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Le Brésil et le difficile chemin vers le multilatéralisme

Dimanche 4 juin 2006, par Raúl Zibechi

La montée du Brésil comme puissance régionale, qui renforce les tendances au multilatéralisme, se heurte à plusieurs obstacles tant à l’échelle régionale que nationale. Outre les limites que lui impose la superpuissance, les Etats-Unis, les voisins sud-américains se méfient de ce qu’ils considèrent être des tendances hégémoniques de la plus puissante nation du sous-continent [sud-américain]. Les problèmes intérieurs d’un pays qui a gagné le « championnat du monde de l’inégalité », se transforment aussi en limites à son aspiration à peser sur la scène internationale.

Il y a un siècle le baron de Rio Branco, le ministre des Affaires étrangères qui dessina la politique extérieure de son pays pour le XXe siècle, affirma que « le Brésil ne doit pas se contenter de ce qu’il a déjà accompli, mais doit arriver de façon hégémonique jusqu’au Pacifique ». Cinquante ans plus tard, le principal stratège du pays, le général Golbery do Couto e Silva, allait dans le même sens : « Pour le Brésil à l’heure actuelle il n’y a qu’un seul chemin : s’étendre ou périr » [1]. Au début du XXIe siècle, la nation la plus puissante d’Amérique du Sud est sur le point de réaliser son rêve géostratégique, non par la conquête militaire mais par de grands travaux d’intégration régionale et l’expansion de ses principales entreprises ; de plus, sa participation à la tête d’une importante mission de paix lui permettrait d’être enfin reconnue comme une puissance mondiale, ce qui peut se traduire par un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

Le Brésil s’étend en mettant à profit les vides que les Etats-Unis et les entreprises multinationales du Nord sont en train de laisser, profitant de la délégitimation du Consensus de Washington [2] qui est en train de permettre l’accès au gouvernement de plusieurs pays à des forces progressistes et de gauche. Cependant, la consolidation du Brésil comme puissance régionale et mondiale -tout en renforçant le multilatéralisme- soulève des inquiétudes chez ceux qui sentent que sa progression irrésistible peut provoquer de nouveaux déséquilibres sur le sous-continent.

La présence militaire [brésilienne] en Haïti est perçue comme un bon exemple de ces contradictions. Les presque dix mille effectifs présents sur l’île (7 500 soldats et 1 897 policiers de 22 pays) sous commandement brésilien, sont peut-être l’avancée la plus sérieuse sur le plan militaire vers l’ouverture d’une brèche dans la domination de Washington sur la région, si la mission s’avère être un succès. Mais cette présence militaire n’est pas exempte de critiques, surtout dans les pays du cône Sud qui participent de façon significative à la mission, dont plusieurs analystes soutiennent qu’elle favorise l’hégémonie états-unienne.

La marche vers le Far West

Pour le Brésil, l’occupation de l’Amazonie a joué un rôle similaire, à quelques différences près, à celui qu’a eu pour les Etats-Unis l’expansion vers la côte pacifique. La longue marche vers l’ouest a commencé dès le débarquement des premiers colons portugais qui ont rapidement franchi les limites du Traité de Tordesillas (1494) entre l’Espagne et le Portugal, qui fixait les limites à un maximum de 600 kilomètres de l’extrémité est de la côte continentale. L’expansion impressionnante vers l’ouest qui a atteint les flancs de la cordillère des Andes et le bassin du Rio de la Plata, fut menée par les colons de São Paulo, qui organisaient de grandes expéditions vers l’intérieur (les bandeiras) à la recherche d’esclaves indiens, d’or et de pierres précieuses. Les frontières de ce qui fut à partir de 1822 le Brésil indépendant prirent forme sous la main de ces bandeirantes, colons pauvres qui voyaient dans l’aventure vers la forêt une façon d’améliorer leur situation.

Bien qu’intégrée formellement au territoire national, l’Amazonie était un immense désert vert, lointain et difficile d’accès. Couto e Silva qualifia la région, encore au milieu du XXe siècle comme « le Brésil marginal, inexploré dans sa plus grande partie, dévitalisé par le manque de gens et d’énergie créatrice, que nous devons intégrer réellement à la nation » [3]. Avec quatre millions de kilomètres carrés, l’Amazonie représente presque la moitié du territoire du pays, et en est sa partie la plus importante par son potentiel énergétique, comme réserve d’eau douce et de minéraux et par son énorme biodiversité. Entre 1850 et 1950, le territoire amazonien du Brésil a été doublé, aux dépens de ses voisins : la Bolivie, le Pérou, la Colombie et le Venezuela ont perdu des morceaux de leurs territoires durant cette période [4]. Rien qu’avec la guerre de la Triple Alliance en 1865 (l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay contre le Paraguay), le Brésil s’est retrouvé avec 90 000 kilomètres carrés du Paraguay. Mais l’expansion a toujours été, dans l’essentiel, un processus poreux et irrégulier auquel ont été nécessaires le peuplement de régions solitaires et la désobéissance systématique à la législation internationale, plus que la force militaire.

