution, notre direction devait assurer notre présence à Bethléem comme elle l’a fait pour le reste des délégués (vivant à l’extérieur de Cisjordanie) », a-t-il encore ajouté. En effet, Israël a autorisé aux représentants du Fateh vivant à l’étranger, notamment en Syrie et au Liban, de participer au congrès de Bethléem « dans le cadre de mesures prises pour faciliter la vie aux habitants de Cisjordanie ».

Le « congrès du jugement »

Si de sources proches du Fateh on exclut toute scission au sein du mouvement, certains analystes, dont Sakr Abou Fakhr, estiment que le parti fait face à un important défi qui menace son existence même. « C’est le congrès du "jugement" », affirme-t-il. « Beaucoup de responsables du Fateh seront jugés pour leurs erreurs à travers les élections internes du mouvement : Mohammad Dahlane (l’ancien homme fort du Fateh dans la bande de Gaza) devrait être jugé pour la défaite du mouvement face au Hamas ainsi que pour la chute de la bande de Gaza entre les mains des islamistes ; d’autres responsables seront jugés pour l’échec des négociations avec Israël », explique le chercheur. Selon lui, le Fateh se trouve aujourd’hui à un tournant décisif. « C’est une question de survie ou de mort pour le parti », insiste-t-il, en se disant inquiet que nombre de délégués mécontents par l’issue du scrutin désertent le mouvement. « Le Fateh, rappelle-t-il, n’a connu de scission qu’une seule fois depuis sa création. C’était avec Fateh-Intifada, en 1983, à cause de profonds désaccords sur la politique de dialogue menée par Yasser Arafat. » Les craintes de divisions au sein du Fateh ont résonné jusqu’à Riyad où le roi Abdallah est intervenu par voie épistolaire, mercredi dernier, devant le congrès de Bethléem pour appeler les Palestiniens à l’unité en des termes forts. « L’ennemi criminel n’a pas été capable, durant des années d’agressions continuelles, de nuire à la cause des Palestiniens plus que les Palestiniens eux-mêmes ces derniers mois », a-t-il dit.

La fin de « l’exil »

Pour Sakr Abou Fakhr, les Palestiniens souffrent d’une crise de « leadership ». « Les Palestiniens ont besoin d’un dirigeant charismatique qui saurait unifier les rangs, comme l’avait fait le défunt Yasser Arafat », estime-t-il. Mais, selon lui, le congrès reste néanmoins un succès pour les Palestiniens, en dépit des tensions. « Le congrès du Fateh n’a peut-être pas été porteur de surprises majeures, explique M. Abou Fakhr, et on peut même qualifier le nouveau programme politique de "traditionnel" puisqu’il évoque l’attachement du mouvement à l’option de la paix, tout en réitérant le "droit à la résistance du peuple palestinien". » « Toutefois, souligne-t-il, c’est la première fois où le Fateh parle de "désobéissance civile" et de "résistance populaire pacifique". » Le texte fondateur du Fateh de Yasser Arafat appelle à la lutte armée « jusqu’à ce que l’entité sioniste soit supprimée et la Palestine libérée ». « Par ailleurs, souligne encore M. Abou Fakhr, l’autre point important est que c’est la première fois qu’un congrès du Fateh est organisé dans les territoires palestiniens occupés et non pas à l’étranger comme au temps de Arafat. » Selon lui, « cela traduit une volonté claire du Fateh de tourner la page des années d’exil et de transformer un mouvement de libération en un véritable parti politique ».

publié par l’Orient le Jour

http://www.lorientlejour.com/articl...


Voir en ligne : http://www.france-palestine.org/art...