Un bon exemple de la façon dont s’est réalisée cette expansion est raconté par le colonel d’infanterie Alvaro de Souza Pinheiro, qui résume la position des forces armées de son pays sur l’opportunité d’utiliser des méthodes de guérilla pour la défense et le renforcement de l’Amazonie, qu’il considère comme une « zone stratégique prioritaire ». Il soutient que la conquête de cette région fut « une épopée écrite dans le sang, avec courage et détermination ». Il donne comme exemple l’annexion par le Brésil de l’état d’Acre, concrétisée en 1904 mais initiée 15 ans auparavant. Cette région avait été cédée à la Bolivie par le Traité d’Ayacucho de 1867 [5], mais la prospérité de l’exploitation et le commerce du caoutchouc y conduisirent des milliers de Brésiliens originaires pour la plupart du Nordeste très pauvre. En 1889, les Brésiliens qui vivaient dans l’Acre décidèrent de ne plus accepter l’autorité bolivienne, ils créèrent un véritable territoire indépendant et exigèrent leur annexion au Brésil. Les Boliviens réagirent en créant la ville de Puerto Alonso (aujourd’hui Porto Acre). En octobre 1889, au moyen d’une action armée, les Brésiliens occupèrent la localité et expulsèrent les Boliviens et en juillet 1899 avec le soutien des seringueiros [6] et du gouverneur de l’état d’Amazonas, ils proclamèrent la République d’Acre.

En 1901, la Bolivie loua la région à The Bolivian Syndicate of New York par l’intermédiaire du Traité d’Aramayo. The Bolivian Syndicate était une entreprise anglo-américaine qui exploitait le caoutchouc dans la région d’Acre. Des droits lui furent concédés pour collecter des impôts et exercer de fait une espèce d’administration de la zone. Mais, en août 1902, une guérrilla brésilienne de deux mille hommes lance une insurrection qui défait les troupes boliviennes en janvier 1903 ; son inspirateur, Placido de Castro, est proclamé gouverneur de l’Etat Indépendant d’Acre. Le 17 janvier, le baron de Rio Branco obtient une victoire diplomatique en signant le Traité de Petropolis, par lequel le Brésil achète la région à la Bolivie pour deux millions de livres sterlings et indemnise pour 110 mille livres le Bolivian Syndicate. Finalement, le 25 février 1904 l’Etat indépendant d’Acre est dissous et intégré au Brésil comme territoire fédéral [7].

Ceci n’est qu’un exemple historique de comment s’est déroulée cette « marche vers l’ouest ». C’est pendant la dictature militaire née du coup d’Etat de 1964 [8], dont Couto e Silva fut un des principaux inspirateurs, que l’occupation de l’Amazonie est devenue une politique d’Etat combinée à ce que le stratège militaire a appelé la « revitalisation des frontières ». De sorte que l’occupation de l’Amazonie et l’expansion au-delà de ses frontières font partie d’un même processus : nationalisme et « développementisme » sont allés de pair depuis l’arrivée au pouvoir de Getulio Vargas en 1930 [9]. Dans ce sens, la Constitution a obligé le gouvernement fédéral à consacrer pendant 20 ans 3% des recettes fiscales à l’Amazonie. Une partie considérable de cet effort s’est concrétisé dans la fondation de Brasilia en 1960, comme capitale du pays, dans la zone centrale au bord du bassin amazonien, remplaçant dans ce rôle Rio de Janeiro, la côtière. En 1966, Manaos est déclarée zone franche pour la transformer en un pôle commercial et industriel de l’Amazonie occidentale. Et en 1970 le Plan d’intégration nationale conçoit la construction de deux grandes routes, dont la Transamazonienne, en même temps qu’un vaste plan de colonisation.

Frontières vivantes

Avec le retour à la démocratie en 1983, de nouveaux plans sont développés dans le même sens. Le projet Calha Norte, dans les années 80, proposa l’occupation d’une bande de 160 kilomètres limitrophe avec la Guyane française, le Surinam, le Guyana, le Venezuela et la Colombie dans le but de « renforcer la présence brésilienne dans les zones frontalières, pour organiser les sociétés qui s’y installent », comme l’indiqua le chef militaire du gouvernement de Sarney en 1986 [10]. Des pelotons de frontières, des aéroports, des routes comme la Perimetral Norte et des barrages hydroélectriques furent ainsi créés. La population indigène fut déplacée sous l’impulsion donnée à la colonisation. Parmi les objectifs stratégiques du plan Calha Norte figurait « la construction d’un port dans le Pacifique, un rêve séculaire héroïque des géopoliticiens brésiliens », tandis qu’ « une route qui partirait de Rio Branco, traverserait les Andes péruviennes, devrait arriver au grand océan » [11].

Selon l’amiral Hernani Goulart Fortuna, ex-commandant de l’Ecole supérieure de guerre, « le projet Calha Norte des années 80 est en train d’être remplacé par le Système de protection de l’Amazonie (SIPAM) et le Système de surveillance de l’Amazonie (SIVAM) », objectifs qui ont échoué partiellement - à son avis - à cause de la privatisation et l’achat de parts par des étrangers, de Embratel (télécommunications) et de l’interférence d’intérêts politiques partisans [12]. Il soutient que même si le Brésil n’a pas de contentieux frontaliers « des problèmes se présentent aux frontières », étant donné que « l’immense arc septentrionnal, depuis Tabatinga à la frontière avec la Colombie, jusqu’à Amapa à la frontière avec la Guyane, présente une vulnérabilité appréciable aux questions de trafic de drogues, de guérillas et de contrebande d’armes qui débordent depuis les pays voisins vers le territoire brésilien » [13].

Pour les géopoliticiens [14] brésiliens, les choses devraient aller encore plus loin. Examinons deux aspects complémentaires. En 1935 le capitaine Mario Travassos affirmait dans son livre Projeção Continental do Brasil [Projection continentale du Brésil], que le triangle formé par les villes boliviennes de Santa Cruz, Cochabamba et Sucre serait décisif pour le contrôle du continent, et que celui qui dominerait ce triangle dominerait l’Amérique du Sud. Par ailleurs, en accord avec la théorie de Couto e Silva des « frontières vivantes », l’ex-chef de la Division des frontières du ministère des Relations extérieures, l’ambassadeur Teixeira Soares, soutient dans son livre História da formação das fronteiras do Brasil [Histoire de la formation des frontières du Brésil], que la frontière est un concept dynamique, « elle avance et elle recule selon les circonstances, étant quelque chose de vivant qui exerce une pression naturelle sur la frontière économiquement et démographiquement la plus fragile » [15].

En résumé, si, d’un côté, il y a un pays avec une forte densité démographique et un développement économique et, de l’autre, un pays faiblement peuplé et pauvre, « simplement la frontière n’existe pas. Elle est repoussée » [16]. Selon ces auteurs, la frontière paraguayenne avec le Brésil a reculé de 100 kilomètres pendant les dernières décennies : « sur cette bande vivent environ 400 000 Brésiliens expulsés des états du Rio Grande do Sul, Santa Catarina et Paraná, qui sont devenus les instruments des plans expansionnistes des militaires brésiliens ». Quelque chose de similaire peut être en train de se passer dans d’autres pays, plus particulièrement en Bolivie. Là, dans le département frontalier de Santa Cruz, quelques 200 familles d’agriculteurs brésiliens cultivent 350 000 hectares de soja qui représentent 35% de la production de soja bolivienne. Ces agriculteurs ont un poids politique, étant donné qu’ils représentent un tiers des affiliés à la Chambre nationale de commerce Bolivie-Brésil et font partie de l’Association des producteurs d’oléagineux et de blé (Anapo) qui regroupe 12 000 agriculteurs de Santa Cruz [17]. Cette région séparatiste a été le berceau de coups d’Etat comme celui perpétré en 1971 par Hugo Banzer [18], avec le soutien non dissimulé du Brésil de la dictature.

La puissance de Petrobrás

Les objectifs que se fixèrent les militaires brésiliens sous la devise « Brésil puissance » - qui ne devint jamais une réalité- semblent prendre de la vitesse mais par la main des grandes entreprises brésiliennes. La société nationale Petrobrás est le symbole de l’expansion actuelle du Brésil en Amérique du Sud, mais ce n’est pas le seul cas. L’entreprise a été fondée en 1953 sous le gouvernement de Getulio Vargas lors d’une campagne qui rassembla des civils et des militaires autour de la consigne « Le pétrole est à nous ». Aujourd’hui c’est la principale entreprise du Brésil, la deuxième productrice de pétrole en Argentine, la première de gaz en Bolivie et la troisième plus grande compagnie industrielle d’Amérique latine. Elle fait partie des douze principales entreprises pétrolières du monde et en 2004 elle était en douzième position pour ce qui est des bénéfices, au-dessus de Coca-Cola et de JP Morgan Chase, et juste en-dessous de Microsoft et de Chevron Texaco [19], ce qui en fait une des entreprises les plus rentables du monde.

Entre 1984 et 1993, elle fut la deuxième dans le monde en terme de volume de découverte de pétrole après la vénézuélienne PDVSA. En 1994, elle battit le record mondial d’exploitation de pétrole en eaux profondes en dépassant les mille mètres sous le niveau de la mer et elle est la première pour les perforations sous-marines (sa spécialité) avec 180 puits contre 55 pour Shell, 17 pour Texaco et 10 pour Esso [20]. En 2004, ses recettes se sont élevées à 43 milliards de dollars, elle avait 13 821 puits en activité (dont 665 maritimes), 30 000 kilomètres d’oléoducs, 509 navires (dont 45 en propre), 16 raffineries et sa production actuellement atteint les deux millions de barils par jour.

Les investissements de Petrobrás en Amérique du Sud sont impressionnants et augmentent à un rythme vertigineux. En Bolivie, depuis 1996, elle a investi 1,6 milliard de dollars, elle contrôle les deux principaux gisements de gaz et 20% des points de vente d’essence. Le gazoduc qui va de Tarija à Rio Grande do Sul, long de 430 kilomètres, assure au Brésil 23 millions de mètres cubes de gaz par jour dont dépendent 2 200 industries du pays. Le Brésil contrôle 20% du PIB de la Bolivie, puisqu’en plus du gaz et du soja, la banque Banco do Brasil réalise dans ce pays des gains de 700 millions de dollars annuels et que de grandes entreprises de construction comme Odebrecht ont remporté des appels d’offre pour des contrats supérieurs à 330 millions de dollars [21].

En Argentine, Petrobrás a acheté en 2002 58% de Perez Companc, la plus grande entreprise indépendante de pétrole d’Amérique latine, pour 1,27 milliard de dollars. Elle a acheté en outre Petrolera Santa Fe, la compagnie de gaz Mega pour 715 millions de dollars et elle possède trois raffineries de pétrole. Entre 2004 et 2007, Petrobras investira 1,5 milliard de dollars en Argentine, dans la prospection et la production de gaz et de pétrole, et ses investissements annuels ne sont dépassés que par Repsol et Pan American Energy [22]. Comme Perez Companc opérait aussi au Venezuela, en Bolivie, au Pérou et en Equateur, l’achat de cette entreprise - en plus de la placer au second rang des producteurs de pétrole en Argentine- l’a amenée par conséquent à augmenter ses affaires sur tout le continent.

En Uruguay, elle a acquis en 2004 51% des actions de Gaseba (Gaz de France) et domine 22% du marché des combustibles, après avoir acheté les 89 stations service de Shell, en décembre dernier. Elle a également reçu de cette dernière 134 stations service au Paraguay et 39 en Colombie. Elle s’associera prochainement avec l’entreprise pétrolière nationale uruguayenne Ancap. Le retrait des capitaux européens et la crise économique de 2002 en Argentine ont été des éléments clés pour comprendre le déploiement de Petrobrás sur le continent.

Les investissements de Petrobrás en Equateur sont plus problématiques. L’entreprise opère sur un bloc pétrolier de 200 000 hectares dans le Parc national Yasuni, un territoire indigène huaronai, ce qui a provoqué des affrontements entre le gouvernement et les populations indigènes. Petrobrás projette d’installer deux plateformes de 12 puits chacune, un oléoduc, une station de traitement et une route et de réaliser d’autres travaux d’infrastructure. Les indigènes exigent le départ de Petrobrás du Parc national, déclaré réserve mondiale de la biosphère par l’Unesco. Le gouvernement équatorien a paralysé ses activités en 2005.

En 2006, Petrobras augmentera de 50% ses investissements en Amérique du Sud. Jusqu’en 2010 l’entreprise investira 56,4 milliards de dollars, 85% au Brésil et le reste, 8,46 milliards, dans son « expansion internationale », surtout sur le sous-continent [23]. Cependant, le quotidien O Globo a estimé que durant cette période les investissements seraient très supérieurs, de l’ordre de 15 milliards de dollars pour les quatre prochaines années [24].

L’expansion des entreprises

Le cas de la Banque nationale de développement économique et social (BNDES), une institution publique, mérite un chapitre à part, vu qu’elle a été créée pour soutenir l’expansion des grandes entreprises brésiliennes. « Le gouvernement brésilien a trouvé dans la BNDES l’instrument pour construire l’intégration physique » qui sera la base de la Communauté sud-américaine des nations [25]. En effet, la banque est « supercapitalisée » et dispose d’un budget de 30 milliards de dollars, « 10 % de plus que le budget de la Banque mondiale » [26]. La BNDES est en état d’apporter les principaux capitaux des méga projets de l’Initiative pour l’intégration de l’infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA) [27] qui implique la construction de 300 routes, ponts, centrales hydroélectriques, gazoducs et autres travaux pour un coût de 50 milliards de dollars sur une décennie [28].

L’IIRSA, qui d’une certaine manière est la matérialisation de la Communauté sud-américaine des nations [29] (qui est elle-même une proposition stratégique du Brésil), construira la plate-forme physique et de circulation de capitaux et de marchandises pour renforcer le libre-échange. Et la BNDES est, comme l’indique un chercheur brésilien, l’ « épée bolivarienne de Lula ». Elle a déjà fait des prêts pour une valeur de 5 milliards de dollars à presque tous les pays de la région : l’Argentine et le Venezuela, un milliard chacun ; le Paraguay et l’Equateur, 300 millions ; le Chili et la Colombie, 250 millions ; l’Uruguay, 228 millions et le Pérou, 20 millions de dollars, toujours pour des travaux d’infrastructure [30]. Les pays qui bénéficient de ces prêts « ne pourront pas employer leurs propres entreprises de construction pour ces travaux financés par la BNDES. Ils seront obligés d’engager des constructeurs brésiliens », parmi lesquels se distinguent Odebrecht, Andrade Gutierrez, Camargo Correa, Queiroz galvao, OAS, Carioca et EIT. De plus, « la BNDES exige que tout le matériel pour les travaux soit importé du marché brésilien » [31].

Le constructeur Odebrecht, le principal exportateur brésilien de services, est en pleine expansion à travers le continent. Fin 2004, il avait 14 885 employés au Brésil et sept mille dans d’autres pays, la plupart en Amérique du Sud. Actuellement, ses contrats à l’extérieur dépassent en volume ceux qu’il réalise au Brésil, et l’Amérique du Sud est son principal « associé » externe, représentant 12% de ses recettes [32]. En Equateur, Oderbrecht se prépare à construire le polémique aéroport de Tena, considéré comme étant une partie substantielle de l’axe multimodal Manta-Manaos qui reliera le Brésil au Pacifique, entre autres grands travaux d’infrastructure.

Intégration ou fragmentation

« L’Amérique du Sud est en train de se désintégrer à pas de géant », soutient l’analyste argentin Juan Gabriel Tokatlian [33]. Selon lui, le monde andin est un tourbillon hautement polarisé. Mais « l’Amérique du Sud du Pacifique a opté stratégiquement pour les Etats-Unis », comme le montrent les accords de libre-échange (TLC, sigles en espagnol) signés par le Chili et le Pérou, que pourraient rejoindre la Colombie [34] et l’Equateur. De l’autre côté, l’Amérique du Sud de l’Atlantique est en train de faire d’autres choix diplomatiques. En parallèle, on assiste à un échec fracassant de l’intégration régionale, avec un Mercosur en panne voire en recul. Face à ce qu’il appelle une « dispersion » ou « désintégration », seul le Brésil a une option stratégique, une alternative qui est la Communauté sud-américaine des nations (CSN).

C’est de façon certaine une option à la tête de laquelle se trouve le Brésil, pays qui représente la moitié de la population et la moitié du PIB de l’Amérique du Sud. Parallèlement à cela, la CSN est liée à l’IIRSA. Ce projet est le plus vaste projet d’intégration né dans le sud du continent, mais avec un regard tourné vers le Nord, puisqu’il s’inspire du libre-échange. En effet, l’IIRSA est né à l’initiative du président du Brésil Fernando Henrique Cardoso [35], lors du sommet des présidents d’Amérique du Sud qui s’est tenu à Brasilia le 30 août 2000. Son objectif est de développer des couloirs qui sont « des zones multinationales concentrant les flux commerciaux actuels et potentiels », définis comme des « axes d’intégration et de développement » [36].

Presque tous ces couloirs relient l’Atlantique au Pacifique, parce que, comme l’indique Andres Barreda, actuellement le centre de l’économie mondiale s’est déplacé de l’Atlantique vers le Pacifique [37]. L’IIRSA est là pour ça, pour « vaincre les barrières physiques, normatives et sociales » qui rendent difficiles la circulation rapide des marchandises. Il est évident que ce projet intéresse surtout le Brésil. Selon le Fobomade (Forum bolivien sur l’environnement et le développement), atteindre les ports du Pacifique « lui permettrait d’avancer dans son désir de parvenir à une position dominante en Amérique latine, résultat de la stratégie brésilienne, développée depuis les années 80, d’atteindre le leadership régional à travers l’incorporation à sa zone d’influence des pays géographiquement les plus proches, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay, puis la Bolivie et le Chili, plus tard les autres pays de la Communauté andine et ensuite toute l’Amérique du Sud, dans le but de renforcer son économie face à la Zone de libre-échange des Amériques (ALCA, sigles en espagnol) » [38].

Deuxièmement, Barreda souligne que cinq des douze couloirs qui relient l’Atlantique et le Pacifique passent « par le goulot stratégique qu’est la Bolivie ». Dans cette région « la traversée des Andes présente moins de difficultés », ce qui amène « à consolider en Bolivie l’Axe inter-océanique comme route principale pour le transport de marchandises vers le Pacifique sud », selon le Fobomade. Rappelons que les stratèges brésiliens considéraient que la clé du contrôle du continent est en Bolivie, et que le Brésil contrôle déjà 20% de son PIB. Ces entreprises ne bénéficient pas à tous de la même manière, mais selon une échelle du plus grand au plus petit sur laquelle se place en premier lieu le grand « automate global », les grandes entreprises transnationales, que mentionne Barreda, à qui le réseau de routes et de travaux « permettra un accès facile des intérêts du marché au moyen de grandes entreprises pour s’approprier et commercialiser des savoirs, de la culture et même la vie » [39]. Deuxièmement, le patronat paulista [de São Paulo] sera le grand bénéficiaire du poids que le Brésil acquérra dans la région, et de l’ouverture du commerce vers l’Asie.

Impérialisme brésilien ?

Devant l’ensemble des changements qui se produisent dans la région, peut-on dire qu’est en train de naître un « impérialisme brésilien » ? Avant de répondre examinons quelques faits.

D’un côté, les objectifs et les ambitions d’une partie de la société brésilienne sont mis à nus, exprimés de façon moyennement claire par les militaires. Partant de l’héritage de Golbery do Couto e Silva, ils définissent le Brésil, de par sa taille, comme une « panrégion ». Avec la fin de la guerre froide et la mondialisation, Severino Bezerra Cabral, de l’Ecole supérieure de guerre, pense que « la nature de la panrégion se métamorphose en ce qui pourrait être défini comme la nécessaire apparition d’un méga-état » [40]. Il s’agit d’une vision du monde qui rejette avec véhémence l’unilatéralisme. Elle mise sur le fait que le développement du pays servira d’aimant pour que les économies voisines s’associent à la l’ascention du Brésil, étant donné qu’ « une fois réalisée l’unification du bassin amazonien et du bassin du Rio de la Plata, une fois instaurée la bi-océanité, le destin manifeste du Brésil sera défini : celui de s’élever face à l’ensemble de l’humanité ».

Face à cet objectif, l’incorporation de l’Amazonie « à la civilisation brésilienne constitue une grande manoeuvre géopolitique qui, si elle réussit, placera le pays dans la position de l’un des deux méga-Etats du XXIe siècle ». Mais il prévient qu’à la différence des Etats-Unis et de la Russie, « le Brésil ne devra pas agir comme “une puissance expansionniste“ », mais que l’ascension à la condition de « méga-Etat sud-américain sera basée sur une projection de pouvoir acceptée et même requise par les Etats voisins », dans ce qui serait une « géopolitique d’intégration et non de confrontation ». Il termine en assurant que l’insertion du Brésil dans un ordre multipolaire, toujours sous l’hégémonie des Etas-Unis, « ne se fera que si le pays émerge comme l’un des deux méga-Etats du XXIe siècle » [41].

Il s’agit là, sans aucun doute, de l’actualisation de l’objectif de « Brésil puissance », mais sur une base réelle : le Brésil est déjà la dixième puissance industrielle du monde et a d’énormes possibilités de continuer à grandir, s’il continue à exploiter intensivement l’Amazonie. Cependant, selon certains stratèges, ces objectifs se heurtent à des difficultés dans le pays même, étant donné qu’ « une bonne partie de notre élite politique, patronale et même intellectuelle va à contre-courant de la cause brésilienne, investissant dans la fin de l’Histoire et dans la pensée unique » [42].

Outre les militaires, les entreprises sont un second acteur, en particulier les entreprises publiques. « Petrobrás fait preuve en Bolivie d’un comportement semblable à celui de n’importe quelle transnationale pétrolière, notamment pour ce qui est de la responsabilité environnementale et sociale, de stratégies communes aux autres entreprises qui opèrent dans le pays, tant dans la minimisation de ses responsabilités face aux impacts générés, que dans les stratégies choisies pour surmonter des obstacles d’ordre social et de procédure », conclut une étude du Fobomade [43]. Une conclusion similaire peut être tirée d’autres entreprises qui agissent en dehors du Brésil. Leur logique est unique et consiste à maximiser les profits, non à renforcer un Etat national et encore moins, à renforcer le multilatéralisme.

Un troisième acteur-clé est le gouvernement brésilien lui-même. Chaque fois que surgit une crise politique dans des pays sensibles pour le Brésil, la diplomatie passe à l’action et le fait en faisant pression. L’un des cas les plus manifestes a été l’ingérence du président Luis Inacio Lula da Silva en Bolivie pour défendre les intérêts de Petrobrás, la veille du référendum sur les hydrocarbures en 2004 [44]. A cette occasion Lula signa avec le président Carlos Mesa - à neuf jours du référendum- une déclaration dans laquelle les deux mandataires espéraient que « les résultats du référendum permettent la continuité de la coopération bilatérale et le développement de nouveaux projets d’intérêt mutuel, dans une atmosphère de stabilité, de prévisibilité et de sécurité juridique [45] ». Ce fut un soutien sérieux pour Mesa et une douche froide pour le mouvement social, dont une partie appelait à boycotter le référendum.

Dans des situations de crises, la diplomatie brésilienne est intervenue en Bolivie par l’intermédiaire du conseiller international de Lula, Marco Aurelio Garcia, « pour évaluer la situation en dialogant avec plusieurs forces politiques » [46]. En Equateur il s’est passé une chose similaire. Le 7 juillet 2005 la ministre de l’Environnement d’Equateur paralysa les travaux de Petrobrás dans le Parc national Yasuni. Le 26 juillet Lula envoya une lettre au président de l’Equateur : « Je souhaite manifester à votre excellence mon inquiétude causée par la récente décision du gouvernement de suspendre les activités de Petrobrás dans le bloc 31, fait qui met en péril le futur même du projet » [47] . Deux semaines plus tard, le 16 août, le ministre des Affaires étrangères brésilien Celso Amorin partait à Quito pour « analyser des questions en lien avec l’intégration régionale et la présence de l’entreprise pétrolière Petrobrás en Amazonie équatorienne » [48].

Pendant la visite plusieurs projets ont avancé : financement de 190 millions de dollars par le Brésil pour que l’Equateur construise un projet hydroélectrique ; 70 millions de dollars pour la construction de l’aéroport à Tena ; des crédits pour construire l’autoroute Quito-Guayaquil ; la vente de trois avions de l’entreprise brésilienne Embraer à la TAME fut signée et l’achat par l’Equateur de médicaments génériques à bas prix au Brésil fut concrétisé. Sur Petrobrás, Amorin indiqua que pour son pays « il est intéressant qu’il y ait une solution positive ». [49]

Par ailleurs, l’Agence brésilienne de renseignement (ABIN) a ouvert en 2005 quatre sièges sud-américains (jusqu’à présent elle n’avait des bureaux qu’à Washington et à Buenos Aires) au Venezuela, en Colombie, au Paraguay et en Bolivie. Selon des analystes brésiliens « cette décision d’élargir le rayon d’action régional du renseignement brésilien est une sorte d’ ’imitation’ de la CIA ». [50]. Quand le directeur de l’ABIN, Mauro Marcelo de Lima e Silva, fut interpelé à l’Assemblée en mai 2005, le chroniqueur du quotidien Folha de São Paulo Janio de Freitas écrivit que la crise en Equateur avait été un bon exemple des dangers qui guettaient la diplomatie brésilienne. « Le Brésil s’est senti contrarié par la destitution de Lucio Gutierrez, qui montrait des sympathies particulières pour le gouvernement de Lula », et il affirma que le renseignement de son pays ne serait pas resté neutre. [51] Le directeur de l’agence reconnut que l’expansion du renseignement brésilien recherche « un échange d’informations sur le terrorisme, le trafic de drogues, la sécurité et aussi sur des thèmes économiques ».

Malgré cet ensemble de faits, il n’est pas simple d’affirmer que le Brésil mène une politique impérialiste, même si la recherche d’une hégémonie apparaît comme évidente. Le Brésil a en face de lui des puissances qui le limitent, notamment les Etats-Unis. Mais l’Argentine et le Venezuela aussi lui imposent des limites. Cependant, les principaux problèmes pour s’ériger en une puissance moyenne qui alimente le multilatéralisme viennent de ses fragilités internes. Petrobrás n’est plus une entreprise nationale ni même brésilienne. Sous le mandat de Fernando Henrique Cardoso, 49% des parts de l’entreprise furent vendus à des capitaux privés, surtout états-uniens. La BNDES, elle aussi, bien qu’elle gère des fonds publics, le fait dans une grande mesure pour financer les exportateurs d’automobiles, des entreprises multinationales du Nord.

Par ailleurs, le Brésil est le huitième pays dans le monde pour ce qui est des inégalités, dépassé en Amérique latine seulement par le Guatemala. Comme l’indique l’éditeur de Desemprego Zero (Zéro chômage), le marché n’a pas besoin de leaderships. Si le Brésil au lieu d’ « être un grand marché pour la concurrence de corporations transnationales (quelques unes locales) se décidait à être une nation qui cherche un destin digne pour ses citoyens, installés dans un Etat de bien-être social, il est problable que nous entraînerions derrière nous, volontairement, les autres nations sud-américaines" » Au contraire, dans le cadre du néolibéralisme il n’y a pas de place pour une réflexion stratégique parce que seules les forces du marché se fortifient. Selon lui, la seule issue - tant pour renforcer les états nationaux que le multilatéralisme - est un développement endogène fondé sur « une politique interne de bien-être social et de plein emploi, et une politique externe d’indépendance ». [52]

Ressources

— Banco Nacional de Desarrollo Económico y Social (BNDS) : www.bandes.gov.com
— Foro Boliviano sobre Medio Ambiente y Desarrollo (Fobomade) : www.fobomade.org.bo
— Iniciativa para la Integración de la Infraestructura de la Región Sudamericana (IIRSA) : www.iirsa.org
— Odebrecht : www.odebrecht.com.br
— Petrobras : www.petrobras.com.br
— Revista Escola Superior de Guerra, Rio de Janeiro, www.esg.br

— Alvaro de Sousa Pinehiro, “Guerrilha na Amazonia : uma experiencia no passado, no presente e no futuro”, Military Review, 1995, www.defesanet.com.br
— Carlos Tautz, “Imperialismo brasileiro”, 11 de agosto de 2005, en www.rbrasil.org
— Golbery do Couto e Silva, “Aspectos geopolíticos do Brasil”, Biblioteca do Exército, Rio de Janeiro, 1957. <
— Hernani Goulart Fortuna, “Amazonia : visao político-estratégica”, revista Escola Superior de Guerra No. 39, 2000.
— Jorge Calvario dos Santos, “Evoluçao do pensamento estratégico brasileiro”, revista Escola Superior de Guerra, No. 42, 2003.
— Juan Gabriel Tokatlián, “La integración regional y el papel del Mercosur”, Clarín, 12 de agosto de 2005, www.clarin.com.ar
— Laura Calderón y Hernán Scandizzo, “La gris estela de Petrobras en Argentina”, 26 de noviembre de 2005, http://argentina.indymedia.org
— Misión de Estabilización de las Naciones Unidas en Haití (Minsutah), www.un.org
— Patricia Villegas, “Bolivia-Brasil : relaciones energéticas, integración y medio ambiente”, en www.fobomade.org.bo
— Paulo Schilling y Luzia Rodriguez, “Além das fronteiras”, Teoría e Debate, abril-junio 1989, www.fpa.org.br
— Severino Bezerra Cabral Filho, “O mundo latino e a era do megaestado” revista Escola Superior de Guerra .
NOTES :

[1] Golbery do Couto e Silva, op. cit. p. 66.

[2] [NDLR] « L’expression « consensus de Washington » est dû à J. Williamson (1991). Ce dernier recense dix mesures, qui demeurent d’actualité, appliquées aux PED et constituant le paradigme à partir duquel les politiques de développement sont pensées depuis une vingtaine d’années.
1. la discipline budgétaire. Les déficits budgétaires engendrent inflation et fuite des capitaux ; 2. la réforme fiscale. Le système fiscal doit tendre à avoir l’assiette la plus large et des taux marginaux de prélèvement modérés ; 3. la politique monétaire doit conduire à des taux d’intérêt positifs et rémunérateurs en termes réels. Les taux doivent être réglementés pour décourager la fuite des capitaux et stimuler l’épargne ; 4. le taux de change doit être flexible, compétitif et favoriser l’accumulation d’excédents commerciaux ; 5. la politique commerciale. Ouverture et libéralisation des importations. Les restrictions quantitatives doivent être éliminées et les droits de douane modérés ; 6. l’investissement direct étranger ne doit subir aucune entrave à l’entrée (politique d’attractivité) ; 7. la privatisation ; 8. la dérégulation : levée des différentes réglementation sur l’investissement, les prix, le crédit... et suppression des rentes de situations ou institutionnelles ; 9. la suppression des subventions publiques aux activités productives au profit des seules activités sociales et éducatives ; 10. la promotion des droits de propriété. »
Extrait de Mehdi Abbas « La CNUCED XI : du consensus de Washington au consensus de Sao Paulo ? » (PDF), Chronique n°21, Observatoire des Amériques, juillet 2004.

[3] Idem, p. 40.

[4] Rolando Raborg, “Brasil : carretera interoceánica y ambición del Pacífico” sur www.ollantaprensa.tripod.com.pe.

[5] [NDLR] Traité qui fixa la frontière entre le Brésil et la Bolivie sur les rivières Beni et Mamoré.

[6] [NDLR] Collecteurs de latex des hévéas sylvestres

[7] Alvaro de Souza Pinheiro, op. cit.

[8] [NDLR] Le régime démocratique du président Joao Goulart a été renversé par les militaires en avril 1964. Goulart avait annoncé qu’il allait mettre en pratique une réforme agraire radicale et qu’il allait procéder à la nationalisation des raffineries de pétrole. Il fut renversé par les militaires. Le lendemain du coup, les Etats-Unis reconnaissaient le nouveau régime militaire. La dictature prendra fin en 1985.

[9] [NDLR] Président du Brésil de 1930 à 1945, puis du 1951 jusqu’à son suicide en août 1954.
Père de l’Estado novo (le Nouvel Etat), celui-ci gouverna de manière autoritaire en s’appuyant sur la classe ouvrière et promulgua une importante législation sociale. Sa "révolution politique" mit fin à l’hégémonie des secteurs exportateurs de matières premières et entama l’industrialisation.

[10] Paulo Schilling et Luzia Rodríguez, “Alem das fronteiras”, op. cit. p. 3

[11] Idem, p. 4.

[12] Hernani Goulart Fortuna, “Amazonia : visao político-estratégica”, op. cit.

[13] Idem.

[14] Selon Paulo Schilling, la géopolitique n’est pas une science mais la « théorie officielle de l’impérialisme ».

[15] Idem, p. 6.

[16] Idem.

[17] Folha de Sao Paulo, “Imperio Brasileiro emerge na Bolivia”, 22 mai 2005.

[18] [NDLR] Hugo Banzer a pris le pouvoir en 1971 par un coup d’Etat et y est resté jusqu’en 1978, instaurant un régime dictatorial et répressif. Il reprendra démocratiquement, après un scrutin électoral, la tête de l’Etat bolivien en 1997. Sa santé l’obligera à écourter son mandat en 2001. Il décèdera en mai 2002.

[19] Red Oilwatch, juin 2004.

[20] Voir www.petrobras.com.br.

[21] Folha de Sao Paulo, 22 mai 2005.

[22] Laura Calderón et Hernán Scandizzo sur http://argentina.indymedia.org.

[23] Prensa Latina, 5 décembre 2005 et El Observador (Uruguay), 3 octobre 2005.

[24] Prensa Latina, 23 mai 2005.

[25] Carlos Tautz, ob. cit.

[26] Idem.

[27] [NDLR] L’IIRSA est un vaste programme de construction de nouvelles routes, de ponts, de voies fluviales et de liaisons énergétiques et de communication spécialement dans les zones tropicales et andines. C’est un des résultats du premier sommet sud-américain des présidents (2000). Elle peut compter sur le financement de la Banque interaméricaine de développement (BID), de la Corporation andine de financement (CAF), du Fonds financier du bassin de la Plata (FONPLATA) et d’agences gouvernementales brésiliennes.
Consultez le dossier « Initiative d’intégration de l’infrastructure régionale d’Amérique du sud (IIRSA) » sur RISAL.

[28] www.iirsa.org.

[29] [NDLR] Sorte de fusion élargie du Mercosur et du pacte andin, la CSN, lancée à Cuzco en décembre 2004, comprend l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Venezuela, la Colombie, le Pérou, l’Equateur, le Surinam, l’Uruguay, la Guyana, le Chili et le Paraguay.
Lire Eduardo Gudynas, Les difficiles chemins de la « Communauté sud-américaine des nations », RISAL, 10 avril 2005 ; Raúl Zibechi, Amérique du Sud : l’intégration régionale à la croisée des chemins, RISAL, 19 octobre 2005.

[30] Istoé Dinheiro , juin 2004, cité par Carlos Tautz.

[31] Idem.

[32] www.odebrecht.com.br.

[33] www.clarin.com.ar.

[34] [NDLR] Le 27 février 2006, les gouvernements colombiens et états-uniens sont finalement arrives à un accord dans les négociations pour la signature du traité de libre-échange.

[35] [NDLR] Fernando Henrique Cardoso, président du Brésil de 1995 à 2003.
Lire Emir Sader, Huit années qui ont laminé le Brésil, RISAL, octobre 2002 ; Gilberto Ferreira da Costa, François Polet, Bilan de Cardoso et défis de Lula, RISAL, 29 octobre 2002.

[36] www.iirsa.org.

[37] Andrés Barreda, “Geopolítica, recursos estratégicos y multinacionales”, in Boletín OMAL (Observatoire des multinationales d’Amérique latine), n°10, www.alainet.org.

[38] “El rol de Bolivia en la integración sudamericana”, sur www.fobomade.org.bo.

[39] Idem.

[40] “O mundo latino e a era de megaestado”, Severino Bezerra Cabral Filho, Escuela Superior de Guerra, www.esg.br.

[41] Idem, pp. 79-81.

[42] “Evoluçao do pensamiento estratégico brasileiro”, Jorge Calvario dos Santos (Jefe de Asuntos Internacionales de la Escuela Superior de Guerra)(Chef des affaires internationales de l’Ecole supérieure de Guerre), dans la revue Escuela Superior de Guerra, No. 42, 2003, p. 60, sur www.esg.br.

[43] Fobomade, ob. cit.

[44] [NDLR] Sur le référendum et ses résultats, lire Louis-F. Gaudet, La Bolivie de l’après référendum : Vers un nouveau cycle de contestations ?, RISAL, 10 septembre 2004.

[45] Econoticias Bolivia, 9 juillet 2004.

[46] Mario Osava, “Dilema del gas y de la integración”, IPS, 27 mai 2004.

[47] Kintto Lucas, “Disputa geopolítica Brasil-Estados Unidos”, Brecha, 19 août 2005.

[48] Prensa Latina Quito, 16 août 2005.

[49] Prensa Latina Quito, 17 août 2005.

[50] Clarín, 7 août 2005.

[51] Idem.

[52] “O Brasil mercado não é capaz de liderar nada no cone Sul”, sur www.desempregozero.org.br.

